In fondo alla piscina
Autres titres: Meurtre dans la piscine / The fourth Mrs. Anderson / The fourth victim / La ultima señora Anderson
Real: Eugenio Martin
Année: 1971
Origine: Espagne / Italie
Genre: Giallo
Durée: 85mn
Acteurs: Carroll Baker, Michael Craig, Miranda Campa, Marina Malfatti, Jose Luis Lopez Vazquez, Enzo Garinei, Phillip Ross, Manuel Gallardo, Alberto Gonzales Espinosa, Lone Fleming...
Résumé: La troisième épouse d'Arthur Henderson vient d'être retrouvée morte dans la piscine de la propriété. Si Henderson est le bénéficiaire des assurances de vie de ses différentes épouses, faisant de lui le parfait coupable, il est pourtant libéré après que sa gouvernante se soit parjurée. Le play-boy peut ainsi de nouveau jouir de la vie. C'est alors que surgit Julie Spencer, sa nouvelle voisine, qu'il retrouve une nuit entrain de nager dans sa piscine. Séduit, il ne tarde pas à l'épouser. Julie est en fait la soeur de sa dernière femme. Elle tente d'élucider le mystère de sa mort. Henderson la surprend un jour entrain de fouiller le grenier. Elle s'enfuit puis disparait. Il apprend alors que Julie serait une malade mentale qui aurait assassiné son époux. A sa réapparition inattendue, Henderson fait mine de ne rien savoir mais une seconde et mystérieuse femme, hagarde, erre la nuit dans la villa voisine, déterminée à trouver ce qu'elle cherche. Elle serait la véritable Julie. Henderson est il un assassin et quels sont les véritables objectifs de ces deux énigmatiques femmes?
Les coproductions italo-espagnoles en matière de gialli n'ont quasiment jamais réussi à surpasser les italiens ni même les égaler ou si rarement. In fondo alla piscina dont on préférera le titre original La ultima senora Anderson confirme malheureusement la règle. Surtout connu pour le fort réjouissant Terreur dans le Shangaï express, petit film d'horreur assez proche des productions de la Hammer, et quelques très intéressantes séries plus méconnues mais souvent dérangeantes notamment Hipnosis et surtout Una vela para el diablo, virulente dénonciation particulièrement glauque des tares de l'Eglise et du régime franquiste, Eugenio Martin signe cette fois un thriller certes honorable mais beaucoup trop fade pour réellement être percutant.
La troisième épouse du richissime play-boy Arthur Henderson vient d'être retrouvée noyée dans la piscine de leur villa. Elle n'est que sa troisième épouse qui trouve la mort dans des circonstances d'autant plus étranges qu'il est l'unique bénéficiaire de leur assurance vie. Si cela met la puce à l'oreille de la police, il n'en sort pas moins libre après son procès aidé par le faux témoignage de sa vieille et fidèle gouvernante, Felicity. Henderson compte bien profiter sa liberté retrouvée lorsqu'une nuit d'été sa nouvelle voisine, la charmante Julie Spencer, plonge dans sa piscine afin de s'y rafraichir. Séduit par la jeune femme, le bellâtre ne tarde pas à l'épouser. Julie est en fait la soeur de sa défunte épouse qui tente de
découvrir les circonstances de sa mort. Si Henderson commence à se méfier après avoir découvert Julie entrain de fouiller le grenier, il va faire une incroyable découverte. Julie Spencer serait une aliénée mentale qui aurait assassiné son époux. Troublé quant à la réelle identité de la femme qu'il a épousé, le play-boy n'est pas au bout de ses surprises. Une mystérieuse femme blonde drapée d'une cape noire erre la nuit dans les jardins de la résidence voisine. Il semblerait qu'il s'agisse de la vraie Julie Spencer. Quant à l'inspecteur Dunphy, peu convaincu de l'innocence de Henderson, il continue de le surveiller. A t-il réellement tué ses trois épouses et s'apprête t-il à faire de même avec Julie? Qui sont en réalité ces deux femmes et quelles sont leurs réelles intentions? Tout se jouera lors d'un final haletant qui opposera les deux énigmatiques blondes.
