Queen kong
Autres titres:
Real: Frank Agrama
Année: 1976
Origine: Italie/ Grande Bretagne
Genre: Comédie / Fantastique
Durée: 87mn
Acteurs: Robin Askwith, Rula Lenska, Valerie Leon, Roger hammond, John Clive, Carol Drinkwater, Brian Godfrey, Anthony Morton, Fiona Curzon, Fiona Platts, Linda Hayden, Suzy Arthur ...
Résumé: Une équipe de cinéma réalise un film d'horreur sur une île tropicale. La réalisatrice découvre que les indigènes vénèrent un singe géant Queen Kong! Voyant là un excellent moyen de se faire de l'argent, elle décide de capturer Queen Kong et de la ramener à Londres. Queen Kong devient vite le symbole de toutes les ligues féministes mondiales, incarnant le pouvoir et la suprêmatie de la Femme. Mais Queen Kong n'apprécie guère cette vie et s'échappe...
Production italo-britannique, Queen kong connut lors de sa sortie de graves démélés avec Dino De Laurentiis et les producteurs de King Kong qui en empêchèrent la sortie sur quasiment les cinq continents. Devenue alors une oeuvre rare et quasiment culte, parfois même soupçonnée de n'avoir jamais existé, Queen Kong est à la série Z ce que le célèbre singe géant est au cinéma hollywoodien.
On l'aura compris le film de l'égyptien Frank Agrama à qui on doit également un Dawn of the mummy de piètre mémoire est une variante féministe de King Kong remplacé ici par un gorille femelle géant vénéré sur une île tropicale où débarque une équipe de cinéma.
Dés les premières images, le ton est donné. Un acteur quelque peu efféminé en tenue safari est poursuivie par une horde d'Amazones cannibales prêtes à le mettre dans leur grand chaudron. Le reste du film est à l'avenant. Agrama livre une comédie ultra-fauchée, un pastiche grotesque inénarrable truffé de clins d'oeil de toutes sortes et de références cinématographiques que l'amateur s'amusera à repérer dont un irrévérencieux hommage à un certain cinéma d'aventures des années 40.
Queen kong est une sorte de bric à brac où se mélangent hommages et gags dont le but est de se moquer de manière plus ou moins pointue de la société d'alors comme ces publicités pour cartes de crédit perdues en pleine jungle au détour d'un arbre.
Pour le reste, Agrama accumule les gags de toutes sortes et les lourdeurs humoristiques sans pour autant être pesantes tant on demeure dans le n'importe quoi même si l'homosexualité ouvertement présente est traitée de façon assez vulgaire à l'instar de beaucoup d'autres comédies de cette époque. L'un des hommages les plus drôles est d'ailleurs celui rendu à Jaws à travers ces stock-shots de requins juste avant qu'un squale, une toute coquine mini-baudruche du plus bel effet, ne se hisse à bord du bateau, saluant de son aileron les passagers tout en leur montrant un écriteau accroché à son cou: I'm lady Jaws 76.
Farfelu, parodique, Queen kong est un joyeux capharnaüm dans lequel on a droit à des tribus de bimbos amazones en voiles et talons hauts plus godiches les unes les autres qui vivent en pleine jungle, des indigènes en frou-frou fluo qui dansent le konga, un pick-pocket répondant au nom de Ray Fay (!) qui se ballade en veste en plumes et jupe-pantalon, des galeries de personnages tous plus loufoques les uns que les autres semblant tous issus d'un épisode de Benny Hill sans oublier des dialogues surréalistes et hilarants, des langages pas très fins à base d'onomatopées pétulantes là encore truffés de clins d'oeil tant musicaux que cinématographiques.
Le clou du film reste bien entendu l'apparition de Queen Kong, vénérée par une tribu de gourdes blondes prêtes à lui offrir un mari. Notre gorille géante, en fait un acteur en costume qui déambule au milieu de maquettes, s'empare donc de notre aventurier en plumes avant qu'un dinosaure ne l'attaque car l'île regorge bien entendu de créatures préhistoriques. On a ainsi droit à un combat homérique entre Queen Kong et un dinosaure en carton-pâte orné de superbes dents en papier mâché, un combat à coups de poing et de pied bien placés puisque Queen Kong est une karatéka vicieuse qui déchirera le beau papier de notre monstre d'un autre temps. On ajoutera un autre combat tout aussi homérique avec cette fois un ptérodactyle suspendu à un fil que notre gorille détruira sans aucun problème après avoir effectué quelques tours sur elle même.
Notre rousse réalisatrice vénale qui ne voit que la richesse et la gloire, comptant l'argent comme on compte le nombre de bouclettes sur sa tête, s'empressera de capturer Queen Kong afin de la ramener à Londres devant un parterre d'anglais ébahis et fou de joie.
Agrama après s'en être donné à coeur joie dans sa pseudo jungle nous propulse à Londres grâce à de superbes stock-shots et autres cartes postales interposées. Alors que notre réalisatrice épouse son aventurier au son d'un groupe parodiant les Beatles cachés sous des masques simiesques, Queen Kong n'apprécie guère d'être enfermée dans un carton d'anniversaire géant, encore moins de porter un soutien-gorge. Elle s'enfuit donc dans les rues de Londres et se réfugie au sommet de Big Ben, une pauvre maquette où s'agite une poupée simiesque, au grand dam de quelques bobbies aussi endormis que livides. Mais il est ici hors de question de faire du mal à Queen kong, mascotte des ligues féministes qui défilent dans les rues et triompheront dans leur lutte.
Le film d'Agrama est avant tout un film féministe, véritable oeuvre pro-MLF où l'homme prend la place de la femme. Elle devient forte et courageuse alors que le Mâle est pleutre, faible, pleurnichard et peureux. Il ne mérite pas d'être sauvé par la Femme, véritable héroïne et détentrice de la force et du courage. Queen Kong deviendra ainsi la représentante de la libération des femmes lors d'un final abracadabrant. Notre gorille géante, assise sur sa gondole, descend joyeusement la Tamise, saluant la foule en délire telle Sa majesté la reine saluant le peuple avant de retourner sur son île en véritable déesse et symbole mondial. Queen Kong ou le triomphe de la Femme!
Queen Kong est une véritable série Z fauchée, hilarante et irracontable frisant parfois le mauvais goût. Mais par delà ses aspects farfelus et totalement délirants, c'est également une parodie acide de la société des années 70 qui se permet même quelques audaces en se moquant de la politique américaine par le biais d'une projection de films de Ronald Reagan.
Le film connut pourtant en Angleterre une novelisation qui fut distribuée sans problème aucun et mit l'eau à la bouche à plus d'un, imaginant alors ce que le film pouvait donner.
Aux cotés de la rousse Rula Lenska venue de la télévision, on reconnaitra le blond Robin Askwith qu'on avait déjà pu voir dans Tower of evil / La tour du diable, I racconti di Canterbury et La griffe de Frankenstein avant qu'il ne connaisse son heure de gloire avec Confessions of a window cleaner.