Rolf
Réal: Mario Siciliano
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 98mn
Acteurs: Antonio Marsina, Ketty Nichols, Tony Raccosta, Louis Walsor, Cynthia Cindy, Monty Caly, Malcolm Duff...
Résumé: Ancien mercenaire, Rolf est aujourd'hui un homme tranquille devenu pilote d'hélicoptère. Il tente de reconstruire sa vie avec sa fiancée jusqu'au jour où ses anciens compagnons ressurgissent et l'obligent à travailler pour lui. Le viol et le meurtre de sa fiancée le transformeront en une machine à tuer...
Cinq ans après Ecorchés vifs, film fabriqué à partir d'une bonne partie des 7 bérêts rouges auquel le réalisateur ajouta de nouvelles scènes, Mario Siciliano renoue avec le film d'aventures en mettant en scène Rolf l'exterminateur connu aussi sous le titre Représailles. Réalisateur d'une poignée de sexy comédies paillardes, Siciliano s'est plus ou moins tourné en fin de carrière vers un cinéma d'action plus trash amorcé avec Scorticateli vivi / Ecorchés vifs aux nets relents racistes. Il y mêlait les éléments d'un certain cinéma dit euro-sleaze et du film d'aventures tendance film de guerre alors en vogue. Rolf joue sur le même principe.
Le scénario est des plus simples. Simple et efficace comme dirait l'adage sauf qu'efficacité n'a jamais été le point fort de Siciliano. Si Rolf extermine bel et bien quelqu'un c'est le spectateur par l'ennui qui se dégage de cette pellicule.
Durant toute la première partie il ne se rien ou quasiment rien. Le film s'étire en longueur si on excepte quelques combats qui tournent au ralenti. Siciliano aligne les clichés les plus éculés, un héros fadasse tout en muscles, une romance mielleuse sur fond d'images naïves et de musique sirupeuse signée Fabio Frizzi. Les minutes passent et on est plus emmené à regarder sa montre que l'écran.
Arrive enfin la deuxième partie où Siciliano met en place la vengeance de son héros. Là encore, le réalisateur ne fait guère dans l'originalité. On retrouve le schéma classique de l'ancien guerrier qui fait appel à ses instincts de combattant afin de mener à bien son objectif. Voilà donc Rolf en pleine forêt traquant ses ennemis pour les éliminer un à un. Si on a déjà vu maintes fois cela et en mille fois mieux, cette seconde moitié nous sort quelque peu de la douce torpeur dans laquelle nous avions plongé. Un peu d'action n'a jamais fait de mal même si malheureusement le tout manque cruellement de suspens et surtout d'énergie.
Le seul véritable intérêt de Rolf se trouve en fait ailleurs. Ce sont en effet ses quelques scènes trash disséminées ça et là qui lui ont donné une certaine réputation et feront le plaisir des amateurs de ce type de cinéma. Siciliano insiste sur des sangsues qui glissent le long du corps de Rolf évanoui dans les marais. Il nous fait rire lorsque ce dernier tente de remettre sa jambe brisée en la coinçant dans la roue de sa jeep, rate son quadruple viol qu'il suggère plus qu'il ne le montre, nous fait plaisir avec quelques plans sanglants. Mais ce sont surtout deux scènes qu'on retiendra: celle où Rolf doit plonger sa main dans ses excréments pour signer de son doigt maculé son contrat et celle du massacre final où des jeunes enfants noirs sont jetés en l'air pour servir de cibles vivantes. Il fallait oser, Siciliano l'a fait même si l'impact de cette séquence est fortement amoindrie par ces ralentis sur fond de ciel azur qui la rendraient presque hilarante.
Quant à l'interprétation Antonio Marsina qu'on avait déjà pu voir dans La montagne du Dieu cannibale et L'ultime combat est un Rolf des plus monolithiques, dépourvu de tout charisme. Son jeu paresseux n'aide guère à insuffler au film un zeste d'énergie qui déjà au départ lui fait gravement défaut.
Rolf l'exterminateur s'oublie aussi vite qu'il s'est vu, tué par sa mollesse et son manque d'originalité. Si Rolf fut le chant du cygne de Siciliano, ce fut aussi un des derniers soubresauts d'un cinéma d'exploitation transalpin alors moribond, tellement inoffensif que ses quelques cotés douteux et complaisants s'en trouvent tristement désamorcés.