Maniaco Deprebis

Bien peu prolifique réalisateur, Franco Nucci ne réalisa que deux films durant sa courte carrière, le scandaleux Il giudice e la minorenne et cette comédie de piètre mémoire, Stangata in famiglia. Si pour tout ceux qui d'une sexy comédie attendent du rire et un érotisme souvent paillard, celle ci risque de bien les décevoir puisque d'une part il n'y a pratiquement aucune scène véritablement érotique, d'autre part Stangata in famiglia ne parvient jamais à arracher un quelconque sourire au pauvre spectateur qui lentement tombe dans une morne somnolence. Et quoi de plus énervant en effet qu'une comédie qui n'est jamais vraiment drôle?

On suit de façon très distraite les mésaventures d'un veuf jovial et bon vivant qui, mandaté par le ministère, doit enquêter sur l'évasion de plusieurs masseuses privées et autres manucures, prétexte pour Nucci de donner dans la satire sociale et apporter à son tour sa vision du monde de la prostitution en général un peu comme il l'avait fait précédemment pour la prostitution des mineures dans Il giudice e la minorenne. Malheureusement les bonnes intentions tombent très vite à l'eau. Composé de nombreuses petites saynètes familiales tournées autour d'une table de salle à manger où on discute beaucoup, beaucoup trop, le film se contente de confronter notre bon chef de famille aux charmes de toute une armada de jeunes et jolies masseuses qui vont lui offrir quelques bons soins entrecoupés par les longues tirades philosophiques sur la vie déclamées par notre girond protagoniste.
Rarement aura t-on vu film aussi bavard. Le spectateur devra être courageux pour supporter cette avalanche de dialogues jamais très drôles récités la plupart du temps lors de repas familiaux durant lesquels on retrouve les filles et la belle fille de notre enquêteur. Avouons tout de même que ces considérations sur la vie plutôt inusuelles dans ce genre de cinéma sont plutôt intéressantes et élèvent quelque peu le niveau général du film.
Si seulement on pouvait se rattraper sur l'érotisme et l'aspect coquin du scénario. Bien malheureusement une fois encore, Stangata in famiglia n'est guère croustillant et c'est à peine si on a droit cette fois à un fessier et quelques rares poitrines dénudées, excepté une courte de saphisme en fin de pellicule. Voilà qui est bel et bien un comble pour un film censé parler des milieux de la prostitution et de l'utilisation des charmes féminins à des fins crapuleuses.
Le seul et unique véritable intérêt de cette insipide comédie réside en fait dans sa distribution. On aura en effet le plaisir de retrouver le bien portant Piero Mazzarella, un célèbre acteur de théâtre milanais, dont ce fut le seul rôle au grand écran. Mazzarella s'en donne à coeur joie et le voir se faire masser ses formes grassouillettes est en soi un vrai

petit bonheur. Il vole même la vedette à Lino Banfi, son complice, et quelques soient les scènes qu'il interprète, c'est toujours vers Mazzarella que se braque la caméra comme si tout le film lui était consacré. Les admirateurs de Femi Benussi seront quant à eux fort contents de retrouver leur idole toujours aussi attirante même si on l'a connu plus en forme. A leurs cotés, on aura le plaisir de revoir dans des rôles secondaires Patrizia Gori quelques mois avant son passage dans Emanuelle e Françoise, Romy Shell, Marisa Merlini, Hélène Chanel et Isabella Biagini. Signalons le présence trop furtive de Susanna Radaelli, une des trois filles du Duc dans Salo et les 120 journées de sodome.
Bavarde, répétitive, insipide, ni polissonne ni comique, Stangata in famiglia est une comédie amère aussi vite vue qu'oubliée, certainement une des plus ennuyeuses jamais tournée en Italie.