Soldier of fortune
Autres titres: Soldat de fortune / Soldato di ventura / Soldado de fortuna
Réal: Pierluigi Ciriaci
Année: 1990
Origine: Italie
Genre: Action / Guerre
Durée: 90mn
Acteurs: Daniel Greene, Savina Gersak, Bo Svenson, George H. Thausanij, Danuta Lato, Branko Djuric, Jean Sokol...
Résumé:
Cinq petits films dont quatre de guerre entre 1987 et 1992 puis s'en est allé. On ne peut pas vraiment dire que Pierluigi Ciriaci aura marqué de son nom l'univers du cinéma Bis italien des années 80 alors que ce dernier était depuis déjà quelques années à l'agonie. Le film de guerre et d'action surfant sur le succès de Rambo, Delta force et autre Platoon aura été sa cible de prédilection offrant à l'acteur Mark Gregory (Marco de Gregorio), un des meilleurs sous-Rambo italien qui fut, souvent moqué (bêtement) en France mais justement reconnu en Italie, deux de ses principaux rôles dans le genre. Il tourne donc le mauvais Delta force commando dans lequel Marco se trimbale avec une bombe atomique dans un mini sac à
dos suivi d'un petit film de guerre assez divertissant Afghanistan, last war bus / Warbus 2 avec Marco dans le rôle d'un Rambo de substitution. Soldier of fortune est le quatrième film de Ciriaci, cette fois sans Marco qui avait décidé brutalement d'arrêter sa carrière en plein essor, remplacé par le solide Daniel Greene, l'acteur américain fétiche de Sergio Martino.
Après cinq ans d'inactivité due à une amnésie survenue suite à un accident lors de sa dernière mission le mercenaire Vincent Miles est rappelé par son chef le colonel Preston pour reprendre du service en Afghanistan. Il devra y emmener le professeur Rossi afin que
ce dernier examine un mystérieux MIG russe qui s'est écrasé, une initiative que les russes n'apprécient guère. Au cours de sa mission Miles est assailli par des flashes-back de son ultime opération. Il voit une étrange femme danser et se voit aussi torturé. Un nom lui revient également en tête, Johnny Hondo, et c'est par ce nom justement qu'un des soldats russe l'appelle après l'avoir reconnu. Miles et Rossi après bien des déboires trouvent l'épave de l'avion mais ils découvrent surtout bien cachée dans les montagne une merveilleuse cité, une sorte d'Eden dans lequel ils trouvent refuge. Une légende voudrait qu'au coeur d'une grotte creusée dans la paroi de la montagne soit dissimulé l'Oeil du prophète, une pierre
sacrée aux pouvoirs magiques qui ferait de son possesseur le maitre du monde. Le MIG n'était qu'un prétexte pour que Miles conduise les russes jusqu'au lieu sacré afin qu'ils s'emparent de l'Oeil. Miles recouvre la mémoire. Archéologue de métier, c'est ici que cinq ans plus tôt il fut fait prisonnier et laissé pour mort.
