Sensazioni d'amore
Autres titres: Sensations
Réal: Nini Grassia
Année: 1990
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Gianni Macchia, Marisa Mell, Federica Farnese, David D'Ingeo, Marcello Montana, Barbara Blasko, Emanuela Castiglionesi, Alessandra Antonelli, Elisabetta Premutico, Ninì Grassia
Résumé: Fils de bourgeois Renato doit épouser Giulia pour donner un héritier à sa mère mais les deux tourtereaux doivent arriver vierges au mariage. Le médecin de famille détecte une grave cardiopathie à Renato qui doit donc éviter tout effort. Cela ne l'empêche pas de forniquer avec Claretta, une des domestiques dont il tombe amoureux. Il faut dire que dans cette famille tout le monde fornique avec tout le monde, y compris le bon docteur qui a fait de Giulia sa maitresse. Lorsque Renato surprend Claretta au lit avec son beau-frère il perd son sang-froid et le tue...
Après avoir débuté en tant qu'impresario puis agent de théâtre Antonio Grassia dit Nini Grassia fait ses débuts derrière la caméra en 1979 avec un petit polar "régional" aujourd'hui bien oublié, La pagella, avant de réaliser bon nombre de comédies notamment avec Nino D'Angelo. Dés le milieu des années 80 il se tourne vers un certain érotisme de luxe. On lui doit notamment La puritana / La maison des fantasmes et Una tenera follia. A partir des années 90 il va devenir un des spécialistes du genre. Il enchaine les polissonneries dont certaines flirtent avec le hardcore tout en gardant leur coté luxueux, un style papier glacé qui
définit parfaitement l'érotisme de cette nouvelle décennie. Sensazioni d'amore, réalisé en 1990, fait partie de ces coquineries osées qui reflètent parfaitement le cinéma de Grassia aussi luxueux que ridicule. Et ridicule est ici un bien faible mot pour définir ces "Sensations d'amour".
Renato Aloisi est le fils d'Elena, une riche bourgeoise qui a perdu son mari. Elle voudrait aujourd'hui que son fils lui donne un héritier. Renato est fiancé à Giulia mais tout deux doivent arriver vierges au mariage. Pour se consoler Renato se laisse séduire par la jeune et belle domestique Claretta dont il tombe amoureux et avec qui il profite des plaisirs
charnels même si le sexe pourrait le tuer. Le docteur Giancarlo Serra, le médecin de famille, lui a en effet détecté une maladie cardiaque qui met ses jours en danger en cas d'effort. Son coeur allant mieux Renato et Claretta passent leur temps à faire l'amour. Renato est au fil des jours témoin des orgies qui se déroulent sous son toit. Le docteur fait non seulement l'amour aux trois domestiques mais aussi à sa fiancée tout comme Ernesto, le frère de Giulia. Tout ce beau monde tente évidemment de garder secrètes ses relations coupables. Puis Elena meurt. Les plans de mariage tombent donc à l'eau mais les orgies vont toujours bon train. Un jour Renato surprend Ernesto entrain de baiser Claretta. Rendu fou par ce qu'il
voit il le tue. Il fait ensuite l'amour à Giulia puis la poignarde. Renato et Claretta s'enfuient. Un prêtre les marient dans une grange. Alors que le couple consomme leur union le coeur du garçon lâche. Claretta hérite de tout l'argent des Aloisi et découvre qu'elle est aussi enceinte de Renato. Dans l'affaire la domestique a tout gagné y compris le coeur du docteur opportuniste.
Sil ne faut guère attendre de l'érotisme des années 90 il faut encore moins attendre quelque chose d'intéressant de Nini Grassia et de son luxueux cinéma softcore au rabais le plus souvent d'un mortel ennui. Après les bien tristes et peu excitants Una tenera follia et La maison des fantasmes qui portait bien mal son nom Grassia redescend encore d'un cran
voire de plusieurs avec Sensazioni d'amore qui pourrait facilement être élevé au panthéon de l'absurdité. Tout ici est abracadabrant à commencer par le scénario qui nous plonge une énième fois au coeur de cette bourgeoisie dépravée qui se vautre dans la luxure. Rien de nouveau donc. Chez les Aloisi on ne déroge pas à la règle. Elena, la rombière veuve, souhaite que son fils Renato lui donne un héritier et épouse Giulia. Comme ils doivent être vierges pour se marier tout deux doivent donc forniquer en cachette pour calmer leurs ardeurs. Les trois domestiques ne sont donc pas uniquement là pour astiquer l'argenterie. Le médecin de famille et le frère de la fiancée sont tout aussi débauchés, tout deux aiment
se perdre sous le tablier de ces mêmes domestiques mais aussi dans les bras de Giulia en ce qui concerne le bon docteur. Que ce même docteur détecte une maladie cardiaque qui fragilise Renato ne change pas grand chose à l'histoire. En quelques minutes cette cardiopathie régresse comme par enchantement ce qui permet à Renato de tomber amoureux de la plus plantureuse des domestiques, Claretta. Pendant plus d'une heure les scènes de sexe simulées s'enchainent donc au son d'une partition musicale mièvre composée des habituels violons et saxophones dans des décors d'un manoir de la campagne piémontaise. Quelques balades lacustres pour le coté touristique et on a un
aperçu de cette première heure de film qui ne manque pas de moments drôles ne serait-ce que par la stupidité des dialogues et l'improbabilité totale de l'intrigue. A se demander comment Grassia a pu écrire pareille ânerie avec un tel sérieux apparent.
