Milano violenta
Autres titres: Terror commando
Real: Mario Caiano
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco / Noir
Durée: 92mn
Acteurs: Claudio Cassinelli, John Steiner, Vittorio Mezzogiorno, Silvia Dionisio, Elio Zamuto, Biagio Pelligra, Salvatore Puntillo, Luciana Scalise, Margherita Horowitz, Luigi Casellato, Francesco D'Adda, Paolo Montesi, Massimo Mirani, Bruna Righetti, Francesco Motolese, Luigi Marturano, Dada Gallotti, Carlo Dori, Nando Sarlo, Oscar Sciamanna, Sergio Testori...
Résumé: Raul Montalbani dit le Chat et trois acolytes organisent un hold-up. Ils prennent en otages les employés d'une banque et exigent du commissaire Foschi qu'il leur laisse une voiture. Deux des voyous parviennent à s'enfuir de la banque et se cachent avec le butin tandis que le Chat échappe à la police. Montalbani est fermement décidé à retrouver ses complices et récupérer l'argent mais ces derniers envisagent de le doubler. Au final qui doublera qui et qui réussira à garder le butin pour lui...
Besogneux artisan du cinéma de genre Mario Caiano après s'être adonné au giallo avec un très bon L'oeil dans le labyrinthe et un intéressant mais un peu trop convenu A tutte le auto della polizia se lance en 1976 dans le polizesco en signant Milano violenta, un polar fortement teinté de film noir qui une fois de plus nous plonge dans une Milan décadente plongée dans la terreur, gangrenée par la violence.
L'histoire est simple. Avec l'aide de trois complices, un dangereux criminel surnommé le
Chat commet un hold-up à la ASPEX. L'arrivée de la police compromet leur plan. Ils prennent alors les employés en otages et exigent une voiture afin de pouvoir fuir. Face à leur menace de tuer un otage par heure si leur requête était refusée, le commissaire Foschi accepte leurs conditions. Deux des bandits parviennent à s'enfuir et se réfugient dans un abattoir avec le butin. Le chat quant à lui échappe à la police après une folle course-poursuite à travers la ville. Bien décidé à retrouver ses complices et récupérer l'argent, il s'offre les services d'une putain qui le met sur leurs traces. Commence alors entre eux une sorte de jeu du chat et de
la souris quant à savoir qui doublera qui et qui gardera l'argent. Alors que Foschi tente de mettre la main sur les bandits, ces derniers n'ont de cesse de s'entretuer. Mais qui peut se sortir vivant d'un tel jeu?
On ne pouvait en effet guère faire plus basique. Toute l'intrigue tourne autour du jeu auquel se livrent les voyous entre eux quant à savoir qui sera le plus rusé pour garder le butin pour lui seul. Mais plus qu'au coté psychologique et social c'est à l'action que Caiano s'est avant tout intéressé ici. S'il tente à sa manière de dénoncer la délinquance juvénile milanaise en
optant pour un ton définitivement noir, c'est surtout un film d'action pure qu'il signe en enchainant de façon frénétique poursuites en voiture, règlements de compte, prises d'otages, affrontements, meurtres... filmés dans les décors tristes et hivernaux d'une supposée Milan aussi grise que le ciel. Supposée car très peu de scènes de Milano violenta furent tournées à Milan, Caiano ayant posé la plupart du temps sa caméra à Rome et ses alentours. C'est la raison pour laquelle on aime dire en Italie que Milano violenta est le plus romain des films milanais. Hormis ces délocalisations géographiques, Milano violenta
horriblement rebaptisé en France pour son édition vidéo Terror commando est un polar à l'italienne tout à fait digne, particulièrement musclé, sans aucun temps mort, beaucoup moins réactionnaire que la plupart des oeuvres de ce style qui entamaient alors lentement leur déclin. Caiano utilise tous les codes habituels du polizesco avec le talent qu'on lui connait tout en jouant la carte de la sécurité en évitant toute moralité et autre analyse sociale pour se concentrer uniquement sur le spectaculaire. Il offre ainsi au spectateur un film certes sans surprise, plutôt convenu et un brin stéréotypé mais tout à fait divertissant à la fois
ludique et brutal truffé d'excellents moments (la prise d'otages qui ouvre le film, la course-poursuite, la mort de Gavino, les scènes finales...) et interprété avec conviction par une très jolie brochette d'acteurs.
En tête de distribution on retrouve Claudio Cassinelli qui n'a jamais autant ressemblé à Franco Nero dans le rôle du Chat, un homme dénué de sentiments qui n'attend rien de la vie et ne désire qu'une seule et unique chose, son argent. A ses cotés on retrouve avec plaisir quelques "gueules" du cinéma de genre dont John Steiner, voyou cocaïné et survolté dont la
mort explosive est un des très grands moments du film, le regard perçant de l'excellent Vittorio Mezzogiorno, Biagio Pelligra, l'humour de Salvatore Puntillo, l'adjoint du commissaire et Elio Zamito dans la peau de ce même commissaire. La gente féminine, ici secondaire, est représentée par Silvia Dioniso, putain qui comme d'accoutumée nous offre quelques scènes de nu et remplit ainsi sa mission, offrir au public un brin d'érotisme gratuit et le minimum de psychologie requis de par sa relation avec le Chat, Dada Gallotti trop vite
assassinée et Luciana Scalise, la malheureuse otage, la plupart servant surtout et avant tout de punching-ball aux bandits.
Ecrit et dirigé avec une énergie indubitable par un Caiano visiblement très en forme, Milano violenta que certains rapprochèrent autrefois des oeuvres de Melville fait sans aucun doute partie des meilleurs films du cinéaste. Voilà un polar noir plus qu'honnête qui mérite amplement d'être (re)découvert et devrait amplement satisfaire les amateurs du genre. Seul petit bémol à ce petit bonheur celluloïd sa bande originale "à l'américaine" signée par le groupe Pulsar, beaucoup trop envahissante et répétitive, et bien peu mélodieuse.