Saint-Tropez interdit
Autres titres:
Réal: José Bénazéraf / Georges Cachoux
Année: 1985
Origine: France
Genre: Mondo
Durée: 70mn
Acteurs: José Bénazéraf, Georges Cachoux, Jacques Nivelle, Véronique Cantazaro, Jacques Cellier, André Richard Volnievny
Résumé: La célèbre Saint-Tropez, ville de tous les vice et plaisirs, Sodome et Gomorrhe du bassin méditerranéen, vue sous l'oeil philosophico-mystique de Bénazéraf qui se propose de nous la faire découvrir...
Lancé en 1962 par Gualtiero Jacopetti avec son Mondo cane le mondo, film pseudo documentaire destiné à montrer au public les travers les plus spectaculaires, bizarres, pervers de notre monde, connut un vif succès en Italie qui ne cessa alors d'en produire, vite suivie par de nombreux autres pays d'Europe mais aussi outre atlantique. La France ne resta pas en marge du mouvement. On trouve ainsi trace dés 1968 d'un Strip-teaseuses ces femmes qu'on croit faciles, d'un Paris inconnu produit par Eurociné en 1969, d'un Paris secret toujours en 1969, d'un Dossier Prostitution et d'un Côte d'Azur interdite: La
mafia du plaisir en 1970, d'un Pervertissima avant d'atteindre les années 80 avec les fameux Les interdits du monde, France interdite, Paris interdit et cet inénarrable Saint-Tropez interdit en 1985, très certainement le mondo le plus mauvais jamais tourné, une sorte de bubon pelliculaire aussi idiot que délirant, un ramassis de n'importe quoi qu'il est quasi impossible de raconter.
Dire que pour accoucher d'une telle idiotie il a fallu deux réalisateurs, d'une part Georges Cachoux, scénariste, metteur en scène et comédien à qui on doit quelques navets érotiques et gaudrioles franchouillardes improbables, d'autre part José Bénazéraf, réalisateur pseudo intellectuel coupable d'une multitude de films érotiques et surtout pornographiques aux titres
aussi éloquents que Du foutre plein le cul, Je mouille aussi par derrière, Grimpe moi dessus et fais moi mal ou La Madonna des pipes (vision prémonitoire puisque Madonna n'est plus bonne qu'à ça aujourd'hui). Le résultat du tandem est cette fois au delà de toute description.
L'affiche nous promet une descente aux enfers. Saint-Tropez, ville du stupre, du vice, du scandale et de ses nuits chaudes qui lui valurent une réputation mondiale loin de l'image légère que De Funes et ses bons gendarmes lui avaient donné. La preuve: une abrutie le confirme en avouant que St-Trop et les gendarmettes comme à la télé c'est "mon zob"! On
pouvait s'attendre à du croustillant, découvrir la face cachée de la ville de tous les plaisirs. En lieu et place on a une bande nauséabonde qui multiplie les scènes érotiques, les sketches débiles avec ajouts de faux films de vacances franchouillards à l'image hésitante qui n'ont aucun rapport entre eux, le tout lié par des séquences pornos soft (puisqu'il n'y a aucune pénétration, l'acte est simulé). Pour donner un coté éducatif à ce "machin sans nom" Bénazéraf s'est octroyé le rôle de narrateur, personnage indispensable à tout mondo. Ecouter ses commentaires philosophico-mystiques déclamés sur un ton monotone et désabusé est en soi un exploit presque surréaliste tant ce qu'il récite est incompréhensible,
sidérant et terrifiant à la fois. Même le plus grand philosophe de tous les temps aurait du mal à donner un sens à ces pensées qu'un Van Damme triplement sous coke n'aurait pas même osé émettre dans ses heures de gloire.
Qu'avons nous donc au menu? Dans le désordre (mais il n'y a aucun ordre puisque le film est un collage incohérent de tout et de n'importe quoi) nous citerons une auto-stoppeuse enlevée par une femme qui lui bande les yeux et l'emmène dans une villa isolée où elle est accueillie par un tigre puis douchée et shampooinée de force avant d'avoir des relations sadomaso avec sa ravisseuse ménopausée habillée en dominatrice. Conclusion: il est
dangereux de faire du stop à St-Trop à moins d'aimer être décrassé avant une bonne partie de jambes en l'air saveur cuir noir! Le duo doit apprécier les félins puisqu'on découvre également quelque part dans un jardin des femmes nues en cage déguisées en félins, de vraies tigresses qui miaulent et griffent quand Monsieur agite son fouet! On aime les chats à St-Trop c'est bon à savoir si vous partez en vacances avec votre gros matou!