Mais on n'est pas au bout de nos surprises. Les vingt dernières minutes sont en effet un grand n'importe quoi qui provoquera l'hilarité générale. Erotisme de luxe, lacrima movie, drame bourgeois, Sensazioni d'amore mangeait un peu à tous les râteliers. Voilà maintenant qu'il vire au thriller. Il faut dire qu'on a perdu en route la mère, morte nous dit-on (mais on n'a rien vu, elle a disparu du scénario sans prévenir). Voilà que soudainement
Renato est pris d'une folie homicide en voyant son beau-frère (qui n'avait aucun rôle spécifique dans le film jusque là) se dégorger le poireau dans les bras de Claretta. Il le tue en le frappant à la tête avec un maillet. Il fuit, se rend chez Giulia qui a été témoin du meurtre, lui fait l'amour puis la poignarde sauvagement! Une fureur meurtrière inexpliquée qui restera un moment de grande hilarité d'autant plus que le jeu des acteurs n'est jamais très crédible. Mais c'est lors du dernier quart d'heure qu'on va atteindre définitivement les tréfonds du ridicule, de l'absurde.
Le final est quasi surréaliste. Il est à l'image de cette folie homicide, un autre grand moment
désopilant d'une bande qui part en sucette. Renato et Claretta s'enfuient mais à trop courir le coeur de Renato s'est affaibli. Il est de nouveau malade le pauvre! Ils trouvent refuge dans un cabanon, font bien sur l'amour malgré cette vilaine cardiopathie lorsque apparait, surgi de nulle de part, un moine qui les marie!!!! Puis il repart comme il est arrivé! Une séquence culte digne d'une mauvaise série Z, une scène incroyable qui laissera bouche bée tant elle est grotesque mais tellement rigolote. A peine mariés Renato meurt nu dans les bras de Claretta qui a cette incroyable réaction: lui donner un baiser nécrophile. Lorsque débarque un berger lui aussi venu de nulle part interprété par Grassia lui même. Faut-il rire de cette
situation improbable? Faut-il pleurer devant ce drame ou tout simplement pleurer de rire face à ce grand n'importe quoi?
L'interprétation est à l'image du film, mauvaise et jamais crédible mais le plus dur peut-être, et là on rit moins, est de voir deux ex-stars du cinéma de genre s'être fourvoyées dans une telle pellicule à des fins uniquement alimentaires. La pauvre Marisa Mell, empâtée, forcie, interprète Elena et n'a fort heureusement que peu de scènes et aucune de sexe. Ne reste que son regard qui témoigne de sa gloire passée. Elle disparait d'ailleurs du film sans explication réelle après avoir touché son cachet surement. Difficile de se dire que ce fut son
ultime film puisqu'elle meurt deux ans plus tard d'un cancer, déchue depuis bien des années déjà. On a tout aussi pitié de Gianni Macchia, l'ex play-boy d'hier qui après une longue période à vide avait déjà gouté au film érotique avec Lady Emmanuelle. Cette fois il passe le cap du softcore en acceptant de longues scènes de sexe certes feintes mais à la limite du hardcore notamment lors de deux fellations et une scène de bain aussi hot que vulgaire. Certes bien conservé et encore séduisant Gianni fait pourtant pitié à mimer ainsi plaisir et orgasme, lorsqu'il n'est pas parfaitement ridicule la bouche remplie de mousse entrain de donner de baveux baisers à sa partenaire. Gianni tournera un troisième softcore,
Provocazione fatale, avant de se retirer définitivement du monde du show-bizz pour s'adonner à sa passion, la restauration. Quelle bonne idée au vu de cette déshonorante déchéance.
A leurs cotés on retrouve l'indispensable David D'ingeo, le lolito du cinéma érotique des années 90 qui fut le partenaire régulier de Valentine Demy période pré-porno. Toujours aussi poupin et séduisant David et sa mine de gros bébé boudeur s'en donne à coeur joie, ne se fait pas prier pour se dévêtir et exhiber son derrière charnu et poilu mais si son jeu était habituellement plutôt crédible il est ici fade et insipide, jamais crédible encore moins en
psychopathe. C'est la playmate aux seins siliconés Federica Farnese dont les talents de comédienne sont inversement proportionnels à la facilité qu'elle a à se déshabiller qui se glisse dans le tablier de Claretta.
Sensazioni d'amore est un exemple de ces pellicules érotiques aussi luxueuses qu'ineptes qui envahirent le marché dans les années 90. Défilé de lingerie, érotisme papier glacé plus ou moins osé, décors chics et musique mièvre, starlettes siliconées et scénarii répétitifs qui tournent à vide les pellicules se suivaient et se ressemblaient toutes. Sensazioni d'amore ne fait pas exception. La différence cette fois est que Grassia donne dans le comique
involontaire. Cette bande érotique provoquera bien plus d'hilarité notamment lors de ce final délirant en totale roue libre que d'excitation à proprement parlé même si les plus frustrés pourront peut-être trouver de quoi s'échauffer devant cet étalage de lingerie fine et ces enchainements d'ébats hard simulés qui souvent sentent l'improvisation (le remplissage?). Sensazioni d'amore est un désastre coquin mais un désastre coquin désopilant qu'on verra pour son grand n'importe quoi scénaristique et la triste prestation de Gianni et Marisa. Là on rit moins mais leur présence a quelque chose qui réveille en nous nos instincts pervers, ce plaisir voyeur sournois pris face à ces bien tristes chants du cygne de gloires passées.