"Hold up" Instantanea di una rapina
Autres titres: Hold-up / "Hold up" Instantanea de una corrupcion / Atraco en la Costa Azul
Réal: German Lorente
Année: 1974
Origine: Espagne / Italie / France
Genre: Polar / Noir
Durée: 95mn
Acteurs: Frederick Stafford, Nathalie Delon, Enrico Maria Salerno, Marcel Bozzuffi, Alberto De Mendoza, Calisto Calisti, Manuel de Blas, Miguel del Castillo, Santiago Ontañón, José Luis Chinchilla, Raquel Núñez...
Résumé: Un gang de criminels attaque un fourgon blindé et s'empare de l'argent contenu dans une malle. Deux inspecteurs, Robert Cunningham et Mark Gavin, assistent au vol impuissants. Ils sont assommés. A son réveil Cunnighmam ne se souvient que d'une vague silhouette qui s'enfuit avec la malle. Victime d'un accident de la route il perd cette fois totalement la mémoire. Sa carrière brisée il traine das les tripots et se noie dans l'alcool. Un soir il rencontre dans un casino un homme qui réveille en lui un vague souvenir. Il s'agit de Steve Duggins le cerveau de l'attaque du fourgon. Cunningham va tout faire pour recouvrer la mémoire d'autant plus que Duggins est persuadé que c'est lui qui a caché la malle...
Avec à son actif bon nombre de comédies réalisées dans les années 60 avant de s'orienter vers l'érotisme (La violacon, Adolescencia, Sensualidad, Striptease...) dés le milieu des années 70 le scénariste-réalisateur espagnol German Lorente est surtout connu en France du moins au regard des passionnés de cinéma de genre pour ses deux polars coproduits avec l'Italie et la France, La ragazza di Via Condotti / Meurtres à Rome (1973) et "Hold up" Instantanea di una rapina / Hold-up réalisé l'année suivante, celle où fut aussi mis en scène L'homme sans mémoire de Duccio Tessari avec qui il entretient pas mal de points communs.
Une bande de criminels bien organisés attaque violemment un fourgon blindé de la Bank of America. Après avoir neutralisé les convoyeurs ils s'emparent de l'argent. Alertés, les inspecteurs Mark Gavin et Robert Cunningham assistent impuissants au vol et à la sanglante fusillade qui s'ensuit. Repérés ils sont assommés. A son réveil la seule chose dont se souvient Robert hormis du visage de son ami est celle d'une silhouette qui transporte la malle qui contient le butin. Alors qu'il mène l'enquête Robert est victime d'un accident qui lui fait perdre la mémoire. Sa carrière est brisée. Il tente alors de reconstruire le
puzzle de sa vie et de sa carrière à l'aide de diapositives qu'il visionne inlassablement avec sa compagne Judith, une jeune modèle. En vain. Il sombre dans l'alcool et passe dans ses soirées dans les tripots à jouer. Un soir il y rencontre un homme qui réveille en lui quelque chose. Persuadé de le connaitre il visionne de nouveau ses diapositives et le reconnait sur l'une d'elles. Il s'agit de Steve Duggins le cerveau de l'attaque du fourgon. Duggins est à la recherche de la fameuse malle. Il est persuadé que Robert feint l'amnésie pour garder l'argent qu'il aurait caché en lieu sûr. Robert n'a aucun souvenir de cet endroit. Avec l'aide de Judith il va alors tout faire pour tenter de recoller les morceaux disparates de sa mémoire
alors que Duggins le traque. Il ignore encore que Judith est la complice de Duggins. Elle n'attend qu'une chose: qu'il retrouve la cachette pour fuir avec Duggins. Mais les deux amants diaboliques sont-ils les seuls à tirer les ficelles?
