Pensieri morbosi
Autres titres: Deep thoughts
Real: Jack Orth
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: X
Durée: 76mn
Acteurs: Kieran Canter, Ajita Wilson, Laura Levi, Sabrina Mastrolorenzi, Guy Bonnafoux, Raf Baldassare, Hélène Shirley, Jean-Pierre Armand, Louise Lovelace, John C. Holmes, Marcella Petrelli, Kevin Cowens, Claude Valmont, Luca Sportelli, Edmund Purdom...
Résumé: Marc, un étudiant, accueille une amie venue en car. Il l'a fait monter sur sa moto, ont un accident mais le chauffard s'avère être un ancien copain de Marc. Le jeune homme laisse son amie aller en cours seule. Dans la salle de classe, Dorothée fantasme sur le professeur d'histoire. Elle s'imagine entrain de faire l'amour dans la Rome Antique avant de partir folâtrer dans la campagne avec le professeur. D'autres aventures érotiques suivent avant que Dorothée et Marc se retrouvent en boite pour un concours de danse disco où tout deux s'imaginent danser nus sous les yeux de leurs camarades, jaloux...
Pensieri morbosi fait partie de ces énigmes cinématographiques qu'il est souvent difficiles de résoudre. Si on met parfois en doute son existence, le film existe bel et bien, jadis édité sous forme d'une vidéo doublée en anglais. Plus difficile est de savoir à qui revient exactement la paternité de cette coproduction franco-italienne entièrement tournée à Paris. Si un certain Jack Regis est crédité en tant que réalisateur au générique, Pensieri morbosi aurait été mis en scène par le pornocrate français Jacques Orth mais entièrement financé par le producteur américain Dick Randall, spécialisé dans les séries Z de toutes sortes et le petit film érotico-porno. Mais au vu du nombre de segments il ne serait pas étonnant que plusieurs réalisateurs aient été derrière la caméra.
Un autre mystère plane autour du film puisqu'il en existerait plusieurs montages et versions plus ou moins épicées selon les pays pour lesquelles elles sont destinées mais la seule aujourd'hui visible reste l'édition anglaise amputée de toutes les scènes X ce qui la ramène à un simple film érotique. Quoiqu'il en soit, vu le résultat final, on doute que les autres versions aussi salaces soient elles mais aujourd'hui totalement introuvables puissent sauver le film de la catastrophe polissonne.
Si certains trouveront le titre alléchant et surtout prometteur, disons le de suite, ces pensées n'ont strictement rien de morbides. Pensieri morbosi est en fait une comédie érotique particulièrement stupide décomposée en plusieurs petits segments où les protagonistes s'imaginent dans des situations coquines au fil de leurs rencontres donnant ainsi vie à leurs fantasmes. L'ensemble a pour fil conducteur deux étudiants amoureux l'un de l'autre, Marc et Dorothée, mais la jeune fille prend cependant plaisir à s'évader dans des rêves coquins où Marc n'est pas toujours absent.
L'histoire est simple, vue et revue, mais rarement avait elle été traitée avec autant d'indigence tant et si bien qu'on a bien souvent la désagréable impression d'assister à un premier, une sorte de brouillon incompréhensible, sans queue (et c'est le cas de le dire aussi) ni tête. Les personnages apparaissent, disparaissent pour parfois ressurgir puis d'autres arrivent sans véritables rôles définis, certains sketches se suivent sans aucun lien particulier et semblent avoir été insérés dans la trame afin de la rallonger. Ceci est particulièrement vrai pour le segment où une jeune femme fait de l'auto-stop, aventure bouche-trou où aucun trou ne sera d'ailleurs bouché puisque de surcroit il ne contient aucune scène érotique si légère soit elle.
Hormis cette déplaisante sensation de regarder une ébauche de film, Pensieri morbosi atteint par moment des sommets de ridicule qu'on ne peut pas même mettre sur le compte du budget misérable dont il a bénéficié. Lorsque Dorothée fantasme en plein cours sur son vieux professeur d'histoire, elle se projette dans la Rome antique où Marc et un ami étudiant, vêtus d'une toge, se battraient pour elle sous les yeux de deux malheureuses figurantes habillées comme des femmes préhistoriques(!), avant de lui faire l'amour sous une tente.
