Macumba sexual
Autres titres:
Real: Jess Franco
Année: 1983
Origine: Espagne
Genre: Fantastique / Erotique
Durée: 81mn
Acteurs: Lina Romay, Ajita Wilson, Lorna Greene, Antonio Mayans, Jess Franco, José Llamas...
Résumé: Alice, une agent immobilière, et son mari, un écrivain sur le déclin, sont en vacances aux Canaries. Alice depuis quelques temps souffre de cauchemars dans lesquels elle voit une mystérieuse femme noire flanquée de deux esclaves l'attirer vers elle afin de lui faire vivre de torrides expériences sexuelles. C'est alors qu'elle recoit un coup de téléphone. Elle doit vendre une résidence à la princesse Obongo. Elle se rend sur son île et s'aperçoit que la princesse est la femme de ses cauchemars. Si une légende dit qu'Obongo est depuis longtemps décédée, Alice va découvrir qu'elle est bel et en vie. Elle est une sorcière agée de 300 ans qui a fait d'Alice son héritière sur le trône des Ténèbres. La passation des pouvoirs doit bientôt se faire par l'intermédiaire d'une statuette phallique. Mais tout cela est il réel ou tout bonnement issu de l'imagination d'une femme frustrée?
Aprés avoir voyagé à travers l'Europe où durant plus de dix longues années il put réaliser des films au budget relativement élevé, l'infatiguable Jess Franco retourna dans son pays d'origine, l'Espagne, où il enchaîna les tournages à un rythme effréné. Il mit ce retour à profit et concocta quelques oeuvres assez personnelles notamment dans le domaine de l'érotisme. Macumba sexual appartient à cette période et représente ce que le réalisateur a fait de mieux durant les années 80, une décennie qui ne fut certes pas la meilleure pour lui. Il se pourrait même que ce soit là un de ses films érotiques les plus réussis. Franco semble être enfin parvenu à créer cette atmosphère d'onirisme qui lui a trop souvent fait défaut.
En effet ce qui frappe dés l'ouverture du film est cette étrange ambiance qui y régne, mélange d'érotisme exacerbé, de plaisirs moites et de fantasmes où rêve et réalité bien souvent se confondent pour donner au film une atmosphère fièvreuse époustoufflante. C'est là la principale caractéristique de ce Macumba sexual dont on appréciera également le scénario. Si certains pourrait y voir une sorte de remake de son fameux et ennuyant Vampyros lesbos où les vampires auraient été ici remplacés par une entité démoniaque, la princesse Obongo, Macumba sexual est avant tout une sorte de fantasmagorie dans laquelle Franco tente de faire pénétrer le spectateur en l'égarant dans un monde mystérieux à l'instar d'Alice, son héroine.
Filmé dans de somptueux paysages africains et superbes étendues désertiques qui apportent une touche de mystère supplémentaire, bercé par une lancinante partition musicale, Macumba sexual de par son atmosphère quasi hypnotique projetera le spectateur dans une autre dimension, un monde étrange où le sexe et les fantasmes tiennent une place trés importante. A la différence de ses nombreuses autres oeuvres érotiques, Franco parvient enfin à créer outre une atmosphère d'onirisme fascinant, un véritable climax érotique intense. Magnifiquement filmées, les scènes de sexe, à la limite par instant du hardcore, sont pour une fois chez Franco magnifiques. Certaines dégagent quelque chose de particulièrement troublant. Ainsi ces volatiles écorchés dont les blessures s'ouvrent tels des vagins béants ou les esclaves tenus en laisse qui se jettent sur leurs victimes enchainées à des poteaux au milieu de nulle part ont un pouvoir de fascination assez étonnant.
Si Antonio Mayans semble quelque peu maladroit ici, Ajita Wilson, éclatante, radieuse, dans le rôle de cette princesse d'un autre âge illumine l'écran. Elle trouve là un de ses plus beaux rôles, sensuelle, énigmatique, terriblement magnétique, presqu'irréelle. A ses cotés, cachée sous une perruque blonde, Lina Romay qui incarne cette Alice au pays des fantasmes, s'en donne à coeur joie. Certes crédible, son habituelle vulgarité brise malheureusement un peu trop la sensualité de certaines scènes mais ses admirateurs apprécieront sûrement. Franco lui même interprète un des personnages du film, l'étrange réceptioniste.
Macumba sexuel est un film envoûtant où la magie tout court se mèle à la magie de l'image et des sens qui embrase les corps ensorcelés et ensorcelants. La magie a si bien opéré que Franco a enfin réussi là où il avait trop souvent échoué, mettre en scène un érotisme aussi élégant que sensuel, filmé de façon alerte et judicieusement cadré. L'espace de 81 minutes le temps de la laideur, de la vulgarité et du statisme semble bien loin. Macumba sexual est un film de toute beauté.