Hansel e Gretel
Autres titres: Hansel y Gretel
Réal: Giovanni Simonelli
Année 1988:
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 86mn
Acteurs: Elisabete Pimenta Boaretto, Lucia Prato, Gaetano Russo, Maurice Poli, Paul Muller, Giorgio Cerioni, Sandro De Luca, Renzo Robertazzi, Silvia Cipollone, Massimiliano Cipollone, Zora Kerova, Brigitte Christensen, Roberta Orlandi...
Résumé: Hans et Gretel, un frère et une soeur, sont enlevés à l'orée d'une forêt par une organisation de trafic d'organes. Après qu'on leur ait prélevé des organes ils sont enterrés. Aussitôt leur fantôme se met en quête des responsables qu'ils vont tuer tour à tour. Un inspecteur et sa collaboratrice enquêtent sur ses morts étranges...
Qu'on ne s'y trompe pas, Hansel et Gretel n'est pas un film réalisé par Lucio Fulci. Si son nom apparait c'est qu'il s'agit simplement du sixième film de la série "Lucio Fulci presenta: i maestri della paura". Et ce n'est malheureusement pas le meilleur de cette collection très inégale, c'est fort certainement le pire. A se demander comment Fulci a pu valider une telle catastrophe.
Hensel et Gretel sont frère et soeur. A la sortie de leur école religieuse dirigée par le père Basilio ils se font enlever aux abords d'une forêt par deux hommes. Ils sont victimes d'un
trafic d'organes. A sa tête une jeune femme malade, Silvia, et sa famille. A peine ont ils été tués que les deux enfants sortent de leur tombe de fortune. Leur fantôme va se venger de ceux qui ont participé à ce trafic: Silvia et les membres de sa famille qui savaient mais n'ont jamais rien dit. Un flic et Silvia, la fille d'un de ses ex-partenaires, qui admet croire aux phénomènes paranormaux mènent l'enquête.
Il faut vraiment étoffer pour que le résumé de cette histoire abracadabrante fasse plus de deux lignes. Voilà donc une version moderne du fameux conte des frères Grimm. Hansel et Gretel contre les trafiquants d'organes. Quel beau conte cela aurait pu être! De cette petite
merveille il ne reste rien si ce n'est une pseudo intrigue d'un ridicule rarement atteint. On prend deux enfants parfaitement anonymes qui sont kidnappés au bout de deux minutes, sont opérés en trois minutes puis enterrés en quelques secondes. Pour encore aller plus vite leur fantôme sort de terre aussitôt mis sous terre. Reste plus d'une heure pour que les deux spectres tuent tour à tour les responsables de leur mort, tous plus crétins les uns que les autres.
Comment Giovanni Simonelli, scénariste au prestigieux tableau (on lui doit bon nombre de scénarii de petits bijoux du cinéma de genre des années 60 et 70) a t-il pu écrire ce désastre puis le réaliser? Certes on lui devait déjà le scénario de deux autres films de la
collection, Nightmare concert et Luna di sangue, qui ne brillaient guère par leur intelligence mais cette fois Simonelli a touché le fond. L'histoire sans queue ni tête n'est qu'un prétexte à enchainer les meurtres de la plus monotone et banale manière qui soit. Les fantômes du frère et de la soeur apparaissent au son d'un chant d'enfant sorti de nulle part, une sorte de comptine répétitive, face à la future victime qui meurt de la plus atroce façon. C'est certainement le seul minuscule intérêt de cette pellicule, savoir comment vont mourir les victimes d'autant plus que les meurtres sont pour la plupart bien gore mais surtout drôle tant ils donnent dans l'excès. Un pauvre bougre est décarcassé par sa moissonneuse (une jolie
carcasse de boeuf fraichement sortie de la chambre froide du boucher du coin est éjectée du dessous de l'engin, hilarant), un autre est avalé par une sorte de sables mouvants, l'aïeule est énucléée par un pieu... Pour le reste tout est d'une pauvreté consternante, désolante. Les effets spéciaux sont digne de Méliès. Comment qualifier ces halos rouges qui cerclent les yeux des deux fantômes à chacune de leur apparition? Les dialogues sont hallucinants de stupidité. A se demander si ce ne sont pas les deux enfants eux-mêmes qui les ont écrit. La mise en scène très télévisée est inexistante, proche de l'amateurisme, à l'image même de l'interprétation, médiocrissime, à commencer par les deux enfants, les
jumeaux Cippolone, surement les fantômes les plus inexpressifs de toute l'histoire du cinéma fantastique, les moins charismatiques, mais aussi les enfants parmi les plus nuls de l'histoire du 7ème art sans parler de leur accoutrement, des bottes en caoutchouc sur de grosses chaussettes, un imper et une vilaine jupe pour Gretel, une blouse et un vilain manteau pour Hansel. Gaetano Russo, un habitué des séries Z notamment celles de Bianchi, ne change pas d'univers ni Lucia Prato, la Lucrèce Borgia de l'ineffable version de Lorenzo Onorati. Oublions la prestation de l'anonyme Elisabete Pimenta Boaretto, la flic en imper qui ressemble plus à un zombie que les enfants à des fantômes. Quelques vieilles
gloires d'antan (Giorgio Cerioni, Paul Muller) viennent cachetonner pour assurer leur retraite. Passionné par son métier, le pauvre Maurice Poli était à cette époque prêt à tout pour pouvoir continuer à tourner. Résultat: il est un inspecteur de police qui ne sert à rien mais il y croit. L'oeil exercé reconnaitra Zora Kerova, non créditée, le temps d'une figuration, celle de la femme qui prend son bain et se fait tuer. Voir Zora nue donne une raison au spectateur de visionner ce désastre du moins cette séquence, la fameuse minute érotique indispensable à tout film Bis quelque qu'il soit..
Accompagné d'une musique synthétique horripilante et répétitive très années 80, dénué de tout budget et de tout suspens, Hansel e Gretel fait
partie de ce que le cinéma (peut-on employer ce terme ici?) d'horreur italien a connu de pire dans les années 80, faisant facilement passer les navets de Landi et Bianchi entre autres pour de petits chef d'oeuvres. Difficile à croire que ce n'importe quoi qui ne parvient même pas à être involontairement drôle pouvait être destiné aux chaines de télévision. L'horreur est cette fois le film lui même qu'on aura bien du mal à suivre dans son intégralité sans faire par moments avance rapide. Il se dit que Fulci passa derrière la caméra pour assister Simonelli. On cherche vainement les scènes qu'il aurait pu tourner. Une chose est sûre: il n'a pas du s'en vanter lorsqu'il vit le résultat. Quel gâchis. Avec un tel sujet, le trafic d'organes, on peut imaginer le film d'horreur qui aurait pu voir le jour avec l'ombre de maestro tout en filigrane!