Point de titre original italien cette fois puisque le film a été uniquement tourné pour le marché étranger. Soldier of fortune se veut un film d'action à l'américaine avec une distribution italienne dissimulée sous des pseudonymes yankee à l'exception bien sûr de Daniel Greene et quelques acteurs yougoslaves puisque Soldier of fortune fut réalisé en
Yougoslavie comme pas mal de ce type de productions à cette époque. Et si Ciriaci s'est donné pour but de faire un nouveau film d'action c'est en vain qu'on cherche cette fois cette fameuse action. S'il ne fallait pas s'attendre à un scénario éblouissant, on ne pouvait guère faire plus simple avouons-le, on pouvait cependant espérer un peu plus de nervosité. Que nenni! Après une ouverture fastidieuse d'une étonnante mollesse durant laquelle Miles est rappelé par son chef la mission de notre mercenaire taciturne peut donc commencer. Nous voilà en un clin d'oeil en Afghanistan où, assisté d'un professeur stupide au look improbable (bermuda, chaussettes hautes, lunettes à double foyer et coiffure à la Bozo le clown), d'un
chauffeur de camion et d'une blonde à forte poitrine, Miles part en quête du MIG. Le périple est lent. Il ne se passe pas grand chose. La mise en scène est poussive. Tout semble tourner au ralenti et c'est irrité que très souvent on aimerait traverser l'écran de notre télévision pour donner un peu d'élan à ce beau monde. Le voyage est de temps à autre interrompu par quelques petites explosions et quelques attaques afghanes soit une poignée de figurants la tête enrubannée qui se battent contre Miles lui même attaqué par quelques soldats russes. On devine la misère du budget. Au bout de plus d'une heure, bon nombre de coups d'oeil à notre montre et quelques flashes-back dans lesquels notre
mercenaire mystérieusement nommé Hondo voit une femme exécuter une danse du ventre, Miles et le professeur trouvent enfin les restes du MIG. Nous sommes à environ 1h15 du métrage et à partir de cet instant tout bascule. L'ultime quart d'heure est un véritable délire auquel personne ne pouvait s'attendre.
Qu'est-il donc arrivé à Ciriaci? Est-ce l'influence de Dardano Sacchetti au scénario qui est responsable d'un revirement aussi inattendu? On est parti sur la base d'un petit film de mercenaires, un film d'action guerrier. Sous nos yeux ébahis nous voilà en quelques minutes dans un sous Indiana Jones. Soldier of fortune prend dés lors une allure
fascinante. Après la découverte du jardin d'Eden (!) Miles et son professeur Tournesol se retrouvent dans une magnifique grotte. Un courant d'air les aspirent. Ils sont projetés dans une salle qui recèle l'Oeil du prophète, une sorte d'oeuf noir géant aux pouvoirs fantastiques, doté d'un oeil unique et gardé par la magicienne Hamlulu, la danseuse du ventre des flashes-back de Miles. L'oeuf magique transforme les vilains russes en torche vivante mais ils ont tout de même eu le temps de tuer la magicienne. La grotte s'effondre. La mission est terminée mais pas le film puisque la dernière image vaut son pesant d'or. Alors que Miles et son équipe s'apprêtent à repartir en camion l'Oeuf géant apparait en bas de l'écran, roulant
sur lui même, prêt à suivre Miles comme un brave toutou à sa mémère. C'est plein de sentiments un oeuf!
Il est clair que Soldier of fortune, improbable mais étonnant hybride entre un sous Rambo et un sous Indiana Jones, vaut essentiellement pour ce final abracadabrant. Il est évident aussi qu'une partie du mini budget octroyé à Ciriaci fut pour les effets spéciaux de cette conclusion féerique plutôt réussie. Une grotte que n'aurait pas renié Bava pour ses très beaux éclairages, l'Oeuf géant, la magie, le déluge et la destruction de la caverne... on en a pour nos yeux. On nage en plein délire mais ce final a quelque chose de jouissif. Le
scénario est bourré d'incohérences, des questions restent en suspend, il ne faut guère chercher de logique à tout ça mais finalement on se laisse séduire par les beaux paysages désertiques yougoslaves et la folie de cette fin surprenante tellement drôle. Voilà une entité pelliculaire singulière qui mérite qu'on s'y attarde deux minutes... afin 90 minutes.
Daniel Greene d'habitude plutôt bon comédien dans ce type de pellicules est ici mono expressif et semble parfois se demander ce qu'on lui demande de jouer. Il n'a visiblement pas tout compris au scénario mais voir son air renfrogné et sa solide carrure est toujours plaisant. Le vétéran Bo Svenson cachetonne pour la énième fois dans un énième film de guerre. Davina Gersak (la princesse de Ator 3) exécute de jolies danses du ventre. La polonaise Danuta Lato ne sert strictement à rien si ce n'est d'être l'atout féminin d'un film où elle n'a aucun rôle spécifique sauf celui de montrer ses énormes seins lors d'un bref plan. Quant au yougoslave Branko Djuric il est un vilain décoloré vraiment très vilain.