Amazzoni donne d'amore e di guerra
Autres titres: Les Amazones, filles pour l'amour et pour la guerre / Les Amazones font l'amour et la guerre / Battle of the Amazons
Real: Alfonso Brescia
Année: 1973
Origine: Italie / Espagne
Genre: Peplum
Durée: 91mn
Acteurs: Lincoln Tate, Lucretia Love, Paola Tedesco, Mirta Miller, Benito Stefanelli, Genie Woods, Solvy Stubing, Luigi Ciavarro, Roberto Bastianoni, Riccardo Pizzuti, Pilar Clemens, Alberto Dell'Acqua, Sonia Ciuffi, Franco Ukmar, Fernando dell'acqua, Liliana Fioramonti, Edith Shock...
Résumé: Dans des temps fort reculés, les redoutables Amazones, farouches guerrières, faisaient régner la terreur sur les villages avoisinants. Elles se servaient des hommes comme esclaves, les violentaient et les torturaient. Leur seule utilité à leurs yeux était la reproduction. Las de leur tyrannie, les hommes d'un village voisin vont se révolter tandis que les femmes prennent le commandement des opérations. Elles vont tenter de renverser la Reine et son âme damnée, une lesbienne sadique...
Alors que le peplum qui fit jadis la gloire du cinéma italien, est depuis bien des années moribond, le début des années 70 vit un léger regain du genre, une tentative de le faire renaitre de ses cendres avant un nouveau sursaut au début des années 80. C'est ainsi que fut de nouveau mis à la mode le joli thème des Amazones, puissantes et redoutables guerrières, ennemies jurées de la gente masculine.
Si en cette année 1972 l'hollywoodien Terence Young allait tourner Le guerriere dal seno nudo / Les amazones, Joe D'Amato assisté de l'américain Steve Carver mettait en scène de son coté l'intéressant La rivolta delle gladiatrice. Parallèlement Alfonso Brescia, artisan touche-à-tout du cinéma de genre transalpin, réalisait Amazzoni donne d'amore e di guerra. Autant dire que gladiatrices et Amazones avaient le vent en poupe. Avouons le de suite, Amazzoni donne d'amore e di guerra est une bonne surprise.
Tourné pour un budget dérisoire dans un coin de campagne romaine, Brescia parvient aisément à masquer son manque de moyens derrière une violence assez étonnante, quelques scènes trash et surtout un rythme trépident, principaux atouts de cette petite production fauchée mais charmante.
L'histoire est des plus simples. Cruelles guerrières, les Amazones règnent en force sur les villages de leur territoire. Elles ont fait de tous les hommes, êtres vils et bestiaux dont l'unique utilité est la reproduction, leurs esclaves. Lorsqu'un d'entre eux, Xeno, parvient à s'échapper, un des villages va tenter de se révolter. Les femmes prennent la tête des opérations afin de renverser le pouvoir de la reine des Amazones. Ce scénario malingre écrit par Bruno Corbucci et Mario Amendola n'est en fait qu'un simple prétexte à aligner 90 minutes durant des scènes de tortures et de violence, toute une série de combats féroces et d'effets sanguinolents afin d'exploiter jusqu'à la lie le filon au détriment même de toute logique ou cohérence. Autant dire que l'amateur d'euro-trash devrait être ravi.
Outre quelques membres tranchés, quelques épées enfoncées dans les corps, quelques plans de flagellation, d'hommes réduits aux travaux forcés, violentés, ferrés, tués sans pitié par ces femmes cruelles, on retiendra tout particulièrement une séquence de torture fort jouissive. Punie pour avoir osé tomber amoureuse d'un mâle, une amazone est condamnée à la peine de mort par la reine. Suspendue par les pieds à une corde à laquelle on a mis le feu, les mollets exsangues, la malheureuse doit essayer de se détacher avant que les flammes brûlent la corde. Le cas échéant, elle s'empalera sur d'énormes pieux quelques mètres plus bas. Doit on dévoiler l'issue de cette tragique scène?
