La pagella
Autres titres:
Real: Nini Grassia
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 85mn
Acteurs: Mario Trevi, Marc Porel, Massimo Deda, Marisa Laurito, Marzio Honorato, Beniamino Maggio, Patrizia Capuano, Antonietta Esposito, Luciano Jannantuani, Emanuela Dello Jacono, Basic Snjezana, Barbara Magnolfi...
Résumé: Salvatore, un honnête garagiste, achète une montre en or à son fils Gennarino pour avoir réussi ses examens de fin d'année. Alors qu'ils choisissent le bijou le magasin est attaqué par des gangsters qui tuent l'enfant. Fou de douleur Salvatore décide de faire justice lui même en retrouvant les meurtriers de son fils chéri...
Alors que le polizesco meurt déjà depuis quelques années de sa belle mort le scénariste metteur en scène Nini Grassia tente de faire perdurer le genre en réalisant pour ses premiers pas derrière la caméra un petit polar napolitain, autre style cinématographique essentiellement porté par Mario Merola qui eut également dans le milieu des années 70 son heure de gloire. N'est pas Merola qui veut, il n'est donc pas étonnant que La pagella, tiré de la pièce de théâtre "A paggella", n'ait guère laissé de traces dans les annales du cinéma même si le film fut un énorme succès en Italie mais également en Amérique et en Allemagne.
Ce petit polar traine son spectateur au coeur de Naples, là où vit Salvatore, un garagiste sans histoire, père du petit Gennarino, un enfant d'une douzaine d'années, travailleur, élève assidu qui s'apprête à passer ses examens de fin d'année. Son père lui a promis de lui acheter une superbe montre en or s'il les réussit. C'est avec succès qu'il les passe. Salvatore l'emmène chez un bijoutier pour lui acheter le bijou promis. Alors qu'ils choisissent la montre une bande de gangsters attaque le magasin et tue Gennarino. Les malfrats prennent la fuite. Si Salvatore n'a pas eu le temps de voir les voyous petit à petit quelques détails vont lui revenir en mémoire jusqu'au jour où le hasard met sur sa route un des gangsters. Salvatore va
devenir ami avec lui et lentement remonter jusqu'au gang. Il n'a qu'une idée, faire justice lui même au péril de sa vie, refusant l'aide de son ami le commissaire. Malheureusement pour lui les bandits découvrent sa réelle identité. Laissé pour mort il parvient à s'évader, prêt à tout pour venger la mort de son fils.
La pagella fut au départ une pièce de théâtre mise en scène avec succès en 1977 par le chanteur et comédien napolitain Mario Trevi. Très connu en Italie où son répertoire se range auprès de celui de Mario Amendola, Trevi décide en 1980 de porter sa pièce au cinéma. Il en confie le scénario à Sergio Garrone qui la transforme en un hybride entre le polar napolitain
classique et le lacrima movie, un croisement qui risque de déconcerter ceux qui en attendaient un polizesco musclé dans la grande tradition du genre. Le film de Grassia se scinde facilement en deux parties. La première relève du pur lacrima. Elle se contente d'illustrer l'amour qui existe entre Gennarino un fils modèle, un élève doué, apprécié de tous, un garçonnet napolitain plein de bonté qui va perdre la vie sous les balles d'un gangster, et son père, un honnête garagiste. Grassia joue du violon ou plutôt de la mandoline mais sans les chants napolitains de Amendola on perd déjà pas mal de cette atmosphère qui caractérisait les films de l'opulent acteur-chanteur. Subsiste une illustration souvent mièvre,
un brin puérile, dégoulinante de bons sentiments mais tellement cliché qu'elle devient vite bien plus énervante que prenante. Difficile donc de se prendre d'affection pour cet enfant bien dodu, d'admirer sa relation avec ce père à l'air un peu benêt joué par Trevi lui même qui physiquement fait souvent songer à Alvaro Vitali!
La seconde partie s'intéresse quant à elle à la vendetta à laquelle va se livrer ce père rongé par la douleur. Plus dynamique elle fait cette fois s'orienter le film vers le polar traditionnel en prenant pour principal thème l'auto justice. Si elle s'avère plus intéressante force est constater qu'on est tout de même loin, très loin de la violence des polizeschi habituels. Mais
le principal défaut de La pagella est son manque de dynamique. L'ensemble souffre d'une mise en scène mollassonne, peu énergique, totalement anodine. L'ensemble ronronne et ne décolle jamais vraiment y compris lors des rares scènes d'action notamment les quelques courses poursuites qui ne soulèvent que bien de poussière. On semble durant tout le métrage assister à un quelconque téléfilm policier. Grassia donne l'impression de s'endormir derrière sa caméra, à se demander s'il a lui même tourné le film lorsqu'on sait que plusieurs autres metteurs en scène étaient présents sur le plateau pour le conseiller et l'aider à la réalisation de ce première pellicule. On cherche en vain l'effort.
L'interprétation n'aide guère à donner du punch à l'ensemble surtout pas Marc Porel dans le rôle du commissaire., anémique, éteint, parfaitement translucide, à des années lumière de ses interprétations passées. Détruit par sa toxico dépendance, il n'est plus que l'ombre de lui même, le regard triste, absent durant tout le film. Bien malgré lui il donne une aura sinistre au film lorsqu'on sait que trois ans plus tard il s'éteindra. Trevi se souvient de son éminente sympathie et de son professionnalisme mais également des doses d'héroïne qu'il consommait entre deux prises. Comédien de théâtre et chanteur à la base Mario Trevi n'a pas réellement l'étoffe d'un acteur malgré son évident investissement. Il n'est jamais
vraiment touchant encore moins crédible en père vengeur déterminé. Quant à Massimo Deda il est égal à lui même c'est à dire irritant. L'enfant découvert dans Opération casseur de Lenzi ne fait que reprendre le rôle qui l'a rendu célèbre et qu'il interpréta quatre fois entre 76 et 80, celui de Gennarino le petit napolitain. Notre Gavroche transalpin est simplement devenu un pré-ado grassouillet mais son jeu reste identique. Parmi les bambins ayant été au coeur de lacrima movies Massimo restera un des moins attachants. Ce fut fort heureusement son ultime film. On notera la présence d'une toute jeune et encore peu connue Marisa Laurito et l'apparition à la limite du caméo de Barbara Magnolfi lors de la scène du repas de fête.
La pagella n'est pas un mauvais film. C'est un mélange gentillet de film d'action, de drame et de bons sentiments qui devrait faire son petit effet sur les coeurs d'artichaut et simplement divertir les autres, c'est à dire les moins exigeants, notamment lors des dernières vingt minutes. Daté avant l'heure, pas très convaincant, par moment ridicule (Salvatore qui par la simple force de la pensée de son défunt fils parvient à soulever l'établi auquel il est menotté), La pagella est un petit, tout petit film populaire, certes honnête mais à qui il manque tout particulièrement de mordant, de vitalité. Très italien dans sa conception il n'est pas surprenant qu'il remporte presque 3 milliards de lires dans son pays d'origine friand de larmes enfantines. Il n'avait malheureusement que peu de chance de triompher en France.
A conseiller essentiellement aux collectionneurs assidus, les curieux et les admirateurs de Marc Porel.