L'ultima neve di primavera
Autres titres: La ultima nieve de primavera / The last snow of spring
Réal: Raimondo Del Balzo
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Lacrima movie
Durée: 90mn
Acteurs: Bekim Fehmiu, Agostina Belli, Renato Cestiè, Nino Segurini, Margherita Horowitz, Margherita Melandri, Carla Mancini, Filippo De Gara, Raika Juri, Giovanni Petrucci...
Résumé: Luca, un petit garçon d'une dizaine d'années, vit seul avec son père depuis la mort de sa mère. Trop occupé par son travail son père n'a que peu de temps à consacrer à son fils qui souffre de cette situation jusqu'au jour où il apprend qu'il est atteint d'une leucémie et qu'il ne lui reste que peu de temps à vivre...
Emporté par une tumeur cancéreuse en 1995 à tout juste 56 ans Raimondo Del Balzo n'aura guère laissé de traces dans l'univers du cinéma italien puisqu'en quinze ans de carrière il ne réalisa que six films tous plus anodins les uns que les autres. A l'exception d'un rape and revenge si raté qu'il en devient par instant hilarant (Midnight blue/La domenica del diavolo) c'est surtout dans le lacrima movie que Del Balzo s'est spécialisé. On peut même dire qu'il est à l'origine de ce genre familial très en vogue dans les années 70 dont le but était de faire couler un maximum de larmes chez le spectateur à travers des histoires, des drames
mettant le plus souvent en scène des enfants. L'ultima neve di primavera outre le fait qu'il en est un parfait exemple peut être vu comme un des tout premiers lacrima movie si ce n'est le premier d'une longue série lacrymale.
Luca est un petit garçon d'une dizaine d'années. Depuis la mort de sa mère il vit avec son père, Roberto, un avocat réputé. Luca est très souvent seul. Son père, très pris par son travail, n'est pas souvent à la maison. Luca souffre d'autant plus de cette solitude que Roberto annule régulièrement les projets qu'ils ont ensemble. Luca passe beaucoup de temps avec sa petite copine, Stefanella quand il ne regarde pas de vieux films familiaux en
Super 8. Il découvre aussi que son père a une petite amie, Veronica, avec qui il finit par faire connaissance lors de quelques jours de vacances organisés par son père. Ils s'entendent bien. Veronica est gentille et compréhensive. Alors que son père comprend enfin combien il a manqué à son fils Luca tombe malade. Il est atteint d'une leucémie et ne lui reste que très peu de temps à vivre.
Imaginée par Mario Gariazzo l'histoire contient tous les éléments pour toucher en plein coeur le spectateur. Des parents divorcés, un garçonnet (évidemment blond) délaissé par un père trop accaparé par son travail, une petite amie jeune et jolie qui prend sous son aile
l'enfant, beaucoup de bonnes intentions et surtout le drame terrible, indispensable à tout lacrima movie, ici la maladie qui va emporter notre bambin dont on vit les dernières semaines en gros renforts de violons. L'ultima neve di primavera (littéralement La dernière neige de printemps) qui par bien des aspects rappelle le film de Luigi Comencini, L'incompris, possède un titre bien plus touchant et poétique que son contenu. Certes le scénario est beau, émouvant mais il lui manque ce petit quelque chose qui fait toute la différence. En fait la majeure partie du film est une suite de jolies banalités, de gentilles
intentions (Luca qui avec amour achète une cravate et un disque pour son père) agrémentée de moments puérils (les enfantillages de Luca et Stefanella, la petite copine gourmande et future grosse) et familiaux (les réunions familiales avec le père et sa nouvelle fiancée, la bienveillante Veronica, les vacances au bord de la mer, au milieu des champs de tournesols et au ski), de belles vues de Rome, le tout arrosé d'un zeste de nostalgie (les bobines super 8 que visionne Luca les soirs de solitude) noyée dans la très belle et larmoyante partition musicale (de circonstance) de Franco Micalizzi. Tout ça est bien mignon mais un peu lisse pour pouvoir réellement toucher à moins d'être un véritable coeur d'artichaut. S'ensuit donc un petit sentiment d'ennui et c'est avec une certaine impatience qu'on en arrive à attendre
l'arrivée du drame, l'annonce de la maladie de Luca en toute dernière partie de métrage.
Tout l'intérêt du film réside dans ses vingt dernières minutes à partir du moment où Roberto apprend que son fils est atteint d'une leucémie, qu'il ne lui reste que très peu de temps à vivre. Difficile de ne pas être touché par ce final qui joue au maximum sur la corde sensible du spectateur. Tout va très vite certes mais tout est fait pour faire pleurer à chaudes larmes, l'enfant s'affaiblissant de plus en plus sur son lit d'hôpital sous le regard désespéré de son père. Quant au final, lunaire, on pourra le trouver soit totalement insensé soit vraiment très fort mais quelque soit le coté duquel on se place difficile là encore de ne pas être ému,
bouleversé. L'enfant vivra ses dernières minutes dans le luna park où son père l'a emmené après l'avoir fait quitté son lit de mort. Il meurt blotti dans ses bras dans un manège. Une fin peu plausible mais typique du lacrima movie qui ne recule devant rien pour transformer son public en fontaine.
En tête de distribution on retrouve l'enfant star d'alors qui devint un des petits princes du genre, Renato Cestié qu'on a connu part la suite bien plus horripilant. Plutôt sobre ici il évite dans d'en faire des tonnes dans la mièvrerie ce qui rend Luca plutôt supportable. A ses cotés on se fera une joie de revoir la toujours fort séduisante et rayonnante Agostina Belli
(Veronica) et le yougoslave Bekim Fehmiu (le père) rendu célèbre en Italie pour son interprétation d'Ulysse dans la série L'Odyssée en 1968. Leur jeu à tous trois sonne juste, aucun ne tombe dans le piège du mielleux, un des points positifs de ce film plutôt agréable. Plein d'amour, de bons sentiments, de jolis ralentis dans les champs de fleurs L'ultima neve di primavera fait partie du haut du panier des lacrima movies malgré un coté parfois bien lisse. Mais quelques soient ses défauts il saura toucher en plein coeur les adeptes du genre, de manière plus générale un public de 7 à 77 ans y compris les plus endurcis même si certains pourront lui préférer L'albero dalle foglie rosa de Armando Nanuzzi toujours avec Renato Cestié qui mettait plus en avant l'univers poétique et nostalgique de l'enfance.
L'ultimo neve di primavera fut un énorme succès en Italie lors de sa sortie et demeure aujourd'hui encore un des lacrima movies les plus fameux dans son pays. Del Balzo récidivera deux ans plus tard avec le moelleux Bianchi cavalli d'agosto toujours avec Cestié.