Nel buio del terrore
Autres titres: Diabolicamente sole con il delitto / Historia de una traicion
Real: José Antonio Nieves Conde
Année:1971
Origine: Espagne / Italie
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: Marisa Mell, Sylva Koscina, Stephen Boyd, Fernando Rey, Massimo Serato, Howard Ross, Simon Andreu...
Résumé: Carla envisage de se suicider en se jetant du haut d'une falaise. L'arrivée d'Alfred, un peintre séducteur, l'en empêche. Ils ne tardent pas à devenir amants mais Alfred ignore que Carla sort également avec un riche industriel, Luis, qui lui même sort avec la meilleure amie et ex-amante de la jeune femme, Lola. Si Lola aimerait tout avouer à son amie, Luis le lui défend. Carla le découvre comme elle découvre qu'Alfred ne l'a jamais aimé. Elle n'est qu'un nouveau trophée au tableau de chasse du play-boy. Lorsque Luis meurt dans un accident d'avion, Carla revient vers Alfred et lui propose alors un étrange marché. Il devra séduire Lola puis l'assassiner. Ainsi ils se partageront la fortune qui lui reviendra...
Du vétéran espagnol José Antonio Nieves Conde on connait surtout un petit thriller hitchcokien anodin aux teintes fantastiques qui par quelques aspects rappelait un certain cinéma d'épouvante gothique, Dopo di che uccide il maschio e lo divora, qu'il mit en scène la même année que Nel buio del terrore avec une fois de plus Marisa Mell dans un des principaux rôles. Si dans Dopo di che uccide il maschio... elle était une vengeresse venue chercher la vérité sur la mort de sa soeur, elle est ici une malheureuse victime qui par un coup du sort va se transformer en une implacable manipulatrice à l'origine d'un plan machiavélique.
Lasse de la vie, Carla, une splendide jeune femme, tente de se suicider en se jetant du haut d'une falaise. L'arrivée inopinée d'Alfred, un peintre séducteur solitaire, l'en empêche. Au départ froide, Carla se laisse cependant courtiser par Alfred et devient sa petite amie. L'homme ignore qu'elle sort également avec Luis, un riche industriel, très attiré par son argent. De son coté Carla est loin d'imaginer que sa meilleure amie et ex-amante, Lola, envisage de se marier avec lui. Si Lola désire tout avouer à son amie dont elle est toujours folle amoureuse, Luis l'en empêche mais Carla découvre la vérité. Furieuse, elle se réfugie dans les bras d'Alfred lorsqu'elle réalise qu'il ne l'a jamais aimé. Alfred n'est qu'un coureur
de jupons qui collectionne les aventures. C'est alors que Luis meurt dans un accident d'avion laissant derrière lui une énorme somme d'argent. Carla propose alors à Alfred un étrange marché. Il devra séduire Lola qu'aujourd'hui Carla déteste puis la demander en mariage pour mieux organiser sa mort et ainsi hériter de l'argent qu'il se partageront ensuite. Malheureusement pour l'intrigante, Alfred se méfie d'elle. Ses soupçons s'avèrent fondés puisqu'il découvre une nuit d'orage la preuve qu'elle a décidé de se débarrasser également de lui. L'arrivée impromptue de Lola va faire prendre aux choses une toute nouvelle tournure, à l'avantage des deux femmes. Malheureusement le sort brisera leur bonheur tout frais.
L'intrigue n'est pas très originale. Elle lorgne furieusement du coté des gialli à la Lenzi dont les principales composantes sont des complots machiavéliques manigancés par des êtres sans scrupules dont l'objectif principal est l'argent. Nel buio del terrore répond en tout point aux exigences du genre, son titre italien reflétant bien mal son contenu puisque il n'y a ici ni ténèbres encore moins de terreur. On lui préférera donc son titre espagnol, Historia de una traicon, bien plus représentatif de son contenu, l'intérêt premier étant de découvrir qui trahit qui.
Le problème est de pouvoir se laisser prendre au jeu, une mission qui risque d'être un peu difficile puisque Nel buio del terrore est un film d'atmosphère sans véritable atmosphère si
convenu que tout semble prévisible à l'avance malgré quelques rebondissements totalement invraisemblables. Il va sans dire que tout amateur de gialli aura tôt fait d'entrevoir les tenants et les aboutissants de cette machination diabolique tissée par une toute aussi diabolique Marisa Mell. Dénué de tout suspens, Nel buio del terrore égrène le temps de manière léthargique. Il faut en effet attendre la seconde moitié du film pour qu'enfin les rouages du complot se mettent en place après une première partie fade qui ne décolle jamais vraiment soit quelques 45 minutes de bavardages et de saynètes amoureuses sans réelle consistance. Il ne faut malheureusement guère compter sur la mise en scène peu
inspirée de Nieves Conde pour la rendre captivante, peu aidée par les incohérences d'un scénario aussi prévisible que l'arrivée du Père Noêl un soir de réveillon.
Si le final un brin cynique donne la part belle aux amours lesbiennes, l'argent on le sait fait vite oublier haine et jalousie, que penser de cet ultime coup du destin qui soudainement fait sombrer le film dans la plus totale absurdité, un ultime coup de théâtre si ridicule et inattendu qu'il semble avoir été rajouté à l'insu de tous, une sorte de greffon qui laissera bouche-bée et provoquera un immense éclat de rire... ne serait-ce que par l'air abasourdi des deux héroïnes qui peut être ne s'étaient pas préparées à une telle conclusion! Nel buio del terrore détient peut être le titre du final le plus idiot jamais imaginé dans l'univers du giallo.
Malgré ses défauts, ce petit thriller italo-ibérique insipide n'est cependant pas totalement inintéressant. S'il se laisse gentiment visionner c'est sans nul doute grâce à la présence d'une Marisa Mell, froide, féline, machiavélique, divinement belle, que tous ses admirateurs auront plaisir à retrouver. Alors au summum de sa beauté, plus ambigüe que jamais, toujours aussi professionnelle, elle illumine la pellicule face à une Silva Koscina, fragile, élégante, raffinée, parfaitement désinhibée mais désespérément amoureuse avec qui elle forme un duo clair-obscur, nerf de ce film qui une fois de plus met en avant les amours bisexuelles faites de haine, de jalousie et d'envie. Autour d'elles gravitent Howard Ross ridicule, Stephen Boyd qui n'a jamais autant ressemblé à Helmut Berger, Massimo Serato dispensable et Fernando Rey, peu concerné, qui semble être en vacances.
On appréciera beaucoup cet érotisme certes discret mais fort audacieux pour l'époque surtout si on le remet dans le contexte d'un régime franquiste intransigeant. On se délectera des plans de nu de Silva Koscina à qui revient les scènes les plus déshabillées et la séquence du bain avec Marisa. Mais on retiendra avant tout l'étonnante fête orgiaque donnée à la villa d'Hugo, véritable partouze arrosée au champagne dans les jardins de la luxueuse demeure qui se conclura par le strip-tease très chaud de Silva, ivre, vite rejointe par Marisa.
Enfin toujours au crédit du film ses splendides décors naturels, une partie fut tournée à Lisbonne (la tour de Belem), une somptueuse photographie et une partition musicale soignée signée Carlo Savina joliment agrémentée de morceaux rock joyeusement estampillés années 70.
Nel buio del terrore n'est pas un grand giallo. Oubliable, dispensable, il est à réserver aux passionnés du genre et autres collectionneurs invétérés ainsi qu'à tous les amoureux de Marisa Mell qui se délecteront de sa présence.