L'intéressant Meurtres à Rome était une peinture plutôt réussie et bien sombre de la bourgeoisie, de l'hypocrisie et de l'arrivisme dont le principal défaut était la mollesse d'une réalisation sans grand relief. Dommage! Pour son second polar Lorente n'a guère tirer profit de ses erreurs puisque Hold-up souffre des mêmes défauts. La longue séquence pré-générique filmée tambour battant laissait pourtant augurer du meilleur. Le film s'ouvre en
effet sur la prise d'assaut sanglante d'un fourgon blindé et le vol de l'argent qu'il contient. Lorente ne fait pas dans la dentelle. La séquence est superbement mise en scène, aussi violente que spectaculaire, le rythme est alerte, la réalisation quasi professionnelle, un professionnalisme qu'on aurait bien aimé retrouver après le générique. Hélas! Hold-up ne retrouvera pas ni ce rythme ni cette tension par la suite. Place à une pellicule plus classique, plus routinière, assez inégale quant au rythme. Ce petit noir n'est certes jamais ennuyeux, il se laisse visionner avec un certain plaisir mais il manque d'énergie, de punch. L'ensemble ronronne un peu trop. C'est donc avec plaisir qu'on suit les quelques scènes d'action qui
viennent régulièrement redynamiser l'ensemble comme le hold-up du casino, les fréquentes fusillades souvent féroces et quelques courses-poursuites en voitures et cascades dirigées de main de maitre par le spécialiste du genre Rémi Julienne.
Pour le reste l'intrigue s'intéresse avant tout au personnage de Robert devenu amnésique suite à un accident à l'instar même de Luc Merenda dans L'homme sans mémoire dont le parcours est similaire. Robert fait tout pour recoller les morceaux de son passé à travers des photos, des souvenirs flous, ce passé étant la clé de l'énigme quant à savoir où est la si précieuse malle contenant le butin et qui s'en est autrefois emparée. Entre souvenirs
troubles, menaces pesantes et double jeu, les éléments inhérents à ce type de scénario, Robert est perdu et se laisse plus aller à la dérive qu'il ne se bat pour reconstruire ce puzzle montré sous forme de flashbacks réguliers. C'est là que le bât blesse. Les longues discussions et balades, les allers et venues dans les tripots, les séances de visionnage de diapos sont d'une telle routine qu'elles peinent à convaincre du danger qui rôde, si peu nerveuses qu'elles affaiblissent encore un film déjà peu vitaminé à la base.
L'interprétation est à l'image du film. Elle manque d'épaisseur. Le solide Frederick Stafford malgré son obstination à découvrir la vérité ne donne pas assez de sa personne. Si on
l'aurait aimé plus virulent par instant, moins discret, la palme du plus mauvais choix revient cependant à Nathalie Delon, peu crédible en femme fatale, en Dark lady. Elle détient ici l'Oscar de l'inexpressivité. Quelques soient les circonstances elle n'use que d'une seule et unique expression, faire la moue, tant et si bien qu'elle détruit très vite son personnage d'une incroyable indolence. Enrico Maria Salerno et Alberto De Mendozan'ont au final qu'un rôle secondaire, tout deux irréprochables, tout comme l'implacable Marcel Bozzuffi dont on aurait aimé plus de présence à l'écran tant il excelle dans les rôles de méchants. A eux trois ils redonnent du corps à une distribution un peu trop discrète.
Tourné entre San Remo et Cannes Hold-up a connu la même destinée que Meurtres à Rome. Tardivement sorti à la sauvette à l'automne 1977 en France le film a très vite disparu par la suite. A ce jour il n'a pas encore eu les honneurs d'éditions numériques ni italiennes ni françaises. Restent pour le découvrir que quelques passages télévisés sur les chaines espagnoles et italiennes et l'antique vidéo française bien sûr. Voilà qui est regrettable car malgré ses défauts Hold-up est un modeste noir, un gangster movie discret mais honorable, un cran en dessous de L'homme sans mémoire plus efficace, mais qui se laisse visionner avec un certain plaisir ne serait-ce que pour ses scènes d'action, son final convenu mais bien conduit, le toujours parfait Marcel Bozzuffi et la superbe partition musicale de Franco Micalizzi. Pas un must mais distrayant et plutôt agréable.