Lo strano ricatto di una ragazza per bene
Autres titres: Blackmail
Real: Luigi Batzella
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 78mn
Acteurs: Brigitte Skay, Umberto Raho, Claudio Giorgi, Rosalba Neri, Benjamin Lev, Lorenzo Piani, Luana Brown, Darla Abrem, Nuccia Cardinali...
Résumé: Babel, la fille d'un riche industriel, est arrêtée lors d'une drug-party pour consommation de stupéfiants et exhibition. La nouvelle fait la une des journaux. Très en colère, son père pense avant tout à sa réputation. Babel afin de s'amuser imagine alors un plan machiavélique. Avec l'aide d'une bande de hippies, elle va faire croire à son enlèvement. Un de ses amis, Claudio, va malheureusement prendre cela au sérieux et tenter d'empocher la rançon demandée. Sa traitrise est découverte par Rick qui le tue malencontreusement dans le jardin d'un couple de bourgeois. Babel et ses amis, désemparés, les prennent en otages. Ils demandent à l'époux d'aller chercher la rançon que doit apporter Stella, la belle-mère de Babel. Stella les double pour garder l'argent. Elle se débarrasse ainsi d'une belle-fille qu'elle déteste et partagera les billets avec son bel amant...
Spécialiste du film bricolé et remonté dont Holocauste nazi, magnifique joyau délirant et hystérique du nazisploitation, reste un des plus bel exemple, le monteur scénariste metteur en scène Luigi Batzella ne brilla guère dans sa courte carrière de cinéaste par la grandeur de ses oeuvres exception faite des Vierges de la pleine lune, un des meilleurs film d'épouvante gothique à l'italienne jamais tourné au pays de Dante, et à un niveau moindre l'inégal Nuda per Satana. Lo strano ricatto di una signora per bene fait partie de ces petits films aujourd'hui quasiment perdus ou oubliés, ces micro séries délirantes qui font
désormais le bonheur des collectionneurs assidus aussi absurdes soient elles. Et Lo strano ricatto di una signora per bene atteint par instant des sommets de ridicule tant et si bien qu'il est parfois difficile de savoir si Batzella s'est pris au sérieux ou s'il a volontairement joué la carte de l'humour et du n'importe quoi. Dramatique, comédie dramatique, parodie, thriller, délire psychédélique, difficile de classer ce film qui mange un peu à tous les râteliers tout en restant une étrange pépite de pure exploitation.
Babel est la fille d'un riche industriel remarié à une très séduisante femme, Stella, qui déteste la jeune fille. Lors d'une drug-party Babel est arrêtée pour s'être exhibée à demi-nue
et avoir consommé de la marijuana. La nouvelle fait la une des journaux au grand dam de son père qui craint beaucoup plus pour sa réputation que pour les conséquences que cela pourrait avoir sur Babel. Furieuse de son désintérêt, elle imagine alors un plan pour se venger de ce père indigne. Avec une bande d'amis hippies, elle va faire croire à son kidnapping. La petite bande se cache dans la villa inoccupée de la soeur de Claudio, le petit ami de Babel, la farce peut alors commencer. Tout aurait pu très bien fonctionner si Claudio ne voyait pas là un bon moyen pour garder l'argent de la rançon pour lui. Ses manigances sont malheureusement pour lui découvertes par Rick qui lors d'un affrontement le tue
accidentellement dans le jardin de la villa. La soeur de Claudio et son fiancé, revenus entre temps, sont témoins du meurtre. Rick les prend en otages et exige alors du petit ami qu'il aille lui même chercher la rançon que lui remettra Stella. C'est sans compter la mesquinerie de la perfide belle-mère qui garde l'argent afin de se débarrasser de Babel et s'enfuir avec son jeune amant. Rick, furieux, veut absolument récupérer l'argent mais Stella a pensé à tout et préparé plusieurs valises identiques. Mis au courant du complot, le père de Babel va tout faire pour récupérer cette fameuse valise dont tout le monde souhaite s'emparer. Pensant être une fois de nouveau trahi, Rick devient fou et massacre ses amis, une tuerie bien inutile
puisque c'était bel et bien la bonne valise que le père de Babel venait lui emmener. C'est alors que dans un ultime sursaut...
