Jeune proie pour mauvais garçons
Autres titres:
Real: Norbert Terry
Année: 1977
Origine: France
Genre: X
Durée: 77mn
Acteurs: Didier Colson, Gilles Roger, Didier Legrand, Raymond Ximay, Mike Carton, Samy, Moussa, Jean Dumaine, Denise Dax, Albert Augier, Norbert Terry, Carmelo Petix...
Résumé: Mis à la porte par sa mère après qu'elle ait découvert qu'il était homosexuel, Didier préfère s'enfuir à Paris plutôt que de rester auprès de son amant qui l'aime à la folie. Il se sent malheureusement prisonnier de son amour exclusif. Arrivé à Paris, Didier se fait attaquer par une bande de voyous qui lui volent tout son argent et ses vêtements. Un homme lui offre son toit mais abuse de lui. Didier repart. Il rencontre de nouveau les voyous qui l'avaient attaqué. Leur chef le drague puis l'emmène chez lui. Il tombe amoureux de Didier. Ses copains débarquent, violent le jeune homme et le trainent chez un proxénète qui en fait une pute de luxe. Les voyous font en effet partie d'un dangereux réseau de prostitution masculine. Le petit ami de Didier parti à sa recherche le retrouve, tue les bandits et demande à Didier de revenir. Il refuse préférant l'argent et le luxe que lui offre la prostitution à l'amour de son amant...
Les noms de Norbert Terry, ex-assistant de Jacques Tati et militant gay engagé, et de Jean-Etienne Siri resteront essentiellement associés à toute une vague de films pornographiques gay qui aujourd'hui représentent la crème du cinéma hardcore homosexuel français de la fin des années 70 et du début des années 80, ces pépites devenues au fil du temps des oeuvres quasiment cultes et fortement recherchées par bon nombre d'amateurs mais malheureusement difficilement visibles désormais.
Auteur de quelques bons films dont Mâles hard corps / La soif du mâle et Il était une fois un homosexuel mais surtout d'un très intéressant et surprenant Les phallophiles, Norbert Terry signe en 1977 Jeune proie pour mauvais garçons qui cette fois risque de quelque peu décevoir. Qu'a t-il donc tenté de faire cette fois? A première vue, il eut pour idée de faire un véritable film, un drame social qui doucement vire au polar en prenant de temps à autre des accents de série noire. Le souci est qu'il faut avoir non seulement les moyens de ses ambitions mais surtout les acteurs appropriés ce qui malheureusement est loin d'être ici le cas. Non pas que le scénario soit inintéressant mais il est si mal traité que le film devient rapidement absurde et franchement risible avant de se transformer lors de sa dernière partie en un véritable n'importe quoi qui fait de Jeune proie pour mauvais garçons une inénarrable série Z hilarante. Didier a 18 ans, il est homosexuel. Il est la jeune proie du titre.
Sa mère ne supporte plus son oisiveté et n'accepte pas son homosexualité qu'elle considère comme une maladie. Didier a un petit ami, Jean-Philippe, qui l'aime d'un amour exclusif dont il se sent prisonnier. Il fugue à Paris et dés sa sortie de la gare, il se fait dévaliser par une bande de voyous, les mauvais garçons du titre. Dépouillé de sa valise, sans argent, Didier pleure mais il est recueilli par un homme qui lui offre le gîte mais abuse de lui. Il pleure encore et s'enfuit de nouveau mais il est repéré par les mauvais garçons. Leur chef le drague dans des toilettes publiques, l'emmène chez lui, lui fait l'amour et en tombe amoureux. Didier est heureux mais il va encore pleurer puisque le reste de la bande débarque, le viole sous les yeux impuissant du chef avant de l'emmener chez un riche proxénète qui va en faire une putain de luxe pour vieux notables. Paris est décidément une ville bien peu recommandable!
