Il plenilunio delle vergini
Autres titres: Vierges maudites de Dracula / Les vierges de la pleine lune / Pleine lune / The Devil's wedding night / Full moon of the virgins
Real: Luigi Batzella
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 80mn
Acteurs: Mark Damon, Sergio Pislar, Rosalba Neri, Esmeralda Barros, Enza Sbordone, Xiro Papas, Gengher Gatti, Giorgio Dolfin, Stefano Oppedisano, Giorgio Dolfin, Carlo Gentili..
Résumé: L'archéologue Karl Schiller a consacré sa vie à la recherche de l'anneau des Nibelungen, jadis possession du Comte Dracula. Il vient de le retrouver en Transylvanie. Le frère jumeau de Karl, Franz, afin de s'en approprier, le précède et part pour le château où l'anneau est caché. Franz a dérobé à son frère une amulette qui a le pouvoir d'annuler celui de l'anneau. Elle peut également le protéger contre les démons et autres vampires. Arrivé au château, Franz réussit à gagner la sympathie de la comtesse, gardienne des lieux. Elle le séduit et couche avec lui. Son amulette lui ayant été volé, il découvre trop tard que la comtesse est une vampire. Elle le mord. Le lendemain Karl arrive à son tour au château afin de retrouver son frère. Alors qu'il est sur le point de le délivrer de l'emprise de la comtesse, il est drogué. Frantz est devenu un vampire, il doit épouser la comtesse après le sacrifice rituel de jeunes vierges. Il ne reste à Karl que très peu de temps pour détruire la terrible prêtresse et lui reprendre son anneau maléfique...
Réalisateur d'une poignée de westerns spaghetti et de deux nazisploitations, l'inoubliable La bestia in calore et l'insipide Les tigres du désert , Luigi Batzella sous son habituel pseudonyme Paolo Solvay signe en 1973 ce qui peut être considéré comme son film le plus abouti, Il plenilunio delle vergini plus connu en France sous les titres Vierges maudites de Dracula et Les vierges de la pleine lune.
Tourné au désormais célèbre château de Bolsorano, Vierges maudites de Dracula renoue avec le cinéma gothique italien décadent en lui associant un certain esthétisme digne de la Hammer, une beauté visuelle due en majeure partie à la superbe photographie de Aristide Massasseci alias Joe D'Amato qui parvient à recréer tout un univers flamboyant, à la fois sinistre et obscur. C'est dans cette atmosphère angoissante que se déroule cette nouvelle histoire de vampires, l'aventure d'un jeune archéologue, Karl, en quête du mystérieux anneau des Niebelungen qui jadis aurait appartenu non seulement à Attila et César mais aussi au comte Dracula. C'est en Transylvanie que Karl a retrouvé sa trace mais il a le tort de faire part de sa découverte à son machiavélique frère jumeau, Frantz qui le devance. Il se rend au château où l'anneau magique serait caché, celui de la comtesse Dolingen de Vries qui l'aurait reçu en héritage de la propre main de Dracula, son défunt époux. La comtesse n'est autre qu'une redoutable vampire, une créature de la nuit qui va prendre possession de Karl juste avant que n'arrive Frantz qu'elle séduit également. Le malheureux archéologue va découvrir tout un monde occulte à la tête duquel se trouve la comtesse, démoniaque vampire qui les nuits de pleine lune attire de jeunes vierges afin de les sacrifier et prendre des bains de leur sang.
Vaguement inspiré de la légende de la comtesse Bathory, ces Vierges de la pleine lune, tout artisanal soit il et malgré un scénario improbable écrit par Massimo Pupillo à qui on doit l'hilarant Le bourreau écarlate, fait partie de ces petites séries franchement jubilatoires que l'amateur de films de vampires tendance lesbienne saura hautement apprécier. Peu sanglant, le film se rattrape sur un érotisme certes léger mais particulièrement morbide et surtout esthétisant. Hormis les quelques plans de nudité frontale, on retiendra essentiellement deux scènes, celle, superbe, fascinante, aux limites du surréalisme, où la comtesse, nue, se lève de son tombeau pendant que sa servante la recouvre de sang frais et celle, plus ou moins amputée selon les versions, où elle fait l'amour avec sa domestique, la froide mais d'apparence uniquement Lara, filmée comme un long cauchemar à la sensualité exacerbée. Le temps de ces deux séquences, on retrouve avec bonheur tout l'aspect onirico-démentiel de Nude per Satana, un des premiers films d'horreur de Batzella.
A cette atmosphère fortement saphique s'ajoutent tous les ingrédients du film d'horreur gothique traditionnel. Outre le décor, ce sinistre château perdu dans la forêt, on y retrouve toute une galerie de personnages inquiétants, les villageois terrifiés, les nuits d'orage violent où le vent se déchaine, les chauves souris qui à coups de gros plans sur leur museau traduisent les transformations de la comtesse sans oublier les rites sataniques qui rappellent d'une certaine manière les films de Polselli durant lesquels de jeunes vierges sont cruellement tuées en l'honneur de la comtesse tandis que les jumeaux Schiller, le bon Frantz et le sombre Karl, font quant à eux plus ou moins référence au Dr Jekyll et Mister Hyde.
Rythmé par une excellente partition musicale angoissante aux envolées souvent baroques signée Vasil Kojucharov, Les vierges de la pleine lune doit beaucoup également à sa brillante affiche. La plantureuse Rosalbi Neri, peu avare de ses charmes, incarne cette comtesse vampire avec élégance et sadisme entourée de quelques noms prodigieux du cinéma de genre d'alors que l'amateur aura plaisir à retrouver, entre autres la brésilienne Esmeralda Barros et Francesca Romana D'Avila plus connue pour ses décamérotiques sous son vrai nom Enza Sbordone. A leurs cotés quelques véritables gueules, celle de Xiro Pappas et Gengher Gatti tandis que le dandy américain Mark Damon se glisse dans la peau de Frantz le maléfique, reconnaissable à ses yeux noircis de khol et Karl le bon. On saluera la prestation de Damon dans ce double rôle, absolument parfait, jouant avec art sur les différentes facettes de ces jumeaux que tout oppose, superbement bien éclairé et photographié par D'Amato lors des scènes où ils sont ensemble de face. C'est Sergio Pislar qui lui sert de doublure notamment lors des plans où l'un des frères est de dos.
Spécialiste de l'euro-trash dont on retrouve ici quelques traces, Batzella signe un très intéressant petit film d'horreur gothique, jamais ennuyeux, esthétiquement superbe, un brin démentiel mais toujours ludique, un de ces petits fleurons de ce genre alors à l'agonie dont il représente un tardif mais fort réussi sursaut qui se conclura sur une fin ouverte peu optimiste.
On signalera toutefois au spectateur que la fin de la version vidéo italienne diffère de la fin qu'on connait en France. On la retrouve par contre sur la très belle édition DVD.