La puritana
Autres titres: La maison des fantasmes
Real: Nini Grassia
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Drame érotique
Durée: 91mn
Acteurs: Margie Evelyn Newton, Dario Casalini, Gabriele Tinti, Carlo Mucari, Annamaria Clementi, Roberto Ceccacci, Cinzia Scalzi, Francesca Guidato, Mattia Sbragia, Helmut Berger...
Résumé: Avant de mourir, un jeune toxicomane, Gabriele, remet à son avocate, la belle Annabella, une cassette où il dévoile que de hauts notables sont responsables de sa mort et celle de sa mère à qui ils faisaient régulièrement subir les derniers outrages. Parmi ces notables le maire qu'un corbeau fait chanter. Il est assassiné après qu'il ait demandé l'aide d'Annabella. Etrangement d'autres notables dénoncés par Gabriele trouvent la mort. L'assassin n'est autre que l'avocate qui est en fait la soeur de Gabriele venue venger la mort de sa mère et de son frère...
De Nini Grassia, spécialiste du drame érotique, il ne faut pas s'attendre à de majestueux chefs d'oeuvres. Du cinéma érotique italien des années 90 il ne faut pas non plus espérer de miracles. Cela pour dire qu'un film érotique tourné en 1989 de surcroit par Nini Grassia ne risque guère de transcender le spectateur en quête de quelques coquines sensations. Cette puritaine qui n'a de puritaine que le titre en est une preuve.
Connu en France sous le titre La maison des fantasmes La puritana suit les investigations d'une belle et peu farouche avocate romaine, Annabella Allori, venue au chevet d'un jeune
toxicomane, Gabriele, dont elle s'occupait du dossier. Juste avant de mourir d'une overdose sur son lit d'hôpital, Gabriele lui a indiqué l'endroit où il a caché une cassette audio sur laquelle il dévoile les pressions et les humiliations que des hauts notables lui auraient fait subir à lui et à sa mère et les accuse de les avoir tué. Annabella s'installe dans la maison où la cassette est dissimulée et commence son enquête. Elle se rapproche du maire qu'un corbeau fait chanter puis du pharmacien, du comte Leonardi, du médecin qui s'occupait de Gabriele ainsi que du commissaire de police ce qui ne l'empêche pas d'entretenir une relation lesbienne intéressée avec la fille du comte, Arielle. Après qu'elle ait découvert que la
femme du maire entretenait une relation coupable avec un député, l'homme est mystérieusement tué puis c'est au tour du pharmacien et du comte. Tous s'amusaient régulièrement à faire subir à la pauvre mère de Gabriele, une alcoolique, les pires humiliations sexuelles le plus souvent sous les yeux de son fils. Une nuit, elle décède sous les coups du docteur qui la violait, encouragés par ses complices. Témoin du meurtre, ils ont alors poussé Gabriele à se droguer jusqu'à ce qu'il fasse une overdose. Ainsi débarrassés de la seule personne qui pouvait les dénoncer, ils pensaient être en sécurité. Annabella avoue alors au docteur, seul survivant des quatre violeurs, qu'elle est l'assassin. Elle n'est
autre que la soeur de Gabriele venue enquêter pour faire éclater la vérité et venger son frère et sa mère. Incapable de faire face, le docteur se suicide. Annabella a accompli sa vengeance.
Ainsi couché, le scénario peut sembler intéressant même s'il ne brille pas par son originalité mais une fois transposé à l'écran il faut bien se rendre à l'évidence, il n'en reste pratiquement rien. L'intrigue devient déconcertante tant il est facile de deviner dés les premières minutes les tenants et les aboutissants de cette histoire de vengeance dénuée de tout suspens dont le final, ridicule, fera sourire. Tourné comme un quelconque téléfilm auquel il ressemble
fortement et dont il multiplie toutes les stigmates, La puritana alterne longs passages à vide meublés de dialogues creux d'une totale absurdité et scènes érotiques salaces, seul véritable intérêt du film et principale préoccupation de Nini Grassia semble t-il, plus enclin à déshabiller son héroïne qu'à développer son intrigue qui ainsi passe au second plan. Et notre avocate ne perd en effet aucune occasion de se dévêtir et offrir son corps tant et si bien qu'on peut à juste titre se demander pourquoi avoir intitulé cette insipide bande érotique La puritana et non pas La putana!