Arrive alors sur un âne le professeur qui a pris l'apparence de Jules César version homosexuel efféminé, dégouté de voir un corps de femme dans les bras d'un homme. Du pauvre Jules César on passe sans transition aucune à notre malheureuse auto-stoppeuse puis on se retrouve dans un train en compagnie d'un petit grassouillet à lunettes particulièrement nigaud et voyeur, le même qui ouvrait déjà le film mais cette fois dans un autobus avant pour faire un saut dans un bordel local où se rend un vieil homme d'affaires porcin et timoré pour finalement accéder à la longue scène finale qui voudrait parodier... La fièvre du samedi soir. Autant dire que cette véritable bouillabaisse est aussi indigeste qu'ennuyeuse.
Plus dérangeant encore que la profonde débilité du scénario est l'incohérence d'un montage plus qu'approximatif qui accentue le coté amateur du tout. Afin de passer le temps, on pourra donc compter non seulement les erreurs d'assemblage, certaines scènes semblant ne pas vraiment s'emboiter entre elles mais également les incohérences. Dorothée entre autre exemple porte une culotte bleue sur laquelle bloque le professeur mais elle est rouge lorsqu'ils partent ensemble en voiture. Elle redevient bleue le lendemain matin! On évitera de parler de la laideur de la photographie et l'amateurisme de la mise en scène. Orth a t-il jamais tenu une caméra en main où s'est il amusé à filmer avec les pieds? la question se pose à la vue de certains plans tout bonnement atroces. Les constantes voix-off des interprètes qui narrent leurs fantasmes sont très vite fatigantes tandis que les dialogues à l'instar des elles mêmes sont plus désespérantes que réellement comiques tant elles sont vulgaires et médiocres.
Que reste t-il donc comme raison pour donner au spectateur l'envie de visionner Pensieri morbosi? Bien peu de choses malheureusement. On appréciera de revoir le Paris des années 80 sous un ciel pluvieux et hivernal puisque Orth nous fait faire le tour de la capitale en bus ou en moto, de L'opéra aux Tuileries en passant par les Champs Elysées, la Concorde et de nombreuses rues sous l'oeil souvent médusé ou amusé des badauds qui assistent étonnés au tournage. On prendra plaisir à retrouver une surprenante distribution
qui regroupe quelques unes des grandes stars du porno italien mais également français d'alors: Jean-Pierre Armand en camionneur, Dominique St-Clair (l'auto-stoppeuse), Laura Levi et, Sabrina Mastrolorenzi (deux des trois filles du train), Ajita Wilson déchainée (la prostituée tout en jarretelles du bordel), Hélène Shirley mais aussi quelques starlettes de l'érotisme salace telle que Marcella Petrelli (Les nuits chaudes de Cleopatre, La locanda della maladolescenza...), l'ex-choriste du fameux duo Gepy-Gepy, qui incarne Dorothée, l'héroïne principale. Plus sidérant est de retrouver Raf Baldassarre en fin de carrière dans la peau du professeur / Jules Cesar qui a lui même tourné ses scènes hard, pathétique et désolant, d'être tombé si bas. On pourra en dire autant des pauvres Edmund Purdom qui apparait brièvement en pianiste et le girond Luca Sportelli, même si de leur coté ils n'ont pas de scènes pimentées du moins dans cette version softcore.
Mais l'atout majeur du film reste la présence de Kieran Canter dans le rôle masculin principal. A peine sorti de Blue Holocaust, Kieran, après Erotic flash, faisait là ses débuts dans le hardcore. Toujours aussi fringuant et séduisant, le regard aussi bleu qu'un ciel d'été, Kieran illumine par ses simples apparitions la tristesse et la médiocrité de cette pellicule. Autant dire que ses admirateurs seront tout émoustillés de le voir déambuler dans Paris pour mieux se perdre dans les bras de Dorothée avant qu'il ne se trémousse entièrement nu sur une piste de danse en imitant Travolta, la silhouette gracile, l'objet de tous les désirs se balançant au rythme de ses contorsions endiablées. Un final tout en régal.
Voilà très certainement la seule et unique raison de découvrir Pensieri morbosi... en espérant un jour pouvoir tomber sur une des mystérieuses autres versions du film agrémenté de ses scènes X.