I ragazzi della periferia sud
Autres titres:
Real: Gianni Minello
Année: 1984
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 83mn
Acteurs: Alessandra Mida, Stefano Sabelli, Marta Bifano, Walter Toschi, Gisella Burinato, Lorenzo Gioielli, Luigi Gallo, Paolo Tanfaro, Edy Biagetti, Giorgio Mascia, Anamaria Porta...
Résumé: Angela est ouvrière en usine. Elle sort avec Andrea, un jeune insouciant. Sa soeur Rosa est au chômage. Pour arrondir ses fins de mois Angela se prostitue. Elle fait un jour la connaissance de Jack, le meilleur ami de Andrea, un homme plus âgé qui a une belle situation. Elle rompt avec Andrea et couche avec Jack mais elle ne le fait que pour être payée. Elle quitte son emploi, est reniée par sa mère tandis que Rosa tombe enceinte. Son petit ami la quitte et commet un hold-up avec l'aide du petit frère de Angela. Il est tué alors qu'il tentait de s'enfuir. Le frère de la jeune fille est emprisonné. Angela perd de plus en plus pied. Elle retourne vers mais lorsque Rosa se suicide après avoir été violée, Angela, seule au monde, désespérée, abandonne tout ce qu'elle a...
Réalisateur bien peu prolifique, le vénitien Gianni Minello signa en tout et pour tout quatre longs métrages dans sa carrière dont une sorte de triptyque sur le désespoir juvénile urbain débuté en 1976 avec Nel cerchio, l'itinéraire d'un adolescent paumé qui après être sorti de prison choisit la voie de l'homosexualité et de la prostitution comme seul moyen de survie. Un ragazzo come tanti, sorti en 1983, reprenait quasiment la même trame en mettant en scène un adolescent venu à Rome pour y trouver du travail mais mal payé, exploité, il finit dans les bras d'un artiste homosexuel après une brève rencontre avec une junkie. Avec I ragazzi della periferia sud Minello poursuit sur la même voie en tentant cette fois de plonger le spectateur dans l'univers de la drogue et de la jeunesse désillusionnée qui hante les abords de la banlieue sud de Rome.
Très inspirée de Pasolini, l'oeuvre de Minello n'en a malheureusement jamais eu la force. Il n'est donc guère étonnant que I ragazzi della periferia sud s'ouvre une citation du Maitre lors d'une séquence pré-générique qui laisse augurer du meilleur: une bande d'adolescents met le feu aux cartons sous lesquels dort un jeune paumé avant de parler des prochains larcins qu'ils vont commettre. Cette alléchante ouverture tournée au beau milieu des vestiges romains aurait pu être le reflet de ce que pouvait donner le film mais très vite Minello oublie la misère de ses jeunes pour se concentrer sur les déboires sentimentaux et le mal être d'Angela, une jeune fille qui se prostitue.
Autant dire que cette vision de la vie dans le Sud de Rome se limite aux malheurs de Angela tant et si bien que I ragazzi della periferia sud se transforme vite en une sorte de mélodrame peu passionnant et particulièrement convenu qui tourne quelque peu dans le vide d'autant plus que tout va très vite. Angela, reniée par sa mère, vend son corps, quitte son copain, un petit chef de bande, pour son meilleur ami tandis que sa soeur elle aussi prostituée tombe malencontreusement enceinte, se fait quitter par son petit ami qui commet un hold-up et meurt sous les balles du caissier. Son petit frère est emprisonné, sa soeur
après avoir été violée se suicide. Angela a tout perdu. Elle quitte son ami et c'est vers un tragique no happy end que Minello nous emmènera lentement. Tout s'enchaine à la vitesse grand V tant et si bien qu'on a beaucoup de peine à s'attacher aux personnages assez mal définis de surcroit, à leurs errances, leurs souffrances, à ressentir la moindre émotion face à leur tragédie. C'est donc indifférent qu'on suit les pérégrinations d'Angela d'autant plus en retrait que la mise en scène d'une extrême platitude fait ressembler I ragazzi della periferia sud à un banal téléfilm estampillé années 80.
Il va sans dire que le film est à des années lumière des oeuvres de Pasolini auxquelles il fait référence et c'est d'un oeil distrait qu'on visionne ce qui aurait pu devenir un véritable film documentaire sur le mal de vivre d'une certaine jeunesse errante romaine de ces années là. Demeurent au crédit du film ces plans d'une Rome banlieusarde d'une absolue tristesse, loin des clichés touristiques, ces vestiges et ruines derrière lesquels se terrent drogués, clochards et jeunes désespérés et quelques séquences particulièrement complaisantes qui ramènent au bon temps d'un certain cinéma d'exploitation italien aussi trash que voyeur.
Resteront en mémoire le viol collectif de Rosa sous l'oeil du chef de bande qui après s'être satisfait se met à uriner et le tragique suicide de la jeune fille au beau milieu de nulle part, affalée tel un déchet parmi les ruines. On gardera à l'esprit également quelques plans de nudité intégrale dont celui assez furtif de Stefano Sabelli en érection et la beauté des jeunes acteurs souvent anonymes et surtout trop peu présents malheureusement. Les très belles musiques de Alessandro Sbordoni relèvent quelque peu une interprétation décevante et surtout peu impliquée d'acteurs souvent venus soit de la télévision soit non professionnels.
Au final I ragazzi della periferia sud après la réussite et l'émotion de Nel cerchio et Un ragazzo come tanti est une expérience décevante malgré les espérances d'un début prometteur tout auréolé de citations pasoliniennes et d'une affiche alléchante mais totalement mensongère. Au lieu d'un film choc sur le nihilisme, le désespoir, le mal de vivre et la drogue qui pouvait s'inscrire en droite ligne dans le joli filon de la drugsploitation aux cotés de Amore tossico, Eroina et même Moi Christiane F., on fait face à une simple petite série dénuée de véritable force. Reste qu'aujourd'hui les films de Gianni Minello sont très difficiles à voir, malheureusement quasi oubliés des festivals, des chaines de télévision et des éditeurs vidéo. I ragazzi della periferia sud est peut être celui que l'amateur aura peut être le plus de chance de trouver soit sous par le biais d'une VHS italienne assez rare soit lors d'un de ses quelques passages nocturnes sur les chaines locales de la RAI.
La mine boudeuse, Alessandra Mida qu'on reverra dans La sorcière avant qu'elle ne disparaisse des écrans interprète Angela, Marta Bifano joue sa soeur aux cotés du jeune et ténébreux Stefano Sabelli vu par la suite notamment dans Profumo et Al ceno col vampiro / Le château de Yurek de Lamberto Bava.