La villa delle anime maledette
Autres titres: La villa delle anime dannate / Don't look in the attic / The damned / House of the damned / House of the cursed spirits
Real: Carlo Ausino
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 81mn
Acteurs: Beba Loncar, Jean-Pierre Aumont, Annarita Grapputo, George Ardisson, Paul Teitcheid, Tonino Campa...
Résumé: Turin - 1955. Deux hommes s'entretuent sous les yeux d'une jeune fille horrifiée. L'un deux s'effondre. Elle poignarde le deuxième et s'enfuit. C'est alors qu'une main sortie de terre lui enserre la jambe. 25 ans plus tard deux frères et leur cousine Elisa, le sosie de la jeune fille qui jadis fut témoin du meurtre, hérite de la villa où s'est déroulé le drame. La maison est réputée maudite. Quiconque y entre devient fou. Très vite, d'étranges et inquiétants faits se produisent autour de Elisa qui vient d'y emménager...
Venu du polar, Carlo Ausino qui ne réalisa que six films durant sa carrière la plupart situés à Turin (l'excellent Torino nera / La vengeance du sicilien) abandonne le genre pour se tourner ici vers l'horreur gothique à l'italienne alors moribonde depuis plus d'une décennie. Etait ce là une bonne idée? Au vu du résultat on peut sincèrement en douter. Si les films de maisons hantées se font légion dans le cinéma d'horreur italien celui ci est sans nul doute l'un des plus mauvais jamais tournés. D'un tel sujet on était en droit d'attendre un certain suspens, une atmosphère un tant soit peu inquiétante, une galerie de personnages étranges, de longs travellings dans de sinistres couloirs sombres, cette folie propre au genre que renforcent d'angoissants bruits tandis que se multiplient les morts violentes. L'amateur a encore en tête les oeuvres de Bava, Margheriti et de Freda, plus proche de lui de Fulci et sa Quella villa accanto al cimitero. Est il besoin de dire qu'il n'y a rien de tout ça dans cet ultime essai cinématographique de Ausino plus dénué d'imagination et de talent que jamais.
Réduit à son strict minimum le scénario si toutefois on peut parler de scénario tant il est ici réduit à un simple embryon de brouillon accumule les incohérences, les illogismes et surtout les longueurs. Après une ouverture des plus classiques, un meurtre dans une villa maudite, La villa delle anime maledette sombre dans une routine morne et ronflante alors que le pauvre spectateur quant à lui sombre dans une profonde léthargie. Dire qu'il ne se passe rien serait ici un doux euphémisme. Ausino se contente d'enchainer de longues scènes de dialogue d'une aberrante stupidité qu'il entrecoupe d'une poignée de séquences soi-disant horrifiques d'une telle banalité qu'elles ne parviendraient pas même à effrayer un nouveau-né. Dénué de toute véritable mise en scène, le film s'étire péniblement sur 80 minutes qui très vite semblent interminables. On cherche souvent en vain le sens à l'histoire tant le réalisateur donne l'impression de coller maladroitement ça et là des éléments inhérents au genre afin d'apporter au film une touche horrifique. Voix mystérieuses, pièces remplies de fumée, apparitions, objets qui se déplacent, mains qui sortent de terre, personnages plus comiques qu'effayants... voilà qui pourrait être intéressant mais dans ce cadre précis on reste bouche-bée tant ici cela semble vilainement greffer sur du vide. Les quelques effets retombent dans la seconde qui suit et provoquent plus le rire (ou la consternation selon l'humeur du jour) que cette peur tant recherchée.
Proche de l'amateurisme, La villa delle anime maledette qui se permet même l'hérésie de citer Shining se transforme vite en un calvaire et vient rejoindre la liste des plus mauvais films italiens jamais réalisés à coté notamment de La croce dalle sette pietre qui au moins possédait l'avantage d'arracher quelques rires jusqu'à en devenir par moment presque ludique.
On évitera de parler de l'interprétation, tout aussi inexistante. C'est triste, abattu qu'on retrouvera Beba Loncar au crépuscule de sa carrière, perdue dans ce néant, et l'ex-sexy starlette Annarita Grapputo à qui on cherche vainement cette fois un zeste de charme. Déçue par l'univers du cinéma Annarita mettra un terme définitif à sa carrière d'actrice par la suite, on peut la comprendre! Tout aussi déplorables sont George Ardisson et Jean-Pierre Aumont tout deux au comble du ridicule.
Ne subsistent au crédit du film que la villa elle même se dressant dans ce Turin sombre et si apprécié du réalisateur, une ouverture qui le temps de quelques minutes fait illusion et la partition musicale de Stelvio Cipriani qui reprend les tonalités de Solamente nero. Voilà qui est bien peu et ne parvient nullement à rehausser le niveau irrémédiablement bas de l'ensemble. On avoisine malheureusement ici le zéro absolu! Voilà un bien déplorable chant du cygne pour non seulement Beba Loncar et Annarita Grapputo mais également pour Carlo Ausino.