Body puzzle
Autres titres: Misteria
Real: Lamberto Bava
Année: 1992
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: Joanna Pacula, Tomas Arana, Gianni Garko, François Montagut, Erika Blanc, Susanna Javicoli, Matteo Gazzolo, Ursula Von Baechler, Giovanni Lombardo-Radice...
Résumé: Une nuit, un homme tue volontairement un motard en fonçant sur lui puis il assassine un pâtissier et dépose son oreille dans le réfrigérateur d'une jeune veuve, Tracy, qui travaille dans l’édition. La tombe de son mari, un pianiste, est également profanée. Les meurtres se succèdent et une partie du corps des victimes est prélevée puis envoyée à la pauvre Tracy. L’inspecteur Mike Livet mène enquête. Qui est donc ce maniaque sadique et pourquoi envoie-t-il des morceaux de corps à la jeune femme?
Ultime film que réalisa Lamberto Bava pour le grand écran avant un misérable retour en 2005 avec The torturer de piètre mémoire, Body puzzle tente avec plus ou moins de succès de faire renaitre de ses cendres un genre jadis prolifique, le giallo, tout en suivant les traces de ses derniers opus à savoir Delirium, La maison de la terreur et Midnight horror.
Sur une idée de départ plutôt originale, Lamberto Bava secondé ici par le vétéran Domenico Paolella à l'écriture ne nous offre malheureusement guère mieux qu’un téléfilm de bonne facture. En alliant les bases du giallo à celles du splatter movie alors en vogue depuis quelques années, Bava signe un honnête thriller horrifique qui prêche surtout par ses incohérences et son scénario décousu qui essaie tant bien que mal de perdre le spectateur sur de nombreuses fausses pistes jusqu'au coup de théâtre final aussi sanglant que peu convaincant. Cette dispersion et cet entêtement à accumuler les non sens scénaristiques nuisent beaucoup à la crédibilité de l'histoire alors que Bava semble vouloir opter pour un thriller à la Argento en lui empruntant le dédoublement de personnalité dont souffre son meurtrier dont on découvrira ici le visage dés les premières images, véritable incartade au traditionnel whodunit auquel Bava rend cependant hommage par le biais de nombreux clins d'oeil. Pour information, si l'assassin écoute dans son walkman Una notte al Monte Calvo de Mussorgski, c'est au départ le Carmina Burana de Carl Orff que Bava avait choisi mais il dut malheureusement y renoncer pour des problèmes de droits.
Peu original, souvent invraisemblable, Body puzzle dont l'action se situe dans les quartiers résidentiels de Rome sent le déjà vu d'autant plus que le manque de conviction de Bava et le coté prévisible des diverses situations font tomber à l'eau une bonne partie du suspens. Mais avant de rejeter la faute entièrement sur Bava, il faut savoir que le réalisateur rencontra que gros problèmes de désaccord avec les producteurs, les frères Bregni, durant tout le tournage tant et si bien que le scénario et l'ambiance en pâtirent. Bava quitta le plateau à peine les derniers tours de manivelle donnés.
Il faut pourtant reconnaitre à Body puzzle ses qualités. Avec peu de moyens, Bava Jr a tout de même réussi à concocter un honnête petit thriller certes guère palpitant mais cependant jamais ennuyant, ponctué de meurtres parfois sadiques même s'ils sont peu nombreux et, chose peu commune dans le genre, tous commis en plein jour. On retiendra quelques très bons moments également parfois audacieux comme notamment l'assassinat de l'institutrice dans la salle de classe face à des enfants non-voyants ou l'impressionnant assassinat dans la piscine.
Joliment photographié, bénéficiant d'une distribution internationale plutôt agréable, Body puzzle est un retour aux sources louable qu'on visionnera avec un certain intérêt. Après sa longue série de téléfilms plus ou moins réussis, Bava fait honneur au genre avec ce Body puzzle qui sans être un chef d'oeuvre parvient cependant sans mal à capter l'attention du spectateur, prouvant une fois de plus que s'il n'a pas hérité de la maestria de son père, il n'en demeure pas moins un réalisateur sous-estimé à réévaluer. Body puzzle connut malheureusement un triste sort lors de sa sortie en salles en Italie et ressortit quelques temps plus tard sous le titre Misteria.
Aux cotés de la polonaise Joanna Pacula, la vétérante Erika Blanc et la regrettée Susanna Javicoli on retrouvera toujours avec plaisir Gianni Garko qui campe ici un commissaire très américanisé et le français François Montagut, meurtrier sadique et schyzophrène très crédible. Giovanni Lombardo-Radice fait une trop courte apparition cette fois.