On assiste aussi aux réflexions et autres gloussements hautement philosophiques de deux jeunes pétasses censées représentées la jeunesse des années 80. Elles fument, boivent du rouge à la bombonne, se droguent (substance fournie par la police car tellement
meilleure nous apprennent-elles), veulent baiser et surtout mourir jeunes, la mort elles s'en foutent (et nous d'elles), il faut bien crever un jour. On retiendra d'ailleurs cette profonde réflexion venue du seule neurone qu'elles possèdent: "Un cul ça se bouffe mais ça nourrit pas". Même Confucius n'aurait pas dit mieux. Un conseil: surveiller vos ados s'ils viennent en vacances à St-Trop avec vous! Dans la continuité des actrices porno nunuches au QI aussi minuscule que leur triangle de tissu qui leur sert de maillot (ah! elles ne portent rien? on comprend mieux alors) bronzent nues sur un yacht, elles s'ennuient mais la vie est belle au soleil conçoivent-elles! Aznavour l'avait chanté en effet.
Qui dit St-Trop dit plage. Quoi faire d'autre lorsqu'on est une femme que de mater le cul des hommes surtout lorsque le plagiste, tel Aldo la classe, déambule sur le sable en string, le postérieur blanc comme un cachet d'aspirine, une vraie glace vanille-café qu'on aimerait sucer au soleil. Christian Clavier sort de ce corps. On peut aussi s'amuser lorsqu'on est une blondasse écervelée à poser pour des photographes amateur bêtas qui vous reçoivent en caleçon ou en peignoir (normal, on est à St-Trop si vous aviez oublié) et vous bombardent sous leur objectif à demi nue puis nue pour finir la bouche collée contre celle de votre meilleure copine aussi idiote que vous. Moralité de la gourgandine: "J'adore montrer mes
nichons surtout si je suis payée, y'a pas de mal et c'est drôle". A St-Trop toutes les donzelles sont un peu putain. Pendant ce temps la chieuse du village de vacances n'a qu'une idée en tête, faire perdre la boule au restaurateur (et lui attraper les siennes par la même occasion) car il l'excite trop tandis que le proxénète du coin (car il y a des putes à St-Trop, étonnant ça), croulant sous les dettes, doit pour survivre vendre des photos pas très sages de la fille du boulanger (pas celle de Pagnol) qui, peu farouche, devrait finir par choper sa baguette!
Impossible de ne pas parler des fameuses nuits de St-Trop. Le tandem nous immerge dans une soirée de débauche organisée dans une luxueuse villa avec piscine au son d'une
effarante musique disco d'une laideur sans nom! On y découvre une faune bourgeoise dévergondée qui boit et se goinfre. La plupart des convives, léthargiques, sont outrageusement maquillés, une partie d'entre eux a le visage dissimulé sous un masque de carnaval vénitien bon marché ou est déguisée en vampire et autre Dracula. Des femmes font de l'escrime seins nus, des lionnes nues (pas l'animal mais des catins de luxe) sucent un quinqua allongé sur un brancard (au cas où il décéderait peut-être) pendant qu'une vicieuse bestiale fait l'amour avec une carcasse de viande allongée sur un plateau géant, un reste de méchoui dirait-on qu'elle finira par manger après l'avoir bien enduite de cyprine. On
aime la viande juteuse à St-Trop! Il y a même une adepte de zoophilie qui se caresse avec un boa (pas le truc en plumes mais le reptile). Même les soirées Club Med ne vous proposent pas ce type de divertissement. Vu son montage aléatoire on devine que des inserts d'une véritable soirée tropézienne ont été glissés dans cette séquence pathétiquement reconstituée dans une villa lambda. Jour/nuit, Jour/nuit! Jacouille sort de la villa!
