Los amores impuros de Sybille
Autres titres: Jarretelles roses sur bas noirs / Rapt in love / Französische küsse
Réal: Gérard Loubeau / Hans R. Walthard
Année: 1980
Origine: Espagne / France / Suisse
Genre: Erotique
Durée: 78mn
Acteurs: Bernard Seray, Piotr Stanislas, Raquel Evans, Eva Lyberten, Berta Cabré, Isa Kara, Alban Ceray, Angela La Vorgna, Romarin
Résumé: Une jeune fille et son amie sont kidnappées par deux petits truands qui exigent une rançon. Après les avoir violées ils trouvent refuge dans une villa bourgeoise. ils prennent en otages leurs occupants: une épouse, son mari Marc, Sybille la belle-fille qui a des désirs incestueux pour Marc et la domestique lesbienne. Une longue nuit d'humiliations les attend, une nuit durant laquelle Sybille pourra également satisfaire ses pulsions incestueuses pour son beau-père...
Avant de parler du film en lui même il est intéressant d'en étudier d'un peu plus près sa création. Voici une coproduction érotique entre la France, l'Espagne et la Suisse qu'on doit avant tout à Gérard Loubeau (l'ex-chef opérateur de Gérard Kikoïne), producteur-metteur en scène à qui on doit quelques petites bandes érotiques au début des années 80 dont sa plus connue reste la troublante et très classieuse coproduction franco-italienne Secrets d'adolescentes , un petit bijou du cinéma porno qui en son temps fit scandale, en cause certains nus adolescents et surtout la scène où la tante masturbe dans son bain son neveu
encore mineur. Il s'est associé au suisse Hans R. Walthard qui fut quelques temps plus tôt le producteur exécutif de ce petit bijou du cinéma quinqui qu'est Los violadores. Ce n'est donc pas un hasard si au générique on retrouve parmi les principaux protagonistes l'espagnol Bernard Seray qui fut un des quatre violeurs du dit film et qui ici interprète de nouveau un violeur. Quant à l'écriture du scénario il s'est adjoint les services de Jaime Jesus Balcazar à qui on doit dans les années 60 et 70 quelques western-paëlla et une petite série de pellicules plus ou moins anodines dont Il filo del miedo, La nuit du massacre et Inès de la Villalonga 1870. De cette réunion nait donc ces Amours impurs de Sybille plus connu chez nous sous le titre .
Deux truands, Boris et Stef, repèrent dans un bar Maya, une jeune fille issue d'une riche famille qui vient tout juste de se quereller avec son père. Ils la kidnappent avec sa meilleure amie, Modelia, les retiennent prisonnières dans une grotte, les violent puis demandent à Maya d'appeler son père pour qu'elle lui donne le montant de la rançon contre laquelle elle sera libérée. Maya tombe lentement sous le charme de Stef. Boris de son coté a trouvé une villa où ils pourront trouver refuge. C'est celle des parents de Sybille, une adolescente qui est follement amoureuse de son beau-père, Marc. Sa mère s'envoie en l'air avec la domestique de couleur, Freya, pendant que son mari est absent. Les deux violeurs et leurs
victimes débarquent à la villa sous prétexte de donner un coup de téléphone. Ils prennent la famille en otage, font subir les ultimes outrages à la mère de Sybille et la domestique, enferment le père et Sybille dans une chambre. L'adolescente profite de cette accalmie pour enfin faire l'amour à son beau-père enchainé au radiateur. Maya se rapproche de Stef. Modélia réussit à s'enfuir et se charge de la rançon afin de s'en emparer. Au petit matin Boris et la mère de Sybille découvre l'adolescente nue sur son beau-père. Boris pousse à bout l'épouse qui finit par le tuer. Pendant ce temps Modelia est dans un petit aérodrome régional prête à s'envoler pour Rio avec Freya qui entre temps l'a rejoint.
A le lire le scénario semble savoureux à l'image même du titre original, ces fameuses amours impures de l'adorable Sybille. Viols, inceste, humiliations, de quoi mettre l'eau à la bouche. Le souci est que tout cela n'est qu'une illusion car à l'écran il en va autrement. Los amores impures de Sybille souffre en effet d'une intrigue brouillonne, trop incohérente voire bâclée. Difficile d'imaginer que l'histoire ait été écrite à quatre mains. Si le titre désigne Sybille comme principale protagoniste notre adolescente incestueuse laisse surtout la place à Maya, une jeune héritière en froid avec son paternel. La voilà donc entrain de calmer sa colère avec sa meilleure amie Modelia lors d'une balade en bord de mer où elles se font
kidnapper. Inutile de préciser qu'on ne saura jamais rien de la famille de Maya simplement entraperçue ni des deux truands. Tout va vite, très vite afin d'aller à l'essentiel, le viol des deux filles dans la grotte puis la prise d'otages. Quant à Sybille et ses tendances incestueuses elle arrive bien plus tard par le biais d'une séquence au restaurant puis d'une promenade en mer où on comprend son désir irrésistible pour ce beau-père frustré par une épouse indifférente. On n'ira pas plus loin puisqu'on retourne aussitôt à la grotte pour suivre les aventures des deux violeurs et de leurs victimes.
Si le scénario ne brillait guère pour son intelligence à partir de là tout devient assez
improbable. Comment imaginer qu'une femme seule puisse ouvrir sa porte à deux hommes qui maltraitent deux jeunes filles? Comment peut