Bénéficiant d'un rythme soutenu, sans aucun temps mort, Les Amazones filles pour l'amour et pour la guerre accumule les scènes d'action et de combats à l'épée toutes rondement menés par un Brescia fort en forme malgré un budget dérisoire. Faire avec ce qu'on a tel a toujours été le motus operandi de ce réalisateur bricoleur et d'une manière plus générale de tout film Bis. Amazzoni donne d'amore e di guerra ne déroge pas à la règle. Ainsi, Brescia ne situe guère son film dans le temps, on reste dans le flou quant à l'époque où il est censé se dérouler. Les décors sont réduits au minimum, une sorte de carrière sert de bagne tandis que la campagne et les bois verdoyants environnants servent d'abris aux Amazones ainsi qu'aux villageois bien peu nombreux, une dizaine de figurants et figurantes logés sous quelques huttes vite embrasées par les torches des impitoyables guerrières. Ces dernières tout aussi peu nombreuses sont mises à la même enseigne. Le royaume de la reine n'est jamais qu'un minuscule camp où elles se regroupent lorsqu'elles n'arpentent pas la carrière où elles retiennent prisonniers les hommes lorsqu'elles ne vénèrent pas le dieu de la guerre Arès. Juste clin d'oeil à la mythologie d'un Brescia soucieux d'un zeste de véracité dans ce récit bien peu scolastique. Si on associe à juste raison les Amazones aux discours féministes et à la suprématie de la femme sur l'homme, on sourira face à certaines scènes qui fustigent bêtement justement cette symbolique. Ainsi toutes redoutables soient elles, nos guerrières se laissent duper par des brigands et se font même violer avant de leur accorder de nouveau leur confiance. Etrange mais amusant car cela permet à Brescia d'ajouter au menu un petit viol. On est en pleine exploitation et on aime ça!
Rythmé par une agréable partition musicale, Amazzoni donne d'amore e di guerra est bien entendu saupoudré d'une once d'érotisme et de voyeurisme. Toutes les occasions sont donc bonnes pour dénuder une poitrine, organiser une petite orgie sous une hutte et d'agrémenter l'ensemble d'une ombre de lesbianisme par l'intermédiaire de l'âme damnée de la reine, une guerrière sadique et lesbienne.
Reste le final, véritable splendeur pour tout amateur d'euro-trash, la longue bataille entre les Amazones dont le visage est recouvert de masques rituels et les villageois. Féroce certes, épique dans le sens moindre du terme mais surtout très étrange et amusant car à regarder de plus près, on remarquera que toutes nos amazones sont en fait des... hommes! L'illusion n'est pas parfaite, les masques servent à dissimuler le visage des cascadeurs et maîtres d'arme, les armures n'effacent guère leur musculature, les perruques sont bien visibles comme ces quelques slips lors de pirouettes et autres acrobaties. Il est certain que les comédiennes auraient donner moins de nerf et de crédibilité à cette lutte sans merci mais ici l'effet est trop flagrant même filmé sans beaucoup d'éclairages. Dommage certes mais que c'est drôle!
On saluera par contre, ultime atout de cette petite série fort distrayante, une distribution qui tente de donner son maximum notamment Genia Woods, déjà aperçue dans Supermen contre les amazones, froide et cruelle dans le rôle de la reine, la toujours aussi charmante Lucretia Love est sa diabolique conseillère lesbienne, Lucretia qui avait déjà participé à La révolte des gladiatrices l'année d'avant, et Paola Tedesco qui fit ses grands débuts chez Pasolini sans oublier l'allemande Solvi Stubing.
Les amazones font l'amour et la guerre est un bien divertissant spectacle qui reflète à sa façon toute la barbarie d'une ère légendaire que Brescia exploite dans la plus pure tradition de ce cinéma qui nous est cher. Voilà une série d'aventures fauchée, un péplum drôle et jouissif qui devrait ravir les amateurs de cinéma d'exploitation