Si la trame du récit est jusqu'ici plutôt acceptable malgré bien des énormités et quelques effarantes constatations très en adéquation avec son époque (la mère veut soigner l'homosexualité de son fils en lui faisant examiner l'anus chez son médecin), il va alors s'affoler et partir en roue libre. Le petit ami de Didier par de biens mystérieux signes divins a deviné que Didier était à Paris. Par le plus grand des hasards il le croise en vélomoteur à un feu rouge, court derrière lui mais il ne l'entend pas alors qu'il est a deux mètres de lui. Dépité, devinant qu'il est surement la proie de dangereux malfrats, il va à la police. Il est reçu par un commissaire qui après lui avoir fait comprendre que les "PD c'est comme les arabes et les gauchistes, c'est une race à part" refuse de prendre le risque de lancer ses hommes à sa recherche car dit il la police a elle aussi peur parfois. Elle préfère donc laisser en liberté des
criminels sanguinaires, soit cinq petits voyous de quartier et un notable perverti, plutôt que de les arrêter ainsi nos braves policiers ne seront pas tués! On croit rêver! Norbert Terry va encore plus loin lorsque le petit ami de Didier se lance à leur recherche muni d'un révolver sorti de nulle part! Il part seul à l'assaut de la maison du notable aidé par le chef de la bande toujours amoureux de Didier qui en attendant prend du bon temps avec un bourgeois dépravé. Ils arrivent à tuer tout ce joli monde dans un incroyable échange de coups de feu dans une cage d'escalier, à savoir des balles à blanc tirées par des pistolets semble t-il en plastique. Un joli carnage justifié par l'amour de cet homme pour Didier qui, furieux et peu reconnaissant, lui annonce qu'il préfère la richesse que lui apporte la prostitution de luxe à son amour indéfectible car dit il de façon arrogante, avec son salaire, il ne pourra jamais lui offrir le club Med!!! Des fessées se perdent. Un tel final épouse tout à fait l'incroyable stupidité du scénario qui en laissera certainement plus d'un pantois.
Si seulement on pouvait ici se rattraper sur la beauté et les prouesses sexuelles des jeunes acteurs! Malheureusement, ils sont tous plus irritants les uns que les autres, Didier Colson en tête, notre imbécile de jeune proie. Récitant des dialogues d'une absolue niaiserie, il est la caricature parfaite de la jeune dinde dont les talents d'acteur avoisinent le néant absolu, exaspérant à force de geindre et de pleurer. Plus intéressants sont les mauvais garçons même si leur jeu de comédien est tout aussi inexistant. Quant aux scènes de sexe, elles n'ont cette fois rien de réellement transcendantes. Certaines sont aussi hilarantes ou désolantes que le film, selon l'humeur du moment, comme celle où Didier se masturbe devant son psyché tout en faisant tourbillonner son sexe telle une hélice! S'il semble s'envoler de plaisir, le spectateur quant à lui s'effondre! Les nostalgiques d'une certaine époque garderont en tête une scène de drague sauvage dans les pissotières de la gare tandis que d'autres se souviendront mieux du viol de Didier suivi d'une jolie partouze chez le chef de la bande.
On appréciera toujours autant le charme aujourd'hui bien démodé de ce type de petits films, cette atmosphère fortement estampillée années 70 et la vision du Paris de cette époque, toujours aussi plaisant. On soulignera une jolie partition musicale qui oscille entre mélodrame et romantisme exacerbé et la beauté physique du chef de bande moulé dans son costume de cuir noir et celle du petit ami de Didier qu'on ne verra malheureusement jamais nu, secontentant de déboutonner son jean et laisser apparaitre un mini slip blanc! Un super justicier ne se découvre pas, c'est bien connu!
S'il reste le témoignage de toute une époque cinématographique, Jeune proie pour mauvais garçons est certes une mauvaise comédie pornographique mais un éclat de rire garanti réservé cette fois à un public adulte qui tristement décevra tout ceux qui de Norbert Terry attendaient une oeuvre plus fouillée et surtout plus dure comme son titre pouvait le laisser sous-entendre à l'instar des Phallophiles, Mâles hard corps ou Il était une fois un homosexuel.