Segnale da un pianeta in via d'estinzione
Autres titres: Signal from a dying out planet
Real: Franco Brocani
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Fantastique
Durée: 12mn
Acteurs:
Résumé: Dimanche 20 juin 1997 - Un monde des plus normaux semble mourir. Tout s'éteint. Le silence s'installe. Il tombe doucement dans l'immoralité jusqu'à sa destruction. Il se transforme alors en un lieu dénué de toute vie...
Peintre, cinéaste, scénariste, Franco Brocani est un des noms les plus importants du cinéma expérimental italien des années 70. Passé maitre dans l'art de l'expérimentation et du visuel Brocani s'est fait remarqué en Italie à travers une série de courts et de longs métrages dont le plus connu à ce jour reste Necropolis avec Tina Aumont et Pierre Clementi. Segnale da un pianeta in via d'estinzione tourné en 1972 fait partie de ses courts métrages aujourd'hui fort difficiles à visionner si ce n'est lors d'épisodiques passages sur les chaines italiennes ou lors de programmation en divers festivals.
Il est quasiment impossible ce résumer ces onze minutes faites d'une suite d'images vivantes, de photos, de dessins qui s'enchainent au son d'une inquiétante musique électronique tandis qu'une voix off, est ce le dernier survivant, est ce Dieu, narre les ultimes instants de ce monde. La planète en voie d'extinction du titre pourrait être notre Terre qui le 20 juin 1997 doucement sombre dans la dégénérescence et l'immoralité avant que toute vie ne soit annihilée. C'est bel et bien l'apocalypse. Des signaux alarmants proviennent de l'espace, un diaphragme indéchiffrable apparait dans le ciel, les radios se sont tues, la peur s'empare des êtres vivants, tout n'est plus que lumière aveuglante sur fond de ciel rouge feu, la vie laisse la place au néant, il n'y a plus rien mais l'univers comme Dieu sont éternels.
Pour illustrer ce chaos, Brocani surnommé le grand anarchiste du cinéma transalpin a choisi l'option diaporama. Segnale da un pianeta in via d'estinzione est en effet conçu comme une séance de projection de diapositives où s'intercalent quelques scènes filmées notamment lors de l'ouverture où un homme et son enfant se baignent au bord de la mer, heureux. Très vite le tableau s'assombrit. Des vues de terres brûlées, desséchées, de sols craquelés, se mêlent à des tableaux totalement surréalistes, monstrueux, la plupart à connotations fortement sexuels. On y décèle notamment des femmes nues enceintes, des gros plans de vagins, des globes fessiers qui font office de globe lunaire illuminant la nuit, des couples nus et des corps, des visages déformés par les angles de prise de vue tandis que l'image d'un horrible cadavre de bébé revient régulièrement.
Il ne semble pas y avoir une réelle logique dans cette suite d'images souvent étranges, bizarres, que chacun pourra interpréter comme il le veut si toutefois il est possible de leur donner un sens véritable. Tout est abstrait, à la fois très simple et fort complexe. Brocani nous propose simplement sa vision de la vie, de la mort, de l'apocalypse, de Dieu et de l'univers, l'agencement des choses. On se laissera prendre au jeu ou on trouvera très longues ces quelques onze minutes, on sera sensible à l'univers de Brocani ou non, on aimera ou on détestera mais une chose est certaine, le travail du cinéaste-peintre est une oeuvre visuelle qui n'a cependant pas la force de fascination que peuvent posséder des
oeuvres approchantes telles que Din of celestial birds de E. Elias Merhige. Comme toute peinture, le spectateur devra y être sensible afin d'en apprécier la richesse et le ou les sens cachés. Voilà qui risque d'être assez difficile avec Segnale da un pianeta... qui part d'un concept certes original mais peut être pas assez percutant pour réellement retenir l'attention et faire naitre un quelconque sentiment. Le principe du diaporama risque en effet plus d'ennuyer que de passionner et susciter chez le public une certaine attention. Les plus réceptifs seront étonnés, attirés par le coté surréaliste d'images dignes de Dali mais cela n'est malheureusement pas suffisant ici pour engendrer réflexion et discussions passionnées.
Segnale da un pianeta in via d'estinzione est une singulière curiosité, une bizarrerie qui mérite le coup d'oeil pour les férus de cinéma expérimental et visuel. C'est un très bref aperçu du travail de Brocani qu'on préférera peut être découvrir grâce à des oeuvres tout aussi hermétiques mais peut être un peu plus consistantes telles que Necropolis, La maschera del Minotauro ou l'énigmatique et incestueux La via del silenzio dont la distribution demeure prodigieuse puisqu'on y retrouve outre Tina Aumont, Marc Porel, l'austère et regrettée Franca Stoppi, l'excellent Danilo Mattei, l'acteur de théâtre Stanko Molnar et la grande Caterina Boratto l'inoubliable quatrième narratrice de Salo et les 120 journées de sodome de Pasolini pour qui Brocani travailla.