Yeti il gigante del ventesimo secolo
Autres titres: Yeti le géant d'un autre monde / Big Foot / Yeti: The giant of the 20th century
Real: Gianfranco Parolini
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Comédie fantastique
Durée: 96mn
Acteurs: Mimmo Crao, Antonella Interlenghi, Jim Sullivan, Luciano Stella, Eduardo Fajeta, John Stacy, Steve Elliott, Francesco D'Adda, Aldo Canti, Donald O'Brien, Giuseppe Mattei...
Résumé: Sorti de sa caverne de glace où il dormait depuis des siècles quelque part au Groeland, le Yeti est ramené congelé à New-York par un professeur bien peu scrupuleux. Malheureusement il décongèle et parvient à s'échapper. Il commence alors à semer la panique dans la ville. Pourtant Yeti n'est pas méchant, il ne souhaite qu'une chose: qu'on l'aime! Il tombe amoureux de la jeune Jane mais Yeti découvre que les humains sont de viles créatures qui veulent le tuer. Yeti n'est pas content et il va le montrer...
Remplacez King Kong par le Yeti et vous aurez de suite une idée du film car c'est bel et bien sur les traces du King Kong de De Laurentiis que Gianfranco Parolini, plus connu pour ses nombreux péplum et western-spaghetti, marche avec ce film qui demeure une des plus désespérantes mais hilarantes série Z transalpines mais également la seule tentative italienne de copier le succès du film de De Laurentiis. Et pour cause puisque le film sera un four à sa sortie en salles en Italie voyant là son espoir de toucher le marché américain s'envoler. Voilà peut être bien une bonne raison de trouver 90 minutes de son temps pour découvrir cet unique essai.
Yeti il gigante del ventesimo secolo est une sorte de bien vilaine farce, une comédie particulièrement absurde à l'humour puéril remplie de bons sentiments, l'objectif semble t-il étant de faire oublier l'aspect effrayant du Yéti au profit d'une oeuvre familiale, tout public, destinée à émouvoir nos jeunes têtes blondes. Si Yeti peut fièrement s'enorgueillir d'être un des pires films alors tournés il faut cependant reconnaitre que l'absurdité, la niaiserie par instant aberrante de l'ensemble plongée dans cette étendue de sentimentalité fait tout son charme. Comment ne pas être touché par les mimiques du géant polaire hirsute, la tendresse et la sensibilité dont il fait preuve par instant, l'histoire d'amitié (d'amour?) parfois touchante qui le lie à la jeune Jane et son inséparable frère Herbie devenu muet suite à un traumatisme familial.
Parolini se permet même de faire tendrement dormir la jeune fille avec notre Yeti, transformé en une sorte de Nounours, lors d'une scène qui touche en plein coeur un public de 7 à 77 ans. C'est certainement là l'atout majeur de cette série Z archi fauchée tournée pour un budget quasi inexistant dont les effets spéciaux frisent le plus souvent le néant absolu puisque composés de transparences plus que transparentes totalement ratées, de décors miniatures en carton-pâte ou en polystyrène, de modèles réduits bien visibles tandis que notre bon Yéti est selon les séquences où il apparait soit une ridicule poupée évoluant dans
un décor naturel soit un acteur grimé se mouvant au milieu de maquettes grossières. On saluera à cette occasion l'incroyable prestation du jeune calabrais Mimmo Crao (Domenico Crao), déjà repéré dans le Sexycon, Jesus de Nazareth et Storie di vità e malavità, recouvert de poils bruns hirsutes qui lui donnent l'apparence d'un singe. Son jeu est très certainement le seul point positif de ce film délirant et hallucinant. Mimmo parvient à donner à cette créature simiesque à travers ses mimiques incroyables, son sourire impeccable, ses cris empruntés à un éléphant et surtout un simple jeu de regard cette humanité, cette douceur à laquelle on ne peut rester insensible.
Pour le reste Yeti il gigante del ventesimo secolo, rythmé la plupart du temps par une bande originale qui se contente de reprendre le Carmina Burana (!!), est une suite de péripéties plutôt cocasses, quelques fois drôles et bien trouvées comme celle où le Yeti, monté sur un gratte-ciel, joue au yo-yo avec un ascenseur bondé, accompagnée de dialogues d'une niaiserie, d'une mièvrerie sidérante renforcés par une version française délicieusement grotesque, joyeusement hilarante.
Aux cotés de Mimmo Crao on aura le plaisir de retrouver dans son premier rôle à l'écran une toute jeune Antonella Interlenghi alors tout juste âgée de 18 ans dont on admirera la petite
culotte sous sa robe diaphane. On soulignera la participation furtive du vétéran Donald O'Brien dans le rôle du sergent et celle de l'ex-beau gosse Tony Kendall. Rectifions également une erreur ou plutôt une confusion provenant de l'Imbd. Le frère de Jane est interprété par le jeune Matteo Zoffoli (Zanna bianca alla riscossa) dissimulé sous le pseudonyme anglo-saxon Jim Sullivan à ne pas confondre avec l'acteur-scénariste américain homonyme qui n'a aucun rapport bien évidemment avec Matteo qui disparut de la circulation après une ultime apparition dans The big red one en 1980.
Aussi catastrophique soit-il Yéti le géant d'un autre monde reste une blague pelliculaire
inoubliable éminemment sympathique, une des plus hilarantes séries Z transalpines faite de bric et de broc qui devrait faire la joie de l'amateur et le ravissement du novice pour le peu qu'il soit tolérant et surtout ouvert à la récréation. Voilà bien une expérience cinématographique mémorable pour tout adorateur de ce type de films qui avoisine certes le néant mais possède ce charme si touchant qui en fait bien souvent des pièces indispensables pour tout bon bissophile.