Guyana crime of the century
Autres titres: Guyana la secte de l'enfer / Il massacro della Guyana / Guyana: Cult of the damned / Guyana Kult der verdamnten
Real: Rene Cardona Jr
Année: 1979
Origine: Mexique / Espagne / Panama
Genre: Drame
Durée: 97mn
Acteurs: Stuart Whitman, Joseph Cotten, Yvonne De Carlo, John Ireland, Gene Barry, Nadiuska, Bradford Dillman, Jennifer Ashley, Tony Young, Robert DoQui, Hugo Stiglitz, Erika Carlsson, Carlos East, Ricardo Carrion, Jack Braddock Johnson, Yogi Rouge...
Résumé: Le révérend James Johnson est à la tête du temple du Peuple qui rassemble des centaines de disciples au coeur de la Guyane où il a fait construire un village Jonestown. Fanatique religieux, assoiffé de puissance, il y fait régner une véritable dictature. Suite à de nombreuses plaintes et quelques disparitions, des agents du gouvernement américain sont chargés d'aller enquêter à Jonestown. Dans sa folie, le révérend, pris au piège, fait tuer les mandataires et ordonne le suicide collectif de la secte...
Spécialiste d'un certain cinéma vérité, digne héritier de son père, Rene Cardona, qui avait déjà mis en scène le terrible crash aérien de la cordillère des Andes avec Survivre!, Rene Cardona Jr s'attaque quant à lui au célèbre massacre de Jonestown commandité par le Révérend Jim Jones alors à la tête du Temple du Soleil. Ce gigantesque suicide collectif allait faire couler beaucoup d'encre à travers le monde et il n'est guère étonnant que le cinéma se soit emparé du phénomène Jones comme il le fit quelques années auparavant pour l'affaire de la tragédie Manson.
C'est donc un instant movie que Cardona Jr nous offre ici avec cette précision qu'on lui connait mais également son sens de l'exploitation et du sensationnel. Fidèle à lui même, le cinéaste mexicain s'il reste très proche des faits authentiques tant dans la reconstitution quasi parfaite du village fictif de Jonestown que dans la fascination exercée par le révérend sur ses fidèles n'en oublie pas moins d'exploiter le plus possible les moindres faits de ce drame pour en retirer ce qu'ils ont de plus écoeurant. En découle alors un film qui oscille régulièrement entre la triste réalité des évènements et les effets choc et voyeur afin de flatter les bas instincts du spectateur. Ainsi certaines séquences feront mouche et devraient tout spécialement satisfaire les amateurs de tortures et de maltraitance même si le réalisateur reste tout de même assez soft. Entre deux plans de mouroirs, de disciples violemment
fouettés et un corps écrasé sous le passage d'un train on retiendra tout particulièrement deux scènes, celle où trois adolescents sont punis de la plus effroyable des manières pour avoir voulu dérober de la drogue au révérend. L'un est notamment plongé dans un bain où ont été déversés d'abominables serpents tandis que son ami reçoit des décharges électriques sur tout le corps avant d'être tout trois enfermés nus dans une grange. La deuxième est celle du jeune couple châtié pour avoir forniqué sans permission. La jeune femme sera violée devant toute la communauté et son amant sodomisé. Cardona ajoute à cela quelques sulfureux sous-entendus pédophiles lorsque le pasteur promet d'aimer et de donner tout l'amour qu'ils méritent aux trois enfants dévêtus qu'il vient de torturer.
Le clou du spectacle reste tout de même le final grandiose, le massacre des délégués américains venus enquêter au village suite à de nombreuses plaintes et le suicide collectif ordonné par le révérend. Hommes, femmes, enfants font la queue dans le chaos afin d'ingérer le cyanure que leur donnent les sbires du révérend pendant que ceux qui les précèdent agonisent par dizaines les uns sur les autres, une véritable apocalypse rythmée par les cris et les pleurs des bébés mourants sur lesquels une fois de plus Cardona insiste complaisamment afin d'amplifier, exploiter encore plus l'horreur de la situation. De quoi ravir tous ceux qui salivent de bonheur face à la folie et la souffrance humaine mais aussi les frustrer quelque peu face à l'évident parti pris du metteur en scène de ne jamais trop montrer.
Outre son réalisme, un des gros atouts du film est qu'il reste crédible jusqu'à l'éprouvante conclusion, jamais il ne tombe dans l'improbable et c'est d'autant plus appréciable. Guyana le secte de l'enfer s'avère assez rapidement beaucoup plus ambitieux que la plupart des films et téléfilms qui traitèrent non seulement de ce sujet mais également des exactions de Charles Manson. On ne pourra donc pas reprocher à Cardona de ne pas avoir collé à la stricte réalité des faits, faisant de son film une sorte d'impressionnant témoignage sur la folie d'un homme, un gourou malade prétendant être la réincarnation du Christ. Guyana la secte de l'enfer est d'autant plus plaisant à suivre que le film ne comporte aucun temps mort et bénéficie d'une mise en scène soignée ainsi que d'une interprétation plutôt convaincante même si elle manque un peu de force et de folie, cette folie justement qui caractérisait le pasteur et ses disciples.
En tête de distribution on retrouvera quelques vieilles gloires sur le déclin du cinéma hollywoodien qui appuient la vraisemblance de l'ensemble. Stuart Whitman trop peu dynamique endosse la peau du révérend, John Ireland est son avocat, Yvonne De Carlo sa chargée de communication, Gene Barry et Joseph Cotten les agents du gouvernement. A leurs cotés, on reconnaitra l'incontournable Hugo Stiglitz et une des stars de l'érotisme espagnol, l'allemande Nadiuska.
Guyana la secte de l'enfer est un très honnête instant movie fidèle aux terribles évènements qui l'ont inspiré, une efficace série B qui se suit sans mal et surtout sans ennui parsemée d'effets choc souvent glacials qui ramènent l'ensemble à ce niveau exploitatif tant recherché par le spectateur. Voilà un joli compromis entre le cinéma documentaire à but informatif et le cinéma de pure exploitation voyeur et complaisant. La même année Umberto Lenzi mettra en scène La secte des cannibales qui reprend quelque peu le trame du film.