27 horas
Autres titres: 27 heures
Réal: Montxo Armendariz
Année: 1986
Origine: Espagne
Genre: Drame
Durée: 81mn
Acteurs: Martxelo Rubio, Jon San Sebastian, Antonio Banderas, Maribel Verdu, André Falcon, Josu Balbuena, Michel Duperrer, Silvia Arrese Igor, Esther Remiro, Michel Berasategui, Ramon Barea, Pedro Basanto, Joseba Apaolaza, Ramon Agirre, Mikel Garmendia, Agustin Aravelo, Mary Ashun Cazares...
Résumé: Le film suit 27 heures de la vie d'un jeune garçon de 18 ans, Jon, et de sa petite amie Maribel, tout deux héroïnomanes, sous le regard de leur ami Patxi. Du moment où Jon se lève jusqu'à sa mort le réalisateur retrace ce qu'était leur quotidien...
Venu du court-métrage et du documentaire le basque Montxo Armendariz, un ex-professeur universitaire, réalise son premier film en 1984, Tasio, qui retrace la vie ou plutôt la survie d'un charbonnier dans le monde rural de l'Espagne des années 80. Son second long métrage tourné deux ans plus tard, 27 horas, suit cette fois un jeune toxico-dépendant durant toute une journée dans la petite ville portuaire de San Sebastian, du moment où il se lève tôt le matin jusqu'à sa mort vingt-sept heures plus tard.
Jon a dix-huit ans. Il se lève à 7 heures, s'habille et quitte le domicile familial pour aider en
douce son meilleur ami Patxi à charger des caisses de poissons au port. Puis il s'administre une dose de drogue chez sa petite amie, Maïté, elle aussi toxico-dépendante. Jon retourne en ville en quête d'un travail mais aussi de drogue. Il retrouve des amis au bar pour disputer une partie de baby-foot. Dans l'après-midi il rejoint Patxi et Maïté au port. Tous trois partent faire un tour en barque pour pêcher l'encornet mais la jeune fille a le mal de mer. Ils débarquent sur une toute petite ile. Maïté se shoote mais elle fait une overdose. Les garçons la transportent à l'hôpital. Elle meurt peu de temps après son admission. Désespéré Jon erre dans les rues de la ville. Le soir il supplie Patxi de le ramener sur l'ile
afin de récupérer le sac plein de drogue de Maïté. Après avoir hésité Patxi accepte. Jon s'administre une dose. Il meurt à l'aube, vingt-sept heures après qu'il se soit levé, sous les yeux de Patxi qui le ramenait en ville.
Pour une fois qu'un film basque espagnol déboule sur nos écrans (le film fut discrètement distribué en salles en janvier 1987 sous le titre 27 heures) on ne peut guère dire que 27 horas en soit un excellent exemple. D'une lenteur excessive le film de Montxo Armendariz n'est pas très représentatif de l'Espagne de ce milieu d'années 80. En fait l'intrigue de 27
horas comme ses protagonistes pourraient se situer n'importe où en Europe, dans ces petites villes portuaires, industrielles, où bien souvent règnent misère et ennui. De San Sebastian on ne visitera que son port, un bar et les iles environnantes, un tour des lieux trop restreint pour vraiment donner une idée précise de la vie que vivent ces jeunes à qui il manque également un contexte social et politique, simplement évoqué à travers quelques furtifs plans de manifestations et de voiture de police filant dans la ville. Difficile de situer Jon et ses amis dans ces conditions d'autant plus que les personnages eux-mêmes manquent sincèrement d'étoffe. De Jon on ne saura pas grand chose. Il a 18 ans, entretient des
relations difficiles avec ses parents (son père) qui restent malheureusement des fantômes qui apparaissent simplement le temps de brèves séquences. Il en va de même pour ceux de Maïté. Quant à la relation qui les unit on sait qu'ils s'aiment mais elle n'est jamais développée comme n'est pas développée la profonde amitié qui lie Patxi et Jon. Dans ces conditions il est difficile de s'attacher à ces deux jeunes, de s'intéresser à leurs parcours, leur destin, leurs motivations, leurs buts. On suit passivement cette journée, reflet de leur quotidien, en sachant parfaitement quelle en sera l'issue. C'est d'autant plus ennuyeux que Armendariz ne parvient à aucun moment à créer un semblant d'atmosphère. Tout est si
linéaire. Voilà la grande différence entre 27 horas et le cinéma de metteurs en scène espagnols comme Eloy De La Iglesia, bien plus démonstratif et virulent.
On ne pourra pas cette fois se rattraper sur le coté choc de l'histoire. Armendariz ne montre rien. Ses jeunes ne font rien d'autres que de fumer cigarettes sur cigarettes. Quant aux scènes de drogue elles sont toutes suggérées, y compris l'overdose de Maïté qu'on devine simplement puisqu'elle tient dans sa main une seringue. L'ennui gagne donc assez vite le spectateur rarement touché par les errances de ces protagonistes qui comme l'intrigue et la mise en scène manquent cruellement de profondeur contrairement à Tasio qui lui était bien
plus dessiné et surtout inspiré. Armendariz veut dresser à travers le regard de Jon, sa vision des choses, le portrait de la jeunesse désillusionnée, désespérée, dans la triste Espagne des années 80, celle de la gauche nationaliste ravagée par l'héroïne, hantée par le chômage, les manifestations, l’abîme entre la génération d'hier et celle d'aujourd'hui. Il se contente simplement de clichés assez fades qui au final n'illustrent pas grand chose et n'ont que peu d'impact sur le spectateur. Vouloir rester sobre, vouloir faire un film intimiste prenant des allures de voyage intérieur ne signifie pas forcément rester superficiel ou être ennuyeux. Lorsqu'on sait que Armendariz s'est inspiré de ce qu'il a vécu beaucoup plus jeune, de ses
rencontres avec les héroïnomanes lorsqu'il était professeur peut-être a t-il simplement voulu faire une oeuvre trop personnelle.
Restent donc les paysages d'une ville portuaire plongée dans la grisaille hivernale, la tristesse des chants basques et quelques notes de rock espagnol, quelques jolis moments notamment le final désespéré et une interprétation convaincante d'une jolie petite brochette de jeunes et séduisants acteurs, Martxelo Rubio en tête et ses faux airs de José Luis Manzano (l'acteur fétiche et amant de Eloy De La Iglesia) pour sa toute première apparition à l'écran dans le rôle de Jon. A ses cotés Jon San Sebastian (Patxi) qui contrairement à
Martxelo eut une très brève carrière cinématographique, un tout jeune Antonio Banderas dans la peau de Rafa un des copains de Jon et Maribel Verdu elle aussi à ses tout débuts.
Grand prix du festival de San Sebastian, 27 horas qui en son temps fut à l'affiche de nombreux festivals comme celui de La Rochelle et de Nantes n'est pas un mauvais film, loin de là, il manque simplement de caractère, de profondeur. En ayant choisi de tout faire passer par les regards, les expressions, l'atmosphère Armendariz a simplement oublié de donner du relief à l'ensemble. Dommage.
(tout faire passer à travers les regards, les experssions..)