Casa dell'amore... la polizia interviene
Autres titres: I torbidi misteri della sensualità
Réal: Renato Polselli
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Thriller horrifique
Durée: 77mn
Acteurs: Tony Matera, Mirella Rossi, Iolanda Mascitti, Matilde Antonelli, Giovanni Pezzoli, Gianni Pesola, Zaira Zoccheddu, Cesare Nizzica, Nicola Morelli, Salvatore Carrara, Elsio Mancuso, Katia Cardinali...
Résumé: Alors qu'ils font des fouilles dans un pré boisé trois jeunes archéologues sont témoins du rapt d'une jeune fille. Ils suivent la voiture qui s'arrête dans une villa isolée. Ils découvrent qu'à l'intérieur un groupe de satanistes y pratique des sacrifices humains lors de messes noires dédiées à Astaroth...
Renato Polselli a toujours été un réalisateur bien à part dans l'univers du cinéma de genre, adulé par certains qui voient en lui un véritable génie, détesté par d'autres qui ne voient en lui qu'un tâcheron illuminé qui cache son incapacité derrière un cinéma pseudo intellectuel, un monde qu'il s'est bâti dans lequel on pénètre ou non. Vénéré ou rejeté Polselli ne laisse cependant jamais vraiment indifférent et son oeuvre est toujours sujet à débat. Et plus il avançait dans sa carrière, plus ses films devenaient une sorte de capharnaüm pelliculaire de moins en moins compréhensible. C'est par exemple le cas de cette mosaïque policière
qu'est Torino centrale del vizio et de ce collage insensé intitulé Casa dell'amore... la polizia interviene, un thriller satanique sorti l'année précédente mais réalisé en 1972 si on en croit Polselli lui même ce que peut confirmer aussi le look des acteurs.
Comment résumer ce film du mieux que possible vu le grand n'importe quoi que le pornographe Bruno Vani, ici scénariste, nous propose? Tentons l'impossible. Trois jeunes archéologues (très) amateurs, Helm, Brigitte et Charlotte, font des fouilles dans un vaste pré boisé et verdoyant. Voilà déjà un élément totalement farfelu. Brigitte est témoin du rapt d'une jeune fille par deux hommes vêtus d'un costume et d'un chapeau melon (mais sans bottes
de cuir) qui l'enferment dans le coffre de leur voiture. Les kidnappeurs ont le don d'ubiquité puisqu'ils apparaissent partout sans aucune explication. Brigitte, terrorisée, informe ses amis qui eux aussi semblent avoir des dons. Les filles fuient en 4L, Helm en moto, l'engin s'étant soudainement matérialisé. Encore plus fort: la 4L le sème mais pourtant tout trois se retrouvent au même endroit. Sans prendre la peine de se cacher ils arrivent devant "la villa maudite" (telle est son nom) et voient les deux hommes enfermer la malheureuse à l'intérieur de la maison. Pour savoir ce qui se trame, Helm, le McGyver de l'équipe, fabrique grâce à des tuyaux un périscope et une sorte de téléphone arabe avec des bidons pour voir
et écouter ce qui se passe dans la maison. On ne saura jamais d'où il sort tout ce matériel (de son slip?) mais peu importe ça fonctionne. Montés au sommet d'un arbre ils espionnent et en profitent pour faire des câlins également (normal me direz vous). Et voilà ce qu'ils découvrent: il s'agit d'une secte satanique qui enlève de jeunes vierges pour les sacrifier lors de messes noires en l'honneur d'Astaroth afin que se réalise une énigmatique prophétie. Arrive alors Katty, une plantureuse blonde platine qui promène une chèvre en laisse (!!). Elle sait quelque chose sur la villa et veut en parler à la police qui ne la croit pas. Elle pense aussi être la prochaine victime. Pendant ce temps nos archéologues qui se sont
séparés pour mieux enquêter décident de ne pas sauver la malheureuse jeune fille. Pourquoi? Car ils veulent un scoop! A croire qu'ils se sont transformés en journalistes entre temps. Mais aussi dixit Helm car elle est aussi plate qu'une planche à pain! Pas de chance pour elle de ne pas être le sosie de Pamela Anderson! A partir de là tout va encore moins bien. Les jeunes archéologues-journalistes censés enquêter errent dans les bois près de la villa, jouent aux fléchettes (Charlotte en masturbe même une en matant Helm avant d'entamer une course-poursuite en 4L) jusqu'au délirant final où après quelques rites sataniques la police débarque soudainement et arrête les membres de la secte. Reste à
Helm à affronter les deux kidnappeurs en chapeau melon lors d'un impensable face à face où ils se lancent à la figure tout ce qu'ils peuvent trouver sur place, des chaines, des bols, une échelle et même des poules qui leur servent de masse, un combat sidérant qui fera surement bondir toutes les ligues de défense des animaux!
