La notte dei dannati
Autres titres: Nuits sexuelles / La nuit des damnés / The night of the sexual demons / Night of the damned
Real: Walter Filippo Ratti
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 95mn
Acteurs: Pierre Brice, Mario Carra, Daniela D'Agostino, Angela De Leo, Patrizia Viotti, Antonio Pavan, Irio Fantini, Carla Mancini, Alessandro Tedeschi...
Résumé: Jean Duprey et son épouse Danielle sont journalistes. Jean reçoit un jour une lettre d'un vieil ami aristocrate, Guillaume de Saint-Lambert, qui semble lentement mourir d'une étrange maladie. Jean et sa femme se rendent au château où vit Guillaume et sa femme. Jean découvre rapidement que la jeune épouse de Guillaume est en fait une sorcière qui fut brûlée au siècle dernier. Elle a tout pouvoir sur son mari qu'elle fait mourir à petit feu. Le journaliste va devoir briser la malédiction qui règne sur la famille des saint-Lambert...
Réalisé en 1973 par Filippo Walter Ratti alors en fin de carrière, La nuit des damnés connu en vidéo sous le titre assez éloquent Nuits sexuelles est une intéressante mais trop méconnue série B qui prend comme principal thème le satanisme. Avec un certain savoir-faire Ratti tente de faire perdurer la tradition du film gothique à l'italienne dans la lignée de Mario Bava, Riccardo Freda ou Antonio Margheriti. On y retrouve tous les éléments inhérents au genre, plutôt bien utilisés ici: château, nuits d'orages, candélabres, longs et sinistres corridors, cryptes lugubres, malédiction ancestrale...
Ratti s'évertue à créer avec succès une véritable atmosphère macabre et inquiétante toute teintée d'un psychédélisme fort agréable. La très belle photographie qui rappelle beaucoup le travail de Mario Bava joue magnifiquement bien avec les couleurs, les ombres, le décor macabre donnant ainsi vie à ce château funeste où tout semble s'animer autour de la malheureuse héroïne. Statues et armures semblent vivantes, projetant leur ombre menaçante sur les murs, tandis que les tableaux donnent l'impression de prendre vie et les rideaux sous l'effet du vent se transformer en inquiétants spectres.
Plus étonnantes sont ici l'importance des scènes de sexe particulièrement osées pour l'époque. Dans sa version intégrale (la version française s'est vue amputée d'une douzaine de minutes) La nuit des damnés comporte de nombreuses scènes saphiques entre succubes et futures sacrifiées. Ratti insiste tout particulièrement sur ces séquences souvent longues et surtout étonnamment explicites cassant ainsi un rythme au départ déjà bancal mais transformant soudain ce gentil film d'horreur gothique en pur sexploitation. A noter qu'il existe différents montages italiens qui transforment ce film en un véritable puzzle à reconstituer. La version la plus complète, du moins la plus longue durant 95 minutes. Reste à savoir quelle version Ratti tourna réellement.
L'aspect satanique s'inscrit quant à lui dans le courant alors en vogue dans ce type de films en ce début de décennie. Noyées dans une mer de fumigènes aux couleurs psychédéliques, les prêtresses nues sous leur longues capes noires pratiquent des sacrifices rituels sur un autel après s'être livrées à des orgies païennes entre deux apparitions démoniaques dont les effets spéciaux laissent parfois à désirer. Rien de très exceptionnel donc mais plutôt bien réalisées ces scènes de rites fonctionnent parfaitement bien et sont plutôt efficaces.
On regrettera par contre la mollesse d'une enquête dépourvue de tout suspens où tout est téléphoné et convenu. Ratti abat trop vite ses cartes et c'est sans véritable surprise que l'enquête digne d'un Sherlock Holmes en culottes courtes nous conduira au fameux secret de famille des Saint-Lambert qui en fera sourire pas mal. Comment en effet ne pas s'esclaffer devant la découverte de l'anagramme qui révèle le nom de la sorcière.
Les ultimes images n'apporteront rien de très original mais on se souviendra de la défaite de cette sorcière qui ayant perdue sa jeunesse éternelle redevient, au milieu du château en flammes, une horrible mégère à la peau fripée et au nez crochu. Voilà qui renvoie directement à l'imagerie traditionnelle de cet être démoniaque, celle de nos contes d'enfants et des légendes ancestrales. L'effet est ici assez saisissant et plutôt réussi, une jolie conclusion visuelle pour cette oeuvre à tout petit budget un brin ennuyeuse mais aussi étrange qu'envoûtante à la partition musicale jazzy assez décalée signée Carlo Savina.
On retrouvera au coeur de ces Nuits sexuelles le français rendu célèbre par la série Winnetou Pierre Brice, principal protagoniste de l'excellent Moulin des supplices, de nouveau en tête d'affiche aux cotés de la féline Patrizia Viotti dont la principale fonction ici est de se déshabiller et de hurler et Angela De Leo vue auparavant dans Juliette de Sade et le Roma de Fellini.