Gossenkind
Autres titres: Street kid
Real: Peter Kern
Année: 1992
Origine: Allemagne
Genre: Drame
Durée: 88 mn
Acteurs: Max kellermann, Winfried Glatzeder, Nicole Weber, Daniel Aminati, Daniel Berger, Renate Krossner, Gerd Braasch, Gerd Uhlenbrog, Manuela Alphons, Peter Siegenthaler, Christiane Lemm, Bernd Stegemann, Christoph Schlingesief...
Résumé: Axel a 14 ans. Il vit de la prostitution. Son beau-père le bat et le viole régulièrement lorsqu'il ne rapporte pas assez d'argent mais il bat également sa mère, une alcoolique qui semble avoir touché le fond. Un jour Axel fait la connaissance de Heinz, un quadragénaire père de famille, qui pense à faire prochainement son coming out. L'homme et l'adolescent se revoient régulièrement et progressivement, Heinz tombe amoureux de Axel qui finira lui aussi par éprouver de l'amour pour cet homme. Alors que leur relation se consolide, non seulement la police, la femme de Heinz et leurs amis n'acceptent pas cette relation interdite mais Heinz découvre de son coté que son propre fils est homosexuel...
A travers l'inédit et quelque peu méconnu Gossenkind / Street kid, le réalisateur allemand Peter Kern nous entraîne dans le monde de la prostitution adolescente de Düsseldorf en ce début d'années 90. Axel a 14 ans, un blouson, un jean trop étroit et une impressionnante banane qui surplombe un visage triste au regard sombre. Axel vit de la prostitution afin de ramener suffisamment d'argent à un beau-père violent qui le bat et roue de coups sa mère, une alcoolique qui semble avoir touché le fond. C'est dans ce contexte particulièrement noir et désespéré qu'Alex va rencontrer Karl-Heinz, un quadragénaire père de famille qui progressivement tombe amoureux de l'adolescent.
Ainsi couché le scénario semble des plus intéressants mais à l'écran il en va malheureusement tout autrement tant il regorge de défauts parfois insupportables. Un des problèmes majeurs de Gossenkind est son histoire à tiroir qui n'en finit pas de multiplier les sous-intrigues jusqu'à finir par oublier la trame principale du film. Kern part tout azimut, donne l'impression d'avoir tant à dire et montrer qu'il finit par tout mettre dans un même et unique film. Il aurait été judicieux de s'intéresser essentiellement à la relation interdite que vivent cet adolescent et ce père de famille tout en faisant découvrir au spectateur l'univers de la prostitution juvénile, sa violence, sa misère.
Au lieu de cela, Kern reste non seulement dans la superficialité mais invente des sous-intrigues qu'il ne développe quasiment pas. Cet amoncellement frise par instant le ridicule et tue les quelques qualités du film. Ainsi donc, Kern donne au père de famille un fils homosexuel quelque peu attardé lui même perturbé par les relations extra-conjuguales de sa mère, une épouse qui le trompe avec un jeune et ardent professeur de piano. Il donne une fiancée idiote à l'adolescent qui elle le trompe avec son meilleur ami mais elle le suit chez ce quadragénaire-amant qui de son coté souhaite faire son coming out. Des personnages passent et disparaissent ou sont laissés dans le flou. On a parfois l'impression d'assister à un soap.
Il est donc bien difficile de pouvoir s'intéresser réellement aux personnages et d'éprouver le moindre sentiment, quel qu'il soit. On oubliera le final qui sombre dans le grotesque pas tant dans le fond mais dans la forme. Désespéré, incapable de vivre cette relation que la société refuse et surtout d'assumer l'homosexualité de son propre fils Heinz préfère se suicider! Être homosexuel et découvrir que son fils l'est aussi est si douloureux que seule la mort peut résoudre cela! Voilà qui est bien incompréhensible à moins que Kern ait voulu sous-entendre de façon bien maladroite que même si on a trouvé l'amour, cela n'empêche pas qu'on puisse vouloir mourir. Reste l'énigme de savoir pourquoi l'adolescent malgré l'amour qu'il ressent pour cet homme préfère repartir vers son idiote de petite amie.
Pourtant au départ Gossenkind partait d'une belle intention, d'une fort jolie idée, prenant pour sujet principal d'une part la prostitution adolescente et d'autre part ce thème difficile encore tabou dans notre société que ce sont les relations sexuelles et l'amour entre un adulte et un adolescent.
Kern voulait semble t-il donner un ton réaliste à son film, apporter une vision plutôt pessimiste de ces adolescents, ces marginaux dont le quotidien est fait de violence et de rêves. Il rate son objectif. Gossenkind se transforme trés vite en une sorte de mélodrame bien inoffensif qui prend des airs de téléfilm, accentué par instant par un humour volontaire ou non mais en tout cas mal venu.
Reste au crédit du film quelques scènes particulièrement fortes dont la plus mémorable demeure celle où Axel, aprés avoir été battu par son beau-père, se fait violemment sodomisé par son bourreau sous les yeux de sa mère trop ivre pour réagir. Dérangeante, odieuse, elle tranche d'avec le reste du film.
Évitant tout voyeurisme sordide, Gossenkind est quasiment exempt de toutes scènes de nu. Quant à la relation amoureuse entre Axel et Heinz elle se borne à quelques baisers fougueux, quelques regards qui en disent long et une belle partie de campagne sous le ciel gris des environs de Düsseldorf.
Le jeune et frêle Max Kellermann, 20 ans lors du tournage, pour sa première apparition à l'écran sans être exceptionnel semble être à l'aise dans ce rôle difficile même si on le sent par instant un brin maladroit. On se souviendra surtout de son look et de cette gigantesque banane qui orne son crâne, mini-Elvis des années 90 qui arpente le bitume à la recherche d'un client, erre dans les bars gays et les stations de métro de la ville.
Gossenkind rate donc son objectif. Sans être désagréable, il est parfois un brin fastidieux, quelque peu frustrant de toujours osciller entre optimisme et pessimiste, montrer sans vouloir montrer, dénoncer sans vraiment vouloir choquer tout en noyant son public dans un tas d'intrigues dont il n'a que faire. Gossenkind aurait pu être une oeuvre sombre sur la vie au quotidien de bon nombre d'adolescents à Düsseldorf, de marginaux que la bonne société préfère ne pas voir, sur les relations sentimentales et l'amour entre adolescents et adultes. De tout ça il ne reste qu'un mince substrat. Dommage!