Et ceci n'est qu'un aperçu de ce que Casa dell'amore... réserve. Rien n'a de sens, tout est parfaitement ridicule. L'intrigue est incompréhensible comme les réactions des protagonistes qui vont à l'encontre de toute vraisemblance et toute logique. Comment Vani a t-il pu écrire un tel scénario et Polselli le valider? On ne parlera même pas des dialogues
totalement surréalistes qui engendrent une hilarité presque gênée. Tourné sans aucun budget autour de la périphérie romaine, monté approximativement ce qui le rend encore plus incompréhensible, ce Polselli anarchique et délirant (dans tous les sens du terme) est une véritable expérience. "Il faut le voir pour le croire" pourrait être l'accroche de cette plaisanterie trash à l'humour involontairement "fumetti". Que dire des scènes de messes noires et autres séquences de satanisme orchestrés par la Grande prêtresse maquillée comme une drag-queen, la partie "horreur" du film? Certaines proviennent d'un film jamais terminé, Una vergine per Satana de Alessandro Santini, auxquelles s'ajoutent celles de
Polselli. Elles n'ont guère mieux à offrir tant elles sont insignifiantes. Quelques incantations (durant lesquelles on invoque même les extra-terrestres!), un masque de diable cornu, des cagoules, quelques sacrifices inoffensifs mais qui permettent un maximum de scènes de nu (le but premier), il n'y a guère plus à se mettre sur la langue. Doit-on parler de l'interprétation qui avoisine le zéro absolu? On retrouve au générique les actrices fétiches du metteur en scène, Mirella Rossi qui passe son temps à écarquiller les yeux et dont on se rappellera la scène complètement barrée où elle s'excite comme un diable dans un bénitier contre une roue de moto un bâton entre les jambes, l'égyptienne Jolanda Mascitti, la
peroxydée Katia Cardinali (et sa biquette) et Tony Matera. On reconnaitra aussi Zaira Zoccheddu (la putain ivre) et le générique Salvatore Carrara (le tueur).
Malgré cela (et avec un peu d'abnégation bien sûr) Casa dell'amore... la polizia interviene a son petit charme. Celui déjà de se demander jusqu'où peut aller Polselli dans son délire, cette curiosité qui pousse à tenir bon pour voir ce qui peut encore nous attendre. Il y a également cette atmosphère décadente propre au metteur au scène, quelques idées intéressantes (la vieille villa maudite et son doux parfum d'orchidée) ainsi que quelques moments qui procurent une certaine fascination et rappellent ces bonnes vieilles séries B et
Z du cinéma italien mais aussi ces pellicules grindhouse telles que par exemple Snuff mais le tout est si mal agencé, noyé dans un océan de pauvreté et de n'importe quoi qu'il est difficile de sauver l'ensemble de la médiocrité là encore absolue. Outre le polsellien assidu bien évidemment, les fans incontestés de cinéma Bis trouveront pourtant toujours quelque chose à se mettre sous la dent dans ce fatras qui a la grande faculté de ne jamais être soporifique tant il est... extraordinaire! Comme pour les derniers films que tourna Polselli la seule façon de pouvoir visionner Casa dell'amore... est malheureusement une antique VHS italienne d'une médiocrité saisissante à l'image dégoulinante.
Un mot tout de même sur la bande originale signée Giorgio Farina elle aussi totalement étrange puisqu'elle mélange battements de coeur et morceaux synthétiques angoissants pour subitement se transformer en passages digne d'une comédie sans oublier le générique qui ressemble bizarrement à une version un peu plus joyeuse du célèbre thème du Pinocchio de Comencini!
Pour l'anecdote le film ayant été tourné la même année que Oscenità certaines scènes de Casa dell'amore... ont été réutilisées et insérées dans ce dernier.