Erotico blues
Autres titres: Love blue / Mignonne allons voir si la rose
Réal: Mario Sabatini
Année: 1981
Origine: Italie
Genre: X
Durée: 72mn (version italienne / 76mn (version française)
Acteurs: Nadine Roussial, Lise Pinson, Sandy Samuel, Claudio Perone, Kieran Canter, Agostino De Simone, Tony Biasin, Stella Smart, Carlo Mucari...
Résumé: Violée autrefois Marina a du mal désormais a avoir une vraie relation amoureuse avec un homme. Sa tante et sa meilleure amie tentent de l'aider. Marina ignore que les deux femmes travaillent pour Mister X, un proxénète qui cherche des filles pour organiser des orgies. Il a justement repéré marina...
Avant de parler du film lui même revenons d'abord sur son histoire tant il reste un imbroglio tant au niveau de sa réalisation que de sa production. S'il fut bien tourné en février 1981 bien plus difficile est de savoir qui l'a réalisé, qui se cache en fait derrière ce mystérieux Maurizio (Mimmo) Mammucari, rebaptisé Paul Kooper au générique italien, Tony Reed au générique français. Pour tenter de le découvrir il faut se fier aux propos de Claudio Perrone, un des acteurs du film qui à la même époque fut aussi l'interprète de quelques autres X dont Dolce Gola. Erotico blues est le premier film d'une série coproduite avec la France par l'éphémère
Cancer Cinematografica dont le directeur n'était autre que l'acteur Emiliano Di Meo. Le nom de Kooper ressurgira d'ailleurs dans le second film produit par la Cancer, Babette, mais en tant que comédien cette fois. En fait le film fut réalisé par Mario Sabatini (Delitto d'autore, Un uomo chiamato Dakota) qui faisait là ses grands débuts dans le X. Erotico blues fut tourné sans pratiquement aucun budget, fut confectionné de bric et de broc. Lorsque Sabatini dut tourner ses premières scènes hardcore (l'orgie dans la taverne) il fut si mal à l'aise qu'il refusa de les faire et décida finalement de quitter le plateau après s'être contenté de filmer les séquences érotiques. C'est Claudio Perrone qui reprit un temps le flambeau notamment
pour certaines scènes X. Maurizio Mammucari (alors infirmier), le frère de l'acteur Carlo Mammucari/ Carlo Mucari qui dans le film interprète le jeune puceau, en termina les prises tout simplement car il était présent sur le plateau et que personne d'autre ne voulait le terminer. Cette information fut niée par Carlo qui aujourd'hui affirme n'avoir aucun souvenir d'un tel film encore moins de Sabatini. Pour compliquer encore les choses certains plans de raccord furent tournés plus tard par un troisième réalisateur, Luigi Latini De Marchi! Tous ces prêtes noms provoqua un véritable imbroglio bureaucratique et administratif, un casse-tête chinois pour celui qui souhaite retracer la genèse de cette coproduction que complique
encore plus les différences de montage entre la version française (produite par la société au nom rigolo de Sabatini, Les films gais en couleur, qui ferma ses portes en 1988) et la version originale. Ceci dit, de quoi parle donc ce petit hardcore franco-italien?
La jeune Marina a été autrefois violée. Le souvenir de ce viol l'empêche d'avoir un petit ami. Sa tante Vania et sa meilleure amie Luebia tentent de l'aider. Marina ignore que les deux femmes sont en relation avec Mister Mix, un escroc qui organise des orgies clandestines. L'homme compte bien faire de Marina une de ses filles. Franco, le petit ami de Marina, fera son possible pour sortir la jeune fille des griffes de Mister Mix.
