Adolescencia
Autres titres: Adolescence
Real: German Lorente
Année: 1982
Origine: Espagne
Genre: Comédie dramatique
Durée: 108mn
Acteurs: Cristina Marsillach, Fabian Conde, Ramoncin, José Luis Alonso, Carlos Larranaga, Julia Martinez, Isabel Luque, Manuel De Blas, Ana Gracia, Manuel Zarzo, Rafael Hernandez,, Pastor Serrador, José Luis Lopez Vasquez, Rafael Mera...
Résumé: Jorge, 17 ans, fait la connaissance de Laura, elle aussi 17 ans, lors d'une fête. Dés cet instant les deux adolescents ne se quittent plus. Eperdument amoureux l'un de l'autre ils décident très vite de vivre ensemble malgré leur jeune âge. Leur famille respective, socialement opposée, ne comprend pas ce choix et vont devoir faire avec...
Deuxième film d'une trilogie adolescente ouverte l'année précédente avec Tres mujeres de hoy Adolescencia fut également l'avant dernière réalisation de l'espagnol German Lorente, grand spécialiste du mélodrame à prétention moralisateur, qui clôturera une longue carrière de scénariste-metteur en scène un an plus tard avec l'ultime volet de cette série La vendedora de la ropa interior.
Jorge a dix-sept ans. Fils de petits bourgeois espagnols traditionalistes il va au lycée et se pose pas mal de questions sur sa sexualité. Il n'a pas encore de petite amie contrairement à
son ami Andres, un tombeur extraverti. Son père s'inquiète de le voir trainer avec un homosexuel craignant que son fils suive cet exemple. Lors d'une fête où l'alcool coule à flot et où les joints tournent dans les chambres Jorge fait la connaissance de Laura, elle aussi dix-sept ans, fille d'un couple moderne et libéré. Ils tombent très vite amoureux l'un de l'autre et décident de vivre ensemble malgré leur jeune âge. Face à l'incompréhension de leurs parents respectifs ils fuient le domicile familial. Tandis que la police les recherche commence alors pour eux une vie faite d'aléas. Ils s'installent d'abord dans une villa inhabitée puis se retrouvent chez un inquiétant maitre de cérémonie puis aidés de Andres ils
organisent leur quotidien, font la fête mais face aux difficultés les disputes éclatent. Ils décident de rentrer chez leurs parents qui acceptent qu'ils se marient pour officialiser leur amour. Ils organisent alors leur mariage mais se marier est-il vraiment nécessaire de nos jours pour s'aimer et vivre ensemble?
On a connu le film adolescent ibérique bien plus virulent, parfois plus virulent et téméraire encore que ce que l'Italie a pu en ces années proposer à son public. Adolescencia ne risque guère de laisser un souvenir impérissable dans l'esprit du spectateur. Aujourd'hui totalement oubliée cette anodine et si inoffensive pellicule se voulait le reflet de la jeunesse espagnole
de ce début d'années 80 dans un pays libéré où les jeunes écoutaient du rock, fumaient, parlaient sexe, mariage sans complexe ni tabou face à l'ancienne génération encore ancrée dans ses traditions et ses idées vieillottes. Les dix premières minutes du film font illusion et laissent entrevoir une oeuvre bien en adéquation avec son sujet et son époque. Jorge, garçon bien sous tout rapport, fils de petits bourgeois et très sûrement encore puceau, suit son ami Andres dans un garage où sous ses yeux ébahis il fait l'amour sans aucune gêne à sa petite amie Matilde. Très mal à l'aise Jorge s'enfuit et on le retrouve un peu plus tard dans une party étudiante où sexe, drogue et alcool sont au rendez-vous. Jorge fume un joint pour la
première fois. Il a la nausée. C'est à cet instant qu'il fait la connaissance de la charmante Laura venue prendre soin de lui dans la salle de bain. C'est le début d'une histoire d'amour passionnelle entre les deux adolescents et d'un long ennui pour le spectateur qui voit ses espoirs d'un film salace et audacieux s'envoler très vite. A partir de cet instant il ne passe quasiment plus rien jusqu'à la fin. Il n'y a ni rebondissement ni suspens encore moins une tentative de réflexion. On suit passivement les aventures de nos deux tourtereaux bien décidés à vivre ensemble même s'ils sont encore mineurs au grand dam de leur famille respective socialement et moralement opposée.
Dés lors on assiste à une histoire le plus souvent inconsistante, jamais très réaliste qui s'étire sur presque deux heures. Autant dire qu'on a très souvent envie de faire avance rapide tant la vie de nos adolescents partis du foyer familial pour vivre leur vie d'amoureux est d'une extrême platitude. Lorente se contente d'enchainer mollement les clichés sur la jeunesse sans jamais essayer de réellement creuser son propos. C'est d'autant plus ennuyeux que les aventures de notre couple sont d'un total inintérêt peu aidées de surcroit par le portrait quasi inexistant que le metteur en scène dresse de lui. Jamais attachants, bien trop lisses, ni sympathiques ni antipathiques difficile pour ces deux adolescents lambda de capter notre
attention et ce n'est pas compter sur l'érotisme juvénile qu'on pourra compter cette fois pour nous aider à sortir de notre douce torpeur puisque Adolescencia en est exempt. Quelques baisers échangés, de pudiques scènes de lit, quelques très furtives culottes et soutiens-gorges ou Jorge en slip, absolument rien susceptible d'étourdir nos sens.
German Lorente préfère jouer la carte de l'humour, un humour proche par instant de la comédie populaire classique essentiellement incarné par les deux familles et l'abime qui les sépare. Rien de très subtil là encore, Lorente reste dans le convenu (la mère de Jorge outrée d'assister au strip-tease d'une danseuse dans un club tandis que son mari, la langue
pendue, est visiblement fort excité). Et c'est par un mariage que se termineront ces deux longues heures, des noces écourtées à la surprise des invités puisque notre joli couple se sauvera de l'église avant la fin de la cérémonie pour mieux profiter de la vie à bord de leur petite Fiat panda. Pas besoin de mariage pour s'aimer et vivre ensemble. Un pied de nez aux conventions et à la bonne moralité aussi peu dangereux que le film lui même.
La seule véritable curiosité de cette petite bande oubliée est la présence d'une toute jeune Cristina Marsillach, tout juste 18 ans, dont c'était les grands débuts à l'écran après une
apparition aux cotés de son père dans El poderoso influjo de la luna et quelques années avant La gabbia et surtout Opera de Dario Argento. C'est José Luis Alonso qui interprète Jorge, jeune acteur et ex- éphémère enfant star, révélé en 1978 dans le sulfureux El Diputado de Eloy de La Iglesia. La présence de quelques vétérans du cinéma espagnol tels que Fabian Condé et José Luis Lopez Vasquez ne change rien à la donne. A l'instar de Cristina Marsillach c'est ce film qui lança également la carrière du séduisant et séduisant hidalgo acteur-chanteur Ramoncin qui joue ici Andres, le play boy.
Outre Cristina Marsillach d'un coté, José Luis Alonso de l'autre, Adolescencia ne présente strictement aucun autre véritable intérêt. Le cinéma adolescent ibérique a connu mieux, bien mieux, vraiment bien mieux.