Il bacio di una morta
Autres titres: Le baiser d'une morte / Dead woman's kiss / El beso de una muerta
Real: Carlo Infascelli
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 102mn
Acteurs: Silvia Dionisio, Peter Lee Lawrence, Orso Maria Guerrini, Karin Schubert, Carlo Gaddi, Luciano Pigozzi, Gérard Landry, Alberto Farnese, Elsa Vazzoler, Vittorio Duse, Riccardo Garrone, Sandra Wolff, Luciano Rossi, Sergio Ammirata...
Résumé: Andrea Valverde revient au château de la comtesse Chiara Rambladi pour apprendre qu'elle vient de mourir. Il exige de la revoir une dernière fois et fait ouvrir sa tombe. Il découvre avec stupeur en déposant un baiser sur ses lèvres qu'elle n'est pas morte mais seulement tombée en catalepsie. Une fois revenue à la vie, Chiara va tenter de découvrir qui a ainsi pu la faire enterrer vivante. Jadis amoureuse d'Andrea, elle découvrit par le biais d'une lettre écrite par sa défunte mère qu'il était en fait son propre son frère. Elle épousa donc à grands regrets le comte Guido Rambaldi. Ce dernier va vite la cocufier avec une artiste perfide, Yvonne Rigaud. Enceinte, Chiara est décidée à se battre contre cette rivale. Mais elle est loin d'imaginer que lentement on tente de l'empoisonner...
Surtout connu pour ses deux décamérotiques, Le mille e una notte all'italiana/ Le canterbury interdit et Il Decamerone proibito / Le décaméron interdit, le producteur-metteur en scène Carlo Infascelli adapta pour le cinéma en 1974 le joli roman de Carolina Invernizio, Il bacio di una morta, un défi pour qui connait l'univers de l'écrivain que n'a pas réellement su relever le réalisateur.
L'ouverture du film laissait pourtant présager du meilleur, une superbe oeuvre dans la grande tradition du cinéma gothique italien à la Mario Bava et Antonio Margheriti. Par une nuit d'orage, Andrea Valverde vient rendre visite à la comtesse Carla Rambaldi dont il fut jadis éperdument amoureux. A son arrivée au château, il apprend sa mort. Il exige alors de voir une dernière fois son corps. A l'ouverture de la sépulture, alors qu'il dépose un baiser sur ses lèvres, il découvre avec horreur que la jeune femme est encore vivante. Tombée en catalepsie après avoir été droguée, elle fut enterrée vivante. Commence alors un long flash-back durant lequel Carla va tenter de se souvenir des évènements qui ont failli la mener vers cet horrible destin.
Du roman de Carolina Invernizio, Infascelli n'en a retenu que le coté mélo-dramatique. Il bacio di una morta se transforme très rapidement en un long et peu passionnant mélodrame situé au siècle dernier sur fond de valses de Vienne et de french cancan. On suit avec une certaine désinvolture le destin tragique de la pauvre Carla, amoureuse de Andrea qu'elle souhaite épouser. Elle apprend malheureusement par le biais d'une lettre que sa mère lui a laissé à sa mort que Andrea est son frère, né d'une relation honteuse. Elle est donc contrainte de se marier au comte Guido Rambaldi, un homme qui la trompe allégrement avec une artiste perfide, Yvonne Rigaud. Enceinte, Carla est bien décidée à faire face et ne laisser personne lui voler cet époux volage qui pourtant ne l'aime pas.
La majorité du film s'intéresse donc aux amours clandestines de cet homme odieux, à la détresse de Carla, mère et épouse abandonnée et cocufiée, qui a vu l'amour de sa vie s'envoler suite aux révélations post-mortem de sa mère, aux secrets de familles jalousement gardés et autre héritage fort convoité. Voilà certes un beau roman-photo tout en costumes malheureusement traité sans grande imagination et surtout sans réelle conviction. La mise en scène plutôt plate et ennuyeuse plonge lentement le spectateur dans une douce torpeur, bercé par l'absence de rythme et de rebondissements, le coté répétitif de l'ensemble. Infascelli est définitivement dans le statisme le plus complet. Il est donc bien difficile d'accrocher à ce Baiser d'une morte, un titre qui pouvait faire espérer une ambiance fantastico-gothique totalement illusoire cette fois voire un film d'épouvante sombre et funeste. Quant au coup de théâtre final, il est si malvenu qu'il décrédibilise et achève de tuer un film déjà peu passionnant au départ.
Ne restent alors au crédit du film et par extension en mémoire la beauté des décors, parfaite reconstitution du siècle dernier, et des costumes, la scène d'ouverture macabre et inquiétante, une jolie musique signée Lallo Gori aux accents curieusement synthétiques et une intéressante distribution, Silvia Dioniso en tête, plus magnifique que jamais, belle et lumineuse, divine dans la peau de la jeune comtesse. Face à elle, Karin Schubert, dissimulée sous une inesthétique perruque rousse, lui donne la réplique, intransigeante. On retiendra également la présence de Orso Maria Guerrini, et les ombres toujours inquiétantes de Luciano Rossi et Luciano Pigozzi. Peter Lee Lawrence est quant à lui trop
fade et peu convaincant dans le rôle de Andrea, plus à l'aise jadis dans le western spaghetti dont il fut une des jeunes stars. Tout juste sorti du très audacieux et incestueux thriller Amore e morte nel giardino degli dei, ce fut l'ultime film de Peter qui, malade, se suicidera quelque temps plus tard.
Au final Il bacio di una morta est loin d'être une oeuvre détestable, elle est avant tout décevante et dispensable. La même année Mario Lanfranchi en tournera une nouvelle adaptation, Il bacio avec Eleonora Giorgi, Maurizio Bonuglia et Martine Beswick.