Uccelli d'Italia
Autres titres:
Real: Ciro Ippolito
Année: 1984
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 75mn
Acteurs: Daniele Pace, Giancarlo Bigazzi, Alfredo Cerruti, Totò Savio, Oscar Avogadro, Marisa Laurito, Annie Belle, Anny Papa, Giancarlo Magalli, Jacqueline Schweitzer, Cinzia de Ponti, Sabrina Siani, Jolanta Cyganek, Tiziana Foschi, Nuccia Fumo, Sabrina Salerno...
Résumé: Inspiré des chansons du groupe Gli Squallor le réalisateur met en scène une série de sketches délirants qui tournent pour la plupart autour du sexe. Se croisent notamment un chirurgien fou de samba devant opérer un pénis, un extraterrestre phallique, un pape preneur d'otages, Jésus et Judas en pleine transaction avec des vendeurs de poissons, une riche strip-teaseuse s'effeuillant pour gagner un énorme saucisson, un esclave noir en cavale, un écrivain au bout du rouleau se suicidant de manière anale, un couple gay en pleine séparation suite à la rencontre d'un homme hyper membré...
Avant tout producteur Ciro Ippolito, l'ex-compagnon de Annie Belle, est également apparu tant devant que derrière la caméra le temps de quelques films tous plus oubliables les uns que les autres, du moins bien peu auront marqué l'histoire du cinéma transalpin. Uccelli d'Italia ne fait pas exception à la règle. Réalisée en 1984 cette inénarrable pellicule fait plus ou moins suite au film précédent de Ippolito, Arrapaho, une comédie inspirée de l'album éponyme du groupe rock Gli Squallor avec lequel collabora deux fois de suite le cinéaste, Uccelli d'Italia étant fois encore inspiré des chansons du groupe même si cette fois elles ne
font partie de la bande originale. Le résultat est une suite de sketches plus ou moins longs totalement déjantés qui parodient à leurs manière bon nombre d'émissions télévisées italiennes en multipliant clins d'oeil et références de toutes sortes. Il faut donc au départ posséder une certaine culture télévisuelle pour aborder cette comédie loufoque difficilement racontable. Il n'y a en effet aucune véritable trame narrative juste une suite de segments sans queue ni tête plus ou moins longs, plus exactement quatre petites histoires entrecoupées de spots et de sketches, qui s'enchainent durant près de 90 minutes. Ils ont cependant un point commun, le sexe, donnant ainsi au titre sa signification puisque Uccelli
en italien ne signifie pas seulement oiseaux mais caractérise également le sexe masculin, ce fameux petit oiseau objet de tant de convoitises comme le laisse deviner le carton du générique.
Très inégal Uccelli d'Italia aura bien du mal a trouver son public si ce ne sont peut être les fans assidus et surtout très connaisseurs de Squallor et encore. En ce milieu de décennie la comédie à l'italienne comme le cinéma de genre tout populaire soit il est à l'agonie déjà depuis bien longtemps et ne semble plus guère avoir de choses à dire et montrer pour distraire et faire rire son public. Uccelli d'Italia se présente comme un mélange parodique de n'importe quoi plus ennuyant que divertissant, un salmigondis farfelu qui se veut
surréaliste, dément, une sorte de réplique transalpine des Monthy Python et du Sens de la vie composée d'éléments pris ça et là dans la culture télévisuelle italienne mais en version phallique bien entendu. Plus qu'une version italienne très sexuelle de la célèbre troupe d'humoristes britanniques certains n'y verront qu'une petite bande nullissime à la Ed Wood dont le film de Ippolito fut souvent comparé. Mais ne sont pas les Monthy Pyhton qui veut, surtout pas Ippolito. Quant à Ed Wood c'était là encore un style défini, du bricolage plus qu'artisanal mais qui au final avait un certain charme. Bien difficile d'en trouver dans ces Oiseaux d'Italie qui risque plus de faire bailler son spectateur jusqu'à lui faire décrocher la
mâchoire que de le faire rire voire sourire. Surnagent disséminés ça et là au long du métrage quelques idées, quelques sketches. Chacun y prendra ce qu'il veut pour trouver une raison de visionner ce film. On pourra par exemple retenir le segment du Visiteur lorsque de la joue de celui ci, arrachée à pleines mains par Oscar Avoogrado, sort un phallus aux couleurs de l'Italie qui s'empresse de s'envoler pour mieux s'introduire dans l'intimité de Jolanta Cyganek transformée pour l'occasion en Marylin Monroe sur sa bouche d'égout. Amusante aussi est la parodie de soap qu'est Anche i ricchioni piangiono durant laquelle un couple de gay version Cage aux folles en pleine rupture se met à pleurer à
chaudes larmes autour de leur déjeuner. Plutôt originale est l'histoire de Jésus, Judas et des vendeurs de poissons tandis que le sketch du chirurgien qui, entouré de danseuses de samba, opère son patient du pénis est d'une absurdité phénoménale à l'image du résultat final. En effet le sexe désormais greffé dans sa poitrine aboie! Impossible de ne pas citer l'histoire, au demeurant interminable, du défunt qui allongé sur son lit se met au bout d'un moment à rire en écoutant les jérémiades du travesti qui le veille. Ou comment le film devient soudainement un bêtisier. L'ultime scène résume à elle seule l'imbécilité de la chose. L'écrivain, désespéré au lieu de se tirer une balle dans la tête baisse son pantalon et
se tire une balle dans l'anus! Quand on pète un plomb on se pète le cul.
D'autres n'attendront que deux choses: l'arrivée à l'écran d'une part de Annie Belle, dissimulée sous une perruque de marquise, le temps d'une brève apparition dans la scène des claques, d'autre part celle de Sabrina Siani de plus en plus maigre, pour la longue séquence du strip-tease, cinq bonne minutes qu'on aurait cependant voulu plus sexy.
Uccelli d'Italia est une fantaisie mais une fantaisie sans fantaisie souvent ridicule. Donner dans le non sens n'est pas à portée de tous, le risque est d'ennuyer et même le non sens doit avoir un certain sens au risque de voir l'édifice s'effondrer après l'avoir transformé en
monument d'ânerie. Si Arrapaho parvenait à faire de temps à autre rire, si on y trouvait une certaine morale, cette seconde collaboration avec Squallor tourne malheureusement à vide et n'a de trash que l'apparence. Le rire comme l'humour étant quelque chose de très personnel, Uccelli d'Italia devrait certes trouver grâce aux yeux de certains mais en règle générale cette satire qui tire vers le versant de la vulgarité est plus soporifique que divertissante mais elle reste néanmoins une curiosité de fin de parcours d'un genre agonisant rythmé d'un bout à l'autre par l'entrainant "Sex over the phone" de Village people. Un bonheur auditif pour les fans du célèbre groupe disco.