Lo strano ricatto di una ragazza per bene pourrait être une énième illustration de cette jeunesse dorée, droguée, débauchée, en pleine révolte sociale sur fond de psychédélisme mais si l'histoire se tient la mise en scène de Batzella égratigne ce scénario qui finit par partir en vrille pour se terminer de façon délirante avant un ultime rebondissement certes inattendu mais franchement décevant car plus que risible. Souvent vu dans le cinéma Bis ce type de final n'a guère connu d'utilisation à bon escient, il ne fait pas exception ici même s'il
peut expliquer le n'importe quoi de l'intrigue.
Il faut reconnaitre que cette folie seventies vaut surtout pour certaines de ses séquences notamment la longue ouverture durant laquelle Batzella filme des jeunes entrain de danser dans un night club, s'attarde sur les postérieurs, glisse sous les mini jupes, fixe les entre-jambes déchainés sans pour autant quitter de son objectif la jeune Babel, en transe, à demi-nue, se trémoussant comme possédée par la musique mais surtout sous l'emprise de drogues. On aura ensuite droit à la version sablonneuse de cette séquence lorsque les amis de Babel se mettent à danser sur la plage sur un air psychédélique. Tout aussi gratuite et
complaisante elle est cette fois filmée de façon amateur dirait-on tant elle semble improvisée et surtout visuellement laide.
Deuxième atout du film ses costumes hippies et tout particulièrement celui de Babel qui passe la plupart du métrage les seins à l'air, le regard vague, un joint à la main, les cigarettes magiques tournant de façon étonnante durant la première partie du film. C'est peut être le troisième atout de Lo strano ricatto..., cette liberté d'expression et ce coté exploitatif armé qui aujourd'hui surprend et ravit toujours autant l'amateur qui sera également ravi par un érotisme purement gratuit. Hormis les incessants topless de Babel et quelques jolis
bikinis, Batzella nous offre de nombreuses visions d'entre-jambes écartés dévoilant à tout va les micro culottes des actrices, une longue scène de partouze sur la plage avec quelques très furtifs plans à la limite du hardcore et un homérique catfight entre Babel et une opulente femme de ménage noire qui rapidement se transforme en une incroyable et inespérée scène de lesbianisme particulièrement chaude, un des grands délires d'un film où les acteurs aussi intéressants soient ils ne semble pas vraiment croire à leur personnage ni se prendre au sérieux lorsqu'ils ne donnent pas l'impression de s'ennuyer ou d'être en totale roue libre.
L'helvète Brigitte Skay (Babel) n'a jamais été aussi insupportable et piètre actrice, se contentant d'être soit hystérique soit d'afficher la même moue du début à la fin du film, les seins à l'air. Quasi transparent, Benjamin Lev, séduisant en slip de bain rose, semble avoir perdu de son habituelle verve, Umberto Raho est au minimum salarial tout comme Rosalba Neri dans la peau de la belle-mère, un rôle de figuration dont on retiendra un hilarant jeu de jambes particulièrement bêta qui ridiculise la pauvre Rosalba que Batzella n'a pas même pris la peine de dévêtir une seule fois. On mentionnera la présence de l'acteur-metteur en scène Claudio Giorgi qui interprète avec une certaine rage Rick.
Délirante et psychédélique série B limite Z à laquelle il manque fort malheureusement toute la magie justement du psychédélisme, même la musique est ici hideuse (hormis la belle introduction et les vocalises d'une chanteuse noire non identifiée), Lo strano ricatto di una signora per bene est une jolie déception dont le grain de folie ne parvient pas vraiment à rehausser un niveau un peu trop bas tandis que la spirale onirique que tente Batzella échoue lamentablement faute d'investigation et de savoir-faire. Le film reste cependant une véritable curiosité pour inconditionnels d'exploitation aux yeux desquels il trouvera grâce de par sa gratuité, ses scènes de nudité et son coté complètement foldingue. C'est une belle et suffisante raison pour apprécier à sa juste valeur cette farce noire d'un autre temps.