Bianchi cavalli d'agosto
Autres titres: White horses of summer
Réal: Raimondo De Balzo
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Lacrima movie
Durée: 89mn
Acteurs: Renato Cestiè, Antonino Faà Di Bruno, Ciccio Ingrassia, Jean Seberg, Frederick Stafford, Alberto Terracina, Alberto Farnese, Carlo Gaddi, Filippo Fantini, Vanna Brosio, Paola Rosi, Paolo Paoloni, Vittorio Fanfoni, Lorenzo Piani...
Résumé: Bunny, un petit garçon américain d'une douzaine d'années, vient en vacances dans les Pouilles. Lui et ses parents, un couple en pleine crise, séjournent dans une résidence balnéaire. Bunny est seul et les incessantes disputes entre ses parents le rendent triste. Malgré la beauté des lieux la relation entre le père et la mère restent tendues. Le père finit par quitter l'hôtel pour partir seul en Grèce. Sa femme se laisse séduire par un jeune journaliste. A son retour l'époux découvre l'infidélité de sa femme. Bunny finit par quitter la résidence, las des querelles de ses parents. Lors de sa fugue il tombe d'une corniche. Grièvement blessé il est emmené à l'hôpital dans un état critique...
Emporté par un cancer en 1995 à 56 ans Raimondo Del Balzo n'aura fait qu'un rapide passage dans l'univers du cinéma italien puisqu'en quinze ans de carrière il n'a mis en scène que six films plus fades les uns que les autres. Si on excepte un rape and revenge particulièrement raté, (Midnight blue/La domenica del diavolo), c'est essentiellement dans un genre bien spécifique, le lacrima movie que Del Balzo officia. Il n'est pas faux de dire qu'il est à la source même de ce genre familial très en vogue dans les années 70 dont le but était de faire couler un maximum de larmes chez le spectateur à travers des histoires, des
drames mettant le plus souvent en scène des enfants. En 1973 il réalise un des tout premiers lacrima, L'ultima neve di primavera, gros succès public lors de sa sortie en salles en Italie qui allait être suivi deux ans plus tard par Bianchi cavalli d'agosto.
Bunny, un garçonnet d'une douzaine d'années, est le fils unique d'un couple d'américains, Lea et Nicholas, qui vit à Richmond. Les relations de ses parents sont tendues. C'est pourquoi la petite famille décide de passer quelques semaines de vacances en Italie, dans les Pouilles, dans un splendide hôtel au bord de la mer pour changer des traditionnelles vacances culturelles si appréciées du père. Bunny est heureux mais son enthousiasme est
régulièrement entaché par les disputes entre son père et sa mère qui tombe sous le charme d'Aldo, un séduisant journaliste résidant à l'hôtel. Bunny s'ennuie. Il n'a pas d'amis si ce n'est le petit groom de l'établissement. Il rêve souvent que de magnifiques chevaux blancs galopent le long de la plage pour venir le chercher pour l'emmener loin des disputes parentales. Fatigué de ce séjour balnéaire qui l'ennuie mortellement le père commence à boire. Il finit par partir quelques jours seul en Grèce. Quelques temps plus tard Lea reçoit une poignante lettre d'amour de son mari. Elle décide de le rejoindre mais Nicholas rentre plus tôt que prévu et découvre que sa femme a couché avec le journaliste. Sachant que ses
retrouvailles engendreront d'autres querelles Bunny s'enfuit et tombe accidentellement du haut d'une corniche. Grièvement blessé, il est emmené d'urgence à l'hôpital. Son père et sa mère réunis par le drame n'ont plus qu'à prier pour qu'il ne meure pas.
