Quando l'amore è oscenità
Autres titres: Quando l'amore è oscenita
Real: Renato Polselli
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 84mn
Acteurs: Mirella Rossi, Brad Euston, Franca Grey, Anna Ardizzone, Carla Mancini, Isarco Ravaioli, Dino Strano, Ivana Giordan, Antonio Maronese, Marcello Bonino Olas, Luciano Conti, Daniele Gabbai...
Résumé: On suit ici Mireille, une jeune femme inhibée, qui, refusant la totale suprématie de l'homme dominant, passe son temps à se faire violer ou agresser.
Elle va donc assister à une pseudo réunion de groupe, sorte de thérapie psychanalytique où se retrouvent tous ses agresseurs, femmes ou hommes. Chacun narre sa vie et parle sans retenue de ses pires fantasmes que le réalisateur met alors en scène...
Oscenità connut en son temps de graves problèmes avec la censure qui en interdit la sortie pour avilissement de la femme et atteinte aux bonnes moeurs. Le film fut saisi et son réalisateur, Renato Polselli, dut le remonter et en changer les dialogues afin d'en faire un film féministe qui sortit sept ans plus tard.
Oscenita est une enquête socio-sexuelle typique du cinéma de Polselli, un discours contre les tabous, le pouvoir et les institutions catholiques. Dans un sorte de délire psychédélique arrosé de dialogues baroques et surtout ridicules, Polselli tente de faire exploser tous les
tabous sexuels et religieux et de rétablir la véritable place de la femme dans notre société.
Oscenità remet en question la sempiternelle question de savoir non seulement quelle est la place de la femme par rapport à l'homme mais aussi l'utilité de son corps face à l'homme tout puissant. On suit donc Mireille, jeune femme inhibée, qui, refusant la totale suprématie de l'homme dominant et donc d'être à sa merci, passe son temps à se faire violer ou agresser.
Elle va donc assister à une pseudo réunion de groupe, une sorte de thérapie psychanalytique où se retrouvent tous ses agresseurs, femmes ou hommes.
Chacun narre alors sa vie et parle sans retenue de ses pires fantasmes que Polselli met alors en scène. Chacun va s'expliquer sur les raisons de ses choix, leurs déviances et leur bienséance afin que Mireille puisse enfin s'émanciper.
Pour Polselli, la femme, le corps de la femme n'est qu'un simple objet que l'homme utilise à son gré, suivant tous ses désirs, y compris les plus bestiaux. Femme soumise, femme docile, femme animal, femme objet, femme poupée de chair, elle doit tout accepter et ne pas se soustraire, Dieu l'a crée pour assouvir ses instincts les plus pervers. La femme a ainsi été faite pour être avilie et combler les pires perversions de l'homme, tel est son rôle sur Terre selon Dieu.
Oscenita est aussi un film sur l'explosion des tabous. L'homme doit vivre sa sexualité comme il l'entend sans honte ni retenue, sans barrière aucune qu'elles soient sociales, morales, religieuses... Il doit se sentir libre de ses désirs, de ses fantasmes, apprendre à les accepter et surtout les vivre sans peur loin des carcans moraux et sociaux.
Pour illustrer ses idées Polselli a recours aux pires excès et réalise un porno soft scabreux qui pour notre plus grand plaisir fait se succéder quelques déviances sexuelles hallucinantes. C'est ainsi que s'enchainent des scènes souvent délirantes: une femme fait l'amour à un tronc d'arbre rugueux, d'autres s'enfoncent un silex ou des branches d'arbre... .
Polselli enchaine les séquences de viols notamment celui de Mireille lors de l'ouverture du film. C'est toujours Mireille qui se fait violer à la plage ou se fait agresser dans sa salle de bain alors que sa baignoire se recouvre comme dans un cauchemar d'une plaque de verre sous laquelle elle étouffe en voyant le visage grimaçant et rubicond de son violeur. Polselli parsème son métrage de plans d'urophilie, l'assaisonne de quelques traces de pédophilie, le pimente de masturbations et le relève d'une pointe de satanisme et d'allégories bibliques fortement hérétiques (une sodomie sur un autel, la reconstitution de l'Eden où des êtres préhistoriques s'accouplent) jusqu'à l'impensable scène zoophile non simulée qui
constitue le clou du film: une prostituée s'accouple explicitement avec un âne qui défèque sous l'oeil étincelant d'un paysan rubicond.
Le final est assez surprenant. Il débouche sur une sorte d'orgie-massacre libératrice déclenchée par un des narrateurs qui dévoile son passé homosexuel. De cette montée de violence nait une orgie où toutes et tous se laissent aller dont Mireille qui enfin se libère et accepte son viol, le sexe caressé par la lame d'un poignard avant qu'elle ne s'enfonce une bougie allumée dans le vagin. L'ultime image nous montre une Mireille enfin libre de toute inhibition, divinement statufiée en un véritable tableau biblique.
Combattez vos barrières psychologiques les plus inhibitoires et vous en sortirez déifié semble vouloir dire Polselli.
Bric à brac pseudo psychanalytique et existentiel noyé dans un psychédélisme typique des années 70, Oscenità comme toutes les oeuvres de Polselli frise souvent le ridicule. Voilà un gigantesque brouillon pseudo intellectuel sans queue ni tête, surtout sans tête, qui bien souvent provoquera le rire. L'ensemble ne dépasse jamais un niveau amateur, agrémenté de dialogues pompeux mais surtout stupides d'où émergent pourtant quelques bonnes idées restées au stade de foetus.
Quelques scènes sont parfois percutantes et se réclament d'un certain cinéma d'exploitation
assez malsain et brutal, ce qu'est de toutes façon Oscenità, même si là encore l'amateurisme et le ridicule de certains plans en désamorcent grandement la force. En définitif, on peut voir en Oscenità, produit totalement voyeuriste, un film dont le seul but est d'exciter le spectateur amateur des pires déviances sexuelles à travers le corps de la femme montrée comme un simple objet de chair et réceptacle à sexe.
Au générique, on a ici droit à un panel d'actrices venues pour la plupart de la décamérotique: Mirella Rossi dans le rôle de Mireille, Anna Ardizzone, récurrente des oeuvres de Polselli
qui ici donne réellement du plaisir à l'âne, Franca Grey et plus étonnant, la très respectable Carla Mancini dans une furtive apparition fort heureusement. A leurs cotés on retrouvera quelques vieilles gloires masculines du western-spaghetti et du film d'action et d'aventures des années 60: l'ami polsellinien Isarco Ravaioli vu aussi dans Erika tigresse SS, Dino Strano ou encore Brad Euston, Oscenità ayant été pour certains d'entre eux le chant du cygne de leur carrière.