Sextool
Autres titres:
Real: Fred Halsted
Année: 1975
Origine: USA
Genre: X
Durée: 57mn
Acteurs: Fred Halsted, Joey Yale, T-Rhodes, Clark Kent, Shanning, Gus harvey, Josh, Germaine Lee Anderson, B Dick, Val Martin, Brad Burry, Jim Hed, Rob Clark, C. L Assy...
Résumé: Des hommes prennent du plaisir dans une salle de cinéma. Un beau marin soumis est violé pour son plus grand plaisir durant un gang bang. Un boxeur violente et soumet son jeune coach. Deux flics fessent un voyou. Un homme joue avec des godemichés devant un travesti extravagant...
Ex-diplômé en botanique, Fred Halsted fut un des précurseurs du film pornographique homosexuel puisque ses premiers films sortirent à une époque où l'industrie du X américain en était encore à ses balbutiements et tentait difficilement de trouver sa place légitime dans les circuits de distribution. Si ses confrères, Wakefield Poole, James Bidgood et Jack Deveau, tout aussi novateurs que lui, étaient installés à New York, Halsted n'a quant à lui jamais quitté sa ville natale, Los Angeles dont il a toujours à travers ses films montrer les différentes facettes aussi sombres soient elles. Son premier essai, L.A plays itself, sortit en 1972 suivit de Sex garage en 73 puis de Sextool en 75, trois films qui forment une sorte de triptyque, quasi indissociables l'un de l'autre.
Sextool est certainement le plus virulent des trois mais également le plus violent quant à son contenu sexuel. On y retrouve une fois de plus les principales obsessions du réalisateur, cette exacerbation, cette glorification du sadomasochisme et du fétichisme masculin à travers une série de sketches liés entre eux par un couple, Gloria, une femme noire, et son partenaire, qui semblent passer d'un récit à l'autre afin de mieux guider le spectateur à travers ces scènes d'une brutalité parfois surprenante du moins pour feux qui ne connaissent de la sexualité que le romantisme et la douceur de leurs draps parfumés.
Comme pour L.A plays itself, la première histoire nous entraine dans les rues de Los Angeles, ses trottoirs, ses terrains de chasse, là où tout est possible comme le confirme la voix off. On ne peut jamais prévoir qui on va y rencontrer, ce qu'on va faire et ce que va nous obliger à faire comme dans ce cinéma porno de la ville où l'action se situe autant sur l'écran que dans la salle. Des hommes se masturbent, se font sucer, des blancs, des noirs, grande messe du sexe interracial à une époque où sévit encore le racisme.
Le deuxième récit est un des plus représentatifs du cinéma de Halsted avec l'avant-dernier,
le plus significatif également puisqu'à travers lui le cinéaste offre sa vision de notre monde. Un groupe de machos couverts de sueur aux muscles saillants, la moustache alerte, la rangers luisante, s'amuse avec un jeune marin particulièrement obéissant. S'ensuit un véritable gang-bang durant lequel Halsted, grand spécialiste des rapports de force dominant-soumis, met une fois de plus en images ses déviances favorites, celles là mêmes qui firent la nauséeuse réputation de L.A plays itself. Les amateurs de fist-fucking, de foot-fucking et de bondage seront aux anges. Par le biais du viol de ce marin aux airs angéliques, Halsted tente simplement d'illustrer la haine qu'il a envers cette société américaine d'après-guerre.
Le jeune garçon représente l'optimisme béat de la classe moyenne alors en plein essor qui selon lui doit être combattu. La joie qu'il éprouve d'être ainsi violé, soumis, n'est que le reflet de cette Amérique florissante si passive. On retrouve cette idée dans le segment où Halsted, en boxeur, tout comme dans L.A plays itself se met en scène avec son compagnon, Joey Yale (son partenaire dans la vie), Yale, parfaite figure du jeune soumis, prêt à tout accepter, y compris les maltraitances les plus brutales cette fois bien réelles, n'est que l'image poussée à l'extrême du marin, celle d'une société capable d'accepter et s'accommoder sans se rebeller si elle est gagnante.
Ceux que les tortures qu'infligeait Fred Halsted à son compagnon dans L.A plays itself avaient émoustillés seront une fois de plus très heureux puisque le garçon avant de recevoir la ceinture sur son joli fessier sera brutalisé, violenté puis devra lécher les chaussures du boxeur et boire son urine coulant à flots sur son visage qui se reflète sur un morceau de miroir qu'a brisé dans un accès de fureur son dominant.
On retrouve cette fascination pour la soumission dans la partie où un homme est la victime de deux policiers tout de cuir noir vêtu qui le déculottent et lui administrent une bonne fessée avant que l'un d'eux ne lui caresse les fesses avec sa matraque. Il finira par le pénétrer avec cet objet phallique.
Halsted enrobe le tout de séquences plus amusantes comme cette extravagante parodie de numéro de cabaret où un homme prend du plaisir à se masturber puis à jouer avec différents objets qui lui servent de godemichés devant un travesti outrageux qui papillonne et s'égare en pas de danse, un fume-cigarette aux lèvres. Sextool se terminera sur une note plus douce, celle de deux hommes qui simplement s'aiment et font l'amour, une manière
d'apaiser la violence des parties précédentes et de façon plus imagée de démontrer que de la rébellion peut naitre un monde plus serein.
Cet ultime volet de la trilogie de Halsted si elle enthousiasma Divine, l'égérie de John Waters, ne remporta malheureusement pas le succès des deux chapitres précédents. Elle clôtura d'une certaine manière la carrière du cinéaste qui, déçu, se mettra à l'écriture. Il se spécialisera dans l'érotisme avant de revenir au cinéma en tant qu'acteur cette fois. La mort de Joey Yale, emporté par le Sida, le fera sombrer irrémédiablement dans l'alcoolisme.
Ruiné, artistiquement fini, l'échec de son autobiographie finira de le détruire. Il se suicidera par overdose de médicaments en 1989.
Les films de Halsted font aujourd'hui définitivement partie du patrimoine du cinéma pornographique gay de la première heure. Devenus culte au fil du temps d'autant plus recherchés et vénérés qu'ils sont aujourd'hui quasiment impossible à visionner si ce n'est lors de projections spéciales au Musée des Arts modernes où ils sont entrés et conservés sous forme de copies souvent piteuses.
Halsted restera pour le cinéphile et la communauté un cinéaste qui sut parfaitement mettre en image la culture gay underground avec un sens artistique hors du commun et un goût inouï pour la violence, de quoi pleinement ravir les adeptes de plaisirs sexuels virils brut de décoffrage aux savoureuses senteurs d'urine. Bien des fessées vont se donner soyons en sûrs!