Mais le summum, l'apothéose du n'importe quoi, les sommets de l'indescriptible c'est la séquence merguez-party! Inoubliable! Comment quelqu'un de sensé a t-il pu tourner un tel
sketch digne d'un film Super 8 réalisé par des gamins de quatre ans qui imitent leurs bidochons puissance mille de parents. Filmé avec les pieds ce passage est surréaliste. Papa, en bob, marcel-slip, engueule maman et sa girafe de fille qui ont brulé les merguez. Elles les servent tout de même en enlevant leur T-shirt. Papa, la moustache grasse, dévore les saucisses tout en jouant à pouet-pouet nichons, maman et la fille sont hilares et surtout pompettes. Elles marchent comme des drag queen estropiées. Ca rote, ca pète, ça boit du gros rouge à la bouteille ignorant que deux voyeurs aussi repoussants que Quasimodo les épient, bave aux lèvres, en matant la poitrine des deux laiderons. Et voilà que Papa, ivre mort
mais chaud comme la braise, propose aux deux femmes de sa vie d'aller faire la sieste tout nus dans la caravane. La mère somnole en se touchant, le père ronfle comme un goret en suçant son pouce, et la fille baise comme une possédée avec un des deux voyeurs aux cotés du père et provoque un séisme. C'est d'une vulgarité sans nom, d'une laideur à faire peur. Même Max Pecas n'aurait pas osé une telle ignominie. Saint-Tropez interdit pourrait d'ailleurs faire passer l'intégralité des Pecas pour des oeuvres césarisables et césarisées! Voilà qui donne une idée de l'ampleur de ce désastre de 70 minutes qui contient même une interview d'un commissaire de police, un pauvre quidam payé pour enchainer les
aberrations comme l'inexistence de loi à St-Trop (trop bien vous esclaffez vous), l'incroyable ouverture d'esprit des autorités qui savent tout des orgies mais n'ont pas à juger la moralité des tropéziens, la gentillesse et la discrétion des bandits internationaux qui résident à St-Trop, bien plus braves que l'honnête citoyen et touriste lambda (eux au moins ne vous shampooinent pas de force) et que la plupart des maris cocus sont des étrangers mais ils aiment ça (ne devinerait-on pas là une pointe de racisme déguisée). Et pendant ce temps Bénazéraf disserte sur la guerre atomique qui n'est qu'une utopie et les théories Darwinienne à St-Trop. Ce bon Charles s'en retourne encore dans sa tombe d'être ici cité!
Au générique on retrouve George Cachoux (sous amphétamines?) sous le bob du bidochon à la merguez et quelques pseudo comètes et charlots de l'érotisme hard vus dans une poignée de gaudrioles semi pornographiques avant qu'ils ne disparaissent très vite dans les tréfonds de l'oubli. Ce n'est pas un tour que vous jouent vos yeux, ne tentez pas de régler votre poste non plus, vous ne rêvez pas, tous ces odieux fifrelins interprètent bel et bien plusieurs rôles à la fois! On fait ainsi des économies de casting car qui aurait voulu tourner dans un tel foutoir et reprendre une vie sereine après?
Saint-Tropez interdit est très certainement le plus mauvais mondo jamais tourné, plus
généralement un des films (et ce terme est ici une éloge pour ce machin) les plus mauvais jamais réalisé depuis l'invention du cinéma par les Frères Lumière. A se demander comment deux personnes en apparence sensées ont pu commettre un tel étron! Hideux, bête à manger du foin, sans queue ni tête, jamais drôle même avec 4 grammes d'alcool dans le sang, pathétique il faut cependant voir ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie St-Tropez interdit pour se rendre compte du dégât! On aurait certainement beaucoup plus ri avec un mondo consacré au petit village de Moncucq rendu fort célèbre à cette même époque par l'équipe de Jacques Martin qu'avec ce bric-à brac monstrueux et vilainement délirant qui se conclut par une séquence de cabaret façon Alcazar avec un sosie de Cloclo et une malheureuse commis de cuisine sur laquelle on déverse une marmite.
La face cachée de Moncucq, Les interdits de Moncucq, Moncucq: cet inconnu, Secrets révélés de Moncucq, Les 1001 secrets de Moncucq, Moncucq secret, Moncucq: les secrets du plaisir... Allez on rêve un peu. Quant à Saint-Tropez on préférera revoir les Gendarmes et penser à B.B!