La croce dalle sette pietre
Autres titres: Cross of the seven jewels / Talisman / Il lupo mannaro contra la Camorra
Réal: Marco Antonio Adolfi
Année: 1987
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 88mn
Acteurs: Marco Antonio Adolfi, Annie Belle, Gordon Mitchell, Paolo Fiorino, George Ardisson, Zaira Zoccheddu, Glauco Simonini, Giulio Massimini, Stefano Murè, Marco Merlo...
Résumé: Il pèse sur Marco une terrible malédiction: sans son pendentif, une croix sertie de sept pierres, il se transforme en loup-garou à chaque pleine lune. Lorsqu'il se fait dérober son pendentif lors d'un vol à l'arraché, il doit avec l'aide d'une prostituée le retrouver à tout prix...
Ce n'est pas pour rien que ce film entretient sa réputation du film le plus incroyablement mauvais du cinéma Bis italien. Réalisé par Marco Antonio Adolfi qui en est également le scénariste et l'acteur principal- rien que ça- l'histoire nous conte les aventures du sympathique Marco sur qui pèse une malédiction: sans son pendentif, une croix sertie de sept pierres, il se transforme en loup-garou à chaque pleine lune. Lorsqu'il se fait dérober son pendentif lors d'un vol à l'arraché, il doit avec l'aide d'une prostituée le retrouver à tout prix.
Rien de très original donc mais à la lecture de ce scénario confetti on est loin d'imaginer le film en lui même. Ce sont déjà les invraisemblances qui se multiplient sur 90 minutes à croire que Adolfi a eu bien des absences lors de son écriture. Marco quitte Naples pour Rome afin d'y rencontrer sa cousine qu'il n'a plus vu depuis vingt ans après que la meilleure amie de celle ci lui ait écrit. Mais à la gare, il n'y a ni cousine ni meilleure amie mais une inconnue se faisant passer pour la cousine en question. De ces gens on n'entendra plus parler alors, Adolfi les raie de son histoire. C'est une prostituée au grand coeur qui remplacera ses personnages invisibles servant juste de base à cette abracadabrante aventure.
Et la catin à l'esprit très ouvert puisqu'elle accepte tout sans sourciller y compris que Marco soit un lycanthrope. On ne compte plus les personnages qui disparaissent sans raison, les scènes inutiles qui servent de remplissage et surtout les incohérences, atteignant des sommets de ridicule lors des séquences de flashes-back qui parsèment le film.
Si on subit les mêmes images à répétition, on se perd dans le labyrinthe du temps. Ainsi, le gourou de la secte appartient au passé mais pourquoi Diable pourchasse t-il sans raison notre héros dans le présent? A quoi servent ces scènes où on voit la mère du héros copuler avec le Diable, une mère qui n'apporte rien au scénario? Pourquoi ces orgies devant l'autel comme si Adolfi s'était dit qu'il fallait absolument des séquences de sexe dans un film de lycanthropie et en avait donc intégré sans aucune autre raison? On pourrait en énumérer des tas d'autres mais par compassion pour Adolfi on les passera sous silence.
On ne pourra pas pourtant pas ignorer le fait que notre pauvre héros à cours d'idée pour retrouver son médaillon aille voir le chef de la Camorra en personne afin de vérifier qu'il ne l'a pas en sa possession. On nage en plein surréalisme.
On ne mentionnera pas les dialogues d'une niaiserie à faire pleurer de rire un mourant ni le jeu catastrophique des acteurs. Ce qu'on ne peut ignorer cependant ce sont les effets spéciaux digne de Meliès. Ainsi le Diable est ici une irrésistible et mollassonne réplique naine de Chewbacca, claudiquant à travers un couloir, ses splendides yeux rouges clignotant, soit deux ampoules de Noël insérées dans son masque, avant qu'il ne disparaisse soudainement grâce à un splendide effet qu'on n'avait plus vu depuis le cinéma muet.
Mais le plus hallucinant ici est notre loup garou. Portant une paire de gants en latex digne d'un costume pour train fantôme, Adolfi s'est simplement recouvert le visage d'un splendide masque trop grand qui ne lui cache que les yeux, rappelant sans effort ces masques si judicieusement nommés « Loup » que l'on porte lors des bals costumés. Ce magnifique masque est surmonté d'une perruque du plus bel effet volée dirait on à Keoma mais le minuscule budget du film n'ayant pu supporter plus de frais, notre lycanthrope est totalement imberbe et se promène nu, les fesses à l'air. Un mouchoir vert olive collé sur le pubis lui sert de cache sexe. Si on s'étonnera d'une telle métamorphose, on ne cherchera pas à comprendre pourquoi il arbore une dentition digne d'un spot publicitaire ni pourquoi une fois redevenu humain, il se retrouve habillé, ses manches déchirées, un peu comme Hulk, mais sans chaussures. Etrangement, une fois la malédiction levée, lors de son ultime métamorphose il se retrouvera cette fois nu dans les bras de l'héroïne.
Adolfi se laisse aller à quelques plans qui se veulent gore, soit un délicieux visage qui se liquéfie en fondus enchainés comme au bon vieux temps du cinéma des années 50 et une magnifique explosion de poitrine soit une baudruche en plastique gonflée au gaz et remplie de boyaux.
L'ensemble est d'une laideur qui n'a d'égal que celle des décors. La secte, soit quatre ou cinq figurants que harangue notre gourou en lévitation ( en fait monté sur une estrade mal dissimulée), se retrouvent coincés dans un minuscule coin de studio en carton, les séquences d'orgie soit deux couples nus, sont aussi molles que la chair flasque des sbires ventripotentes qui les fouettent de façon anémique.
On ne compte pas les faux raccords, le plus beau étant celui où notre héros se prend un coup de poing au visage mais tombe deux secondes plus tard en se projetant lui même contre le mur!
La croce delle sette pietre ne fut jamais distribué en salles en Italie. Les distributeurs ont toujours refusé de le sortir au vu de son incommensurable médiocrité. Cela n'a pas empêché le film d'être édité dans une édition DVD remasterisée.
Aux cotés de Marco Antonio Adolfi, ici crédité Eddy Endolf, le pauvre Gordon Mitchell en gourou apparaît et disparait au bon gré du réalisateur. Le film fut le dernier que tourna Annie Belle en fin de parcours, incarnant notre prostituée. Annie y est méconnaissable et n'a aujourd'hui aucun souvenir d'avoir un jour tourné cette plaisanterie, trop dépendante alors de l'alcool dit elle. Cela vaut peut être mieux pour elle de ne pas s'en souvenir.
Si on pensait avoir atteint avec Horror ou Werewolf le fond du panier du film de lycanthrope, La croce dalle sette pietre les dépasse aisément et de loin.
Un joyau de n'importe quoi qu'on a honte de regarder et surtout d'apprécier d'un plaisir coupable!