La legge dei gangsters
Autres titres: La loi des gangsters / Violent kill / Quintero / Gangster's law
Real: Marcello Siri
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 88mn
Acteurs: Maurice Poli, Klaus Kinski, Max Delys, Hélène Chanel, Samy Pavel, Susy Andersen, Aldo Cecconi, Aurora Bautista, Nello Pazzafini, Micaela Pignatelli, Donatella Turri...
Résumé: Une bande de truands se préparent à faire un casse. Pourtant bien organisé celui ci échoue. Lors de l'arrivée de la police, un des gangsters, Esposito, est blessé. Il parvient à s'enfuir avec ses partenaires. Il se remémore alors son passé, sa rencontre avec eux tout en retraçant le passé de chacun d'eux. Ce qu'ils ignorent c'est que parmi eux s'est glissé un traite qui n'a qu'une seule idée en tête: récupérer l'argent pour lui seul. Après qu'il ait froidement abattu tous ses complices, il va devoir faire face au seul survivant...
La legge dei gangsters que réalisa Marcello Siri en 1968 préfigure un genre qui avec le giallo allait quelques années plus tard envahir les écrans italiens: le polizesco ou polar à l'italienne. En ce sens La legge dei gangsters est un des précurseurs du genre, principal intérêt de ce film noir monté en flashes-back.
Scindé en deux parties bien distinctes, La loi des gangsters s'ouvre par un casse qu'une petite bande de truands a mis au point. Celui tourne mal et les malfrats sont obligés de fuir tandis que l'un des leurs, Esposito, est blessé. Ainsi débute un long flash-back durant lequel Esposito va se remémorer son passé et nous faire découvrir celui de ses partenaires d'infortune.
Si l'attaque de cette banque laissait augurer du meilleur, brillamment mise en scène, le spectateur va assez vite désenchanter puisque le rythme va dangereusement ralentir durant toute cette première partie jusqu'à paraitre pour certains plutôt ennuyeuse.
Siri s'attache à dépeindre la vie de chacun de ses protagonistes, leur rencontre tout en se concentrant sur Esposito, un homme venu de Naples, mal accepté à Gênes, la ville où se déroule cette histoire. Siri tente de mettre en avant un certain racisme dont sont victimes les émigrés du Sud venus chercher fortune au Nord. C'est peut être là le seul véritable point d'intérêt de cette première partie assez mollassonne ainsi que son ambiance psychédélique qui tranche avec le ton noir du polar traditionnel. Siri nous plonge en effet dans les communautés hippies sur fond de jerk et de séquences par instant hallucinées où pointe un érotisme discret brisé par quelques rixes nocturnes sur des dance floors flower power. Si on est un tant soit peu sensible à cette atmosphère très années 60 on risque d'être charmé par ces séquences rythmées par une partition musicale particulièrement entêtante.
La deuxième partie verra enfin naitre les promesses de son titre alors que le film prend enfin l'apparence d'un véritable polizesco. On suit donc les préparatifs du casse et son déroulement ce qui nous ramène à la séquence d'ouverture. Siri privilégie cette fois l'action et la violence même si celle ci est ici plutôt modérée. Poursuites, règlements de comptes, trahisons, La loi des gangsters tiendra en haleine jusqu'au son final haletant, la poursuite et le duel sur le port entre l'ultime survivant de la bande et le traitre qui aura donc pris soin d'éliminer tous les membres du gang lors d'un geste aussi nihiliste que sauvage.
Bénéficiant d'une jolie photographie, La loi des gangsters jouit d'une fort sympathique distribution puisqu'on y retrouve Maurice Poli, Nello Pazzafini, la blonde sexy star Hélène Chanel et la brune Donatella Turri aux cotés du pasolinien Franco Citti qui a malheureusement un peu de mal à rendre crédible son personnage d'émigré napolitain tant il n'a rien d'un italien du sud tandis que Klaus Kinski, trop peu présent malheureusement, interprète le traitre de service. Son implacable affrontement avec Maurice Poli lors du final ébouriffé reste un des sommets du film.
On signalera au générique la présence de deux jeunes acteurs français, deux révélations, Max Delys, alors prince du roman-photo italien, qui voyait là son tout premier grand rôle au cinéma avant de réapparaitre dans deux autres polizeschi, Liberi armati pericolosi et Brigade antiracket ainsi queSamy Pavel, futur réalisateur de L'arriviste, La veillée, Le moulin de Daudet et le documentaire musical Claude François le film de sa vie dont on n'oubliera pas le bouillonnant corps à corps à demi nu lors avec Hélène Chanel sur un air de jerk endiablé.
Tout traditionnel soit il La legge dei gangsters est un polar noir attachant aux personnages joliment dessinés même si on regrettera une première partie beaucoup trop lente et mollassonne qui risque de donner une impression erronée quant au réel contenu du film.