Malgré un coté un peu trop lisse et une fin peu plausible L'ultima neve di primavera restait un film plutôt agréable à suivre, plein d'amour et de bons sentiments agrémenté de jolis ralentis dans les champs de fleurs. Malgré ses défauts l'aspect sentimental fonctionnait et pouvait aisément toucher en plein coeur tant le jeune public qu'un public bien plus âgé. Ce n'est malheureusement pas le cas avec ce second film. L'histoire est aussi simple que celle
de n'importe quel autre lacrima dont elle suit le schéma habituel mais cette fois force est de reconnaitre que rien ne marche. Si l'intrigue est au départ déjà au minimum De Balzo use et abuse des plus grosses ficelles du genre afin de jouer sur l'aspect sentimental et la sensibilité du spectateur de manière tellement grossière et anarchique que le film devient involontairement hilarant si ce n'est ridicule et surtout terriblement ennuyeux. De Balzo en oublie même d'être cohérent et surtout vraisemblable. Bianchi cavalli d'agosto se transforme très vite en une sorte de bubble gum insipide qui enchaine les situations aussi stupides qu'improbables.
Reste donc l'ultime quart d'heure tant attendu par les fans du genre et ceux qui n'en peuvent plus de tout cet étalage de miel, celui de l'indispensable drame qui va mettre en grand péril la vie de l'enfant. malheureusement, là encore, la déception est au rendez-vous. Et quelle déception! Relégué aux ultimes minutes du métrage l'accident et ses conséquences sont incroyablement bâclés. Jamais réaliste il accumule une fois de plus les pires clichés, désamorçant toute émotion.
Impossible d'accrocher aux personnages tant ils sont lisses, superficiels. C'est d'autant plus regrettable que le metteur en scène avait réuni deux stars américaines, Jean Seberg et
Frederick Stafford, pour interpréter les parents de Bunny. Il n'y a aucune alchimie entre eux mais ils ont un point commun cependant, chacun semble se demander ce qu'il est venu faire là, jamais convaincants encore moins convaincus, une évidence lors de la tragédie finale où même pleurer et simuler l'effondrement devient un grand moment de rire. Quant à Renato Cestiè, le petit prince du lacrima movie, malgré son professionnalisme il est un peu trop grand désormais pour jouer les bambins sensibles ce qui rend l'histoire encore moins crédible (il faut l'entendre chuiner et se plaindre à sa maman après s'être légèrement écorché le genou). On n'oubliera pas le chien, une sorte de super Lassie dont chacune des
apparitions est un grand moment de rire. Il faut le voir pour le croire lorsque par exemple il nous montre qu'il faut une clé pour ouvrir une porte fermée ou attend patiemment le réveil de Bunny sur son lit d'hôpital en lui léchant la main (depuis quand les chiens sont admis dans la chambre des patients et peuvent les lécher?). On peut donner dans le sentimental exacerbé sans sombrer dans l'absurde! A signaler aussi l'apparition de Ciccio Ingrassia dans le rôle d'un pécheur silencieux (muet?) lors de la scène au port. S'il symbolise l'impossibilité de communiquer (celle de Bunny et ses parents) c'est surtout la beauté de la scène qu'on retiendra avant tout et non pas ce qu'elle représente tant elle se noie dans cette
suite indigeste de clichés grotesques.
Parmi tous les lacrima movies Bianchi cavalli d'agosto est très certainement le plus sirupeux mais avant tout le plus ridicule. De Balzo a simplement réalisé une telle boursouflure mélodramatique qu'elle en devient presque pathétique. Un aussi grand amoncellement de banalités rend l'ensemble vite imbuvable mais le film est sauvé d'une part par l'hilarité involontaire qu'il dégage, d'autre part par sa très belle partition musicale signée de l'inévitable Franco Micalizzi, les magnifiques paysages des Pouilles, notamment
la corniche et la plage de Pugnochiuso dans le Gargano et les séquences au ralenti où l'on voit les chevaux blancs du titre courir sur la plage. Voilà qui est trop peu pour faire de ce second lacrima une réussite. A réserver uniquement aux inconditionnels hardcore de ce filon familial, un adjectif qui rime avec lacrymal sauf qu'ici c'est devant un tel amoncellement de guimauve qu'on risquera de verser des rivières de larmes qu'elles soient de rire ou de déception.