Ainsi résumée l'intrigue peut sembler sympathique. Mais il ne faut pas oublier qu'on est dans l'univers du hardcore et qu'en plus celui ci fut tourné sans aucun budget, la caméra changeant de metteur en scène comme on change de slip (surtout lorsqu'on visionne un X). Le mot qui vient de suite à l'esprit lorsqu'on regarde Erotico blues est "hasardeux". Si l'histoire est improbable (mais là encore peu importe on est dans un X) le montage l'est autant et ne suit pas vraiment de logique. Les séquences se suivent sans réelle continuité. Ce montage bancal donne à l'ensemble un coté assez surprenant. Au bout d'un moment on s'y habitue mais cet aspect désorganisé pourra soit surprendre donc interpeller soit agacer
ceux qui même dans un porno aiment une certaine linéarité narrative. Ce qu'on ne pourra cependant pas reprocher au film c'est sa nervosité. Il n'y a aucun temps mort. La caméra ne cesse de bouger, les personnages n'arrêtent pas de parler (même si les dialogues sont d'une incroyable bêtise tant dans la version française qu'italienne), de bouger, de faire l'amour... . Les scènes de sexe sont innombrables, s'enchainent les unes aux autres, à l'intérieur, à l'extérieur, à deux à trois, à plusieurs. Là encore on sent la maladresse, l'amateurisme du (des) réalisateur(s) mais avouons qu'elles sont pour la plupart plutôt excitantes avec en prime une certaine recherche esthétique notamment au niveau du jeu de lumières.
Intéressant également est l'étrangeté de certaines scènes notamment le flash-back obsessionnel qui narre le viol plutôt brutal de Marina (un viol on apprécie forcément) truffé d'images déformées, accompagné d'une musique oppressante auxquels se mêlent cris rauques, voix sépulcrales et râle animal. Tout aussi curieux est le final aux faux airs baroques teinté d'une ombre de fantastique, Marina et son petit ami finiront par fuir l'orgie en disparaissant dans la nuit tandis que la tante, restée seule, semble s'évaporer dans la maison. Toujours au crédit du film ses décors notamment ces paysages hivernaux austères au milieu desquels se dressent de superbes ruines dans lesquelles se promènent et font
l'amour Marina et son petit ami.
Quant au générique, coproduction oblige, on y trouve des stars du X tant italiennes que françaises mais il ne faut pas se fier à la version française puisque la distribution est totalement factice. Ainsi Lise Pinson est rebaptisée Mimi moineau (on reste au moins dans les volatiles), Nadine Roussial devient Nadine Latsby et Sandy Samuel se voir renommée Dolly Lamour. Aux cotés de ses monument de la pornographie quelques mâles en rut pour beaucoup inconnus à l'exception du déjà cité Claudio Perone et la petite curiosité du film, le toujours jeune et séduisant Kieran Canter (André Grand en français), l'inoubliable
protagoniste de Blue holocaust qui par la suite s'orienta vers la pornographie et ce jusqu'au début des années 90 par amour pour sa fiancée d'alors, la future reine du genre Moana Pozzi. Pour information Claudio Perone se fit doubler pour la majorité de ses scènes X à l'exception de quelques fellations. Quant à Kieran, si on peut l'admirer nu et profiter de son intimité, il est comme toujours doublé pour toutes les scènes X puisque le pauvre souffrait d'impuissance face aux caméras.
Pour les puristes il faut savoir qu'il existe quelques différences entre la version italienne plus courte (72mn) et la version française plus longue (76mn). Parmi ces différences on notera la
suppression d'une scène lesbienne entre la Pinson et la Roussial dans la version française qui de son coté a supprimé quelques scènes hard mais a rajouté quelques passages narratifs. Quant à la bande originale signée Leonardo Maresca la version française l'a purement et simplement remplacé par une inattendue bande aux sonorités très début années 70 digne d'un roman-photo avec ses cordes, ses envolées de violons, sa mélodie sirupeuse particulièrement décalée et ses intermèdes par instant inquiétants.
Malgré ses défauts de mise en scène, la pauvreté des moyens Erotico blues est un petit hardcore plutôt intéressant, à la fois curieux, étrange, esthétiquement agréable et dont les scènes de sexe devraient satisfaire pleinement les amateurs. Le film de Sabatini vaut en tout cas bien mieux que certaines productions italiennes sorties à cette même époque.