Les bases de ce petit giallo ne sont en rien originales. Eugenio Martin ne fait que rassembler les principaux éléments du genre que l'amateur qui en connait un tant soit peu les codes parviendra facilement à démêler. Aucune surprise, tout est réglé comme un métronome. Cet hommage à Hitchcock est d'une part bien trop lisse pour pouvoir fonctionner, d'autre part l'ensemble reste beaucoup trop convenu pour vraiment surprendre voire même faire douter et égarer le spectateur sur de fausses pistes. Les protagonistes ne sont ici que de parfaits stéréotypes d'un style cinématographique qui en a vu défiler des bien plus complexes et fouillés. Henderson est un mari , coupable idéal aux yeux de tous autour
duquel gravitent trois personnages, reconnaissons que cela est assez peu, plus ambigus aux motivations nébuleuses: la vieille gouvernante dévouée qui se parjure, une nouvelle épouse un peu trop curieuse surgie de nulle part et une étrange femme dont la raison semble vaciller mais qui est déterminée à trouver ce qu'elle cherche tant. Aussi flous soient leurs objectifs respectifs, la sauce ne prend malheureusement pas. Faute en incombe à une réalisation trop linéaire, impersonnelle presque ennuyeuse, un scénario exempt de tout suspens et surtout de cette folie névrotique quasi indispensable à ce type de récit. La
présence de Carroll Baker, l'héroïne et malheureuse victime récurrente des gialli érotico-psycholgiques de Umberto Lenzi ne fait ici guère illusion. L'idée d'en faire non plus l'éternelle victime de complots machiavéliques mais une tendre manipulatrice était en soi intéressant mais cela ne fonctionne pas. On préfère Carroll aux prises avec de diaboliques conspirateurs plutôt qu'en conspiratrice d'autant plus que Martin révèle trop tôt son jeu faisant perdre à son personnage une grande partie de son intérêt malgré les efforts du réalisateur pour relancer son mystère.
On regrettera également un manque de rythme évident qui brise le peu d'énergie que développe ce petit giallo italo-ibérique tourné sur le sol anglais afin de lui donner une patte "so british" bien inutile. Après une ouverture curieuse qui ne peut qu'attirer l'attention du spectateur et lui donner l'envie de poursuivre le visionnage, Martin enchaine directement sur l'interminable procès de Henderson qui n'a qu'un seul et unique effet: faire usage de sa télécommande pour une avance rapide salvatrice. Meurtre dans la piscine ne trouvera par la suite qu'un regain d'intérêt que lors dés vingt dernières minutes lorsque les masques tomberont et se révéleront les tenants et les aboutissants de cette histoire bien trop simple que les habitués du genre auront depuis longtemps deviné. Quant aux ultimes images on est loin du cynisme et de l'ironie des oeuvres de Lenzi. Ce happy end ensoleillé est à l'image du film: décevant et transparent.
Si on aurait aimé nager en eau trouble dans ce Meurtre dans la piscine, s'il lui manque cette noirceur, ce machiavélisme, cet aspect tourmenté qui fit toute la renommée des thrillers à l'italienne de cet acabit, s'il est dépourvu de ce coté intrigant qui pousse à la curiosité, s'il est beaucoup trop évident dans sa trame narrative, le film de Eugenio Martin se laisse cependant regarder sans réel déplaisir, comme une simple distraction ludique, un passe-temps peu ambitieux non dénué d'un certain charme. On se laissera aller sur une très
belle partition musicale signée Piero Umiliani, on appréciera de jolis décors plutôt bien photographiés ainsi que la beauté de Carroll Baker, égale à elle même, et le charme toujours aussi ambigu de Marina Malfatti qui, fantomatique, donne au film une légère touche gothique, (on oubliera par contre le translucide Michael Craig et José Luis Vasquez qui incarne très certainement un des policiers les plus stupides de l'histoire du giallo), on retiendra ça et là quelques scènes assez réussies notamment les errances de Marina Malfatti. Cela est trop peu pour faire de ce giallo dénué en outre de tout érotisme, violence et psychédélisme une réussite. In fondo alla piscina est un petit thriller anodin et oubliable destiné essentiellement aux inconditionnels du genre et aux amoureux de Carroll Baker.