En fait La puritana est avant tout une chance pour son actrice principale de pavaner en
lingerie et exhiber ses formes avantageuses devant la caméra, une aubaine pour Margit Evelyn Newton qui trouvait là le seul et unique vrai rôle de sa carrière. Rendue universellement célèbre par sa prestation dans Virus cannibale, abonnée aux personnages de troisième plan dans des séries Z de bien piètre qualité, Margie n'a jamais réellement pu percer. Grassia lui offrait une chance d'exister mais ce ne sont pas ses maigres talents d'actrice qu'on retiendra ici mais plutôt sa facilité à jouer nue. Plus de toute fraicheur mais encore très désirable, outrancièrement maquillée, guindée, Margit n'a rien d'une avocate mais tout d'une escort-girl. Jamais crédible, mauvaise comédienne, inexpressive, elle ne
semble connaitre que le langage du corps dans lequel elle excelle. Si certains pourront être étonnés de la voir aussi téméraire dans les scènes érotiques (elle nous offre entre autre une très impudique masturbation frontale face à Mattia Sbragini et une scène lesbienne plutôt tiède dans un malheureux sauna), rappelons que Margit, ex-playmate, appartint un temps à l'écurie de Riccardo Schicchi, grand gourou de la seconde ère de la pornographie italienne, celle de La Cicciolina et Moana Pozzi entre autres.
Ce ne sont pas ses partenaires qui relèveront le niveau du film, quelques noms jadis grandioses mais définitivement éteints ici, tous d'une fadeur extrême. Que penser d'un
pauvre Helmut Berger en fin de parcours, bouffi par l'alcool, presque absent, qui nous offre malgré tout une scène d'amour pataude avec Margit, une scène durant laquelle il aurait pu nous éviter la vision d'un horrible caleçon à rayures et d'une testicule compressée qui dépasse de l'entre jambe. Gabriele Tinti, deux ans sa mort, fait comme d'accoutumée ce qu'il peut pour donner un peu d'épaisseur à son personnage de pharmacien mais ses efforts restent vains et ne parviennent pas à rehausser un film désespérément bas qui sera son ultime apparition au grand écran. On retiendra cependant sa mort filmée de façon amusante à la manière d'un western. La malheureuse Annamaria Clementi n'a jamais été aussi mal
mise en valeur, la prestation du jeune Dario Casalini (Démons 2, La secte) est déconcertante de nullité (comment ne pas éclater de rire chaque fois qu'il se met à pleurer), comment ne pas pouffer lors de la mort du prêtre (coupable de relations homosexuelles avec le pauvre Gabriele), digne d'un véritable gag d'une quelconque caméra cachée, et celle du vieux Roberto Ceccacci, frappé d'une crise cardiaque surjouée alors que Annabella est entrain de le sucer. Seul Mattia Sbragini (l'ex- adolescent à dépuceler de Nipoti miei diletti et ex-fils de Ornella Muti dans Moeurs cachées de la bourgeoisie) qui a bien grandi et n'a d'yeux que pour l'avocate semble tirer son épingle du jeu.
Ce n'est plus un mystère, la bourgeoisie n'est que vice et perversion, La puritana avec cette histoire de sexe, drogue, moeurs dépravées et meurtres ne fait que jouer sur ce thème récurrent au cinéma italien mais à l'aube des années 90, ce même cinéma est depuis bien longtemps agonisant. Le film de Grassia n'en est qu'un énième et triste constat. Platement mis en scène, tourné au rabais, visuellement laid, interprété de façon anonyme, agrémenté en outre d'une bande originale décalée très bas de gamme aux tonalités parisiennes (!!) puisque jouée principalement à l'accordéon, le film ressemble à ces innombrables bandes érotiques souvent inoffensives et inodores qui firent les belles soirées des chaines de télévision. Le film se laisse certes regarder comme une curiosité pour collectionneurs aguerris ne serait-ce que pour la présence de Margit créditée ici sous le nom de Margie. Gageons qu'il existe quelque part sur Terre des inconditionnels de l'ex-modèle comédienne aux seins désormais refaits mais entre deux crises d'hilarité c'est l'ennui qui est tristement au rendez-vous sous ses portes-jarretelles.