Alien degli abissi
Autres titres: Alien la créature des abysses / La créature des abysses / Alien from the deep
Real: Antonio Margheriti
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Science-fiction
Durée: 90mn
Acteurs: Charles Napier, Daniel Bosch, Robert Marius, Marina Giulia Cavalli, Luciano Pigozzi, John Anthony Kater, Frank Wannack Dieter...
Résumé: Jane, une jeune écologiste, vient enquêter avec un caméraman sur une île du Pacifique qui abrite une usine d'élimination de déchets nucléaires dirigée par le colonel Kovacks. Jane et son équipier parviennent à s'introduire dans l'usine au moment où Kovacks ordonne de jeter des fûts de déchets dans le volcan voisin. Repérée, Jane parvient à s'enfuir mais le caméraman est fait prisonnier. Avec l'aide de Bob, un chasseur de serpents, elle retourne à l'usine pour libérer son équipier. Ils ne se doutent pas que l'île abrite un monstre venu de l'espace...
Le succès d'Alien allait dans les années 80 engendrer quelques ersatz italiens dont le sympathique et plutôt réussi Contamination de Luigi Cozzi et Alien 2 sulla terra de l'acteur-réalisateur Ciro Ippolito. Passionné de science fiction, genre auquel il s'était déjà essayé au début de sa carrière, Antonio Margheriti ne loupa pas le coche et réalisa tardivement en 1989 La créature des abysses. Margheriti ne se contente pas de piller Alien puisque le film lorgne également du coté de Leviathan et The Thing sur fond d'écologie.
A la vision de La créature des abysses, on est en droit de se demander ce qui est arrivé au réalisateur. Si Contamination et Alien sulla terra se laissaient agréablement regarder, La créature des abysses , censé se dérouler sur une île en Indonésie, va malheureusement faire sombrer le pauvre spectateur embarqué dans cette histoire de déchets nucléaires et d'alien belliqueux dans les abysses de l'ennui. Sans aucune originalité, souffrant de son scénario-confetti et de l'absence de toute mise en scène, le film s'étire en longueur afin d'atteindre les 90 minutes réglementaires. Assommé par d'incessants dialogues et joutes verbales aussi ineptes que risibles entre un groupe d'écologistes dont la belle protagoniste, un chercheur couard spécialisé dans les serpents et un militaire bourru et autoritaire, c'est en vain qu'on attend de voir apparaitre le monstre promis par le titre. Ce n'est que durant les vingt dernières minutes qu'il fera son apparition après que nos héros aient vécu quelques molles péripéties digne de n'importe quel film de jungle. Et ce n'est pas l'érotisme que Margheriti distille ça et là par le biais de quelques scènes franchement absurdes qui risque de réveiller nos sens endormis. Dans le meilleur des cas on rira à gorge déployée devant l'héroïne qui se bat en sous vêtements contre le monstre, une sorte de créature caoutchouteuse particulièrement baveuse mal animée dont on ne verra qu'une pince énorme, ou qui déambule en T. shirt mouillé histoire d'aguicher un spectateur en phase de léthargie. La morale est ici aussi simple que l'histoire: qui de cette entité venue de l'espace ou des hommes ou plutôt de l'armée est le plus monstrueux? Peu importe la réponse, on la connait d'avance.
Où est donc passé la verve du réalisateur qu'on a connu tellement plus inspiré même dans ce qu'il a commis de plus mauvais? A aucun moment cette fois on ne reconnaitra sa griffe, sa maestria, ce souffle qu'il parvenait à insuffler à ses films, la qualité visuelle qui les caractérisait. Ici tout est laid, ennuyeux et involontairement drôle. Certes La créature des abysses fut réalisé à une époque où le cinéma de genre italien était au plus mal, agonisant, mais cela n'excuse en rien le n'importe quoi de l'entreprise qu'on peut rapprocher sans souci de séries Z telles que le délicieux mais franchement hilarantRobowar ou Terminator 2, deux classiques du box office international vus et corrigés par Mattei.
On évitera de parler des incohérences qui se multiplient à un rythme effréné, des effets spéciaux parfaitement ratés et surtout hilarants ainsi que de l'interprétation, caricaturale au possible, qui frise le néant. Plus grimaçant que jamais, le vétéran Charles Napier incarne un militaire bourru particulièrement niais aux cotés des fadasses Daniel Bosch et Robert Marius et de l'insipide Marina Giulia Cavalli.
Accompagné d'une partition musicale décalée semblant tout droit sortir d'une polissonnerie exotique, La créature des abysses, d'une effarante bêtise, pourrait bien être le plus mauvais film du réalisateur qui même en période de disette avait toujours su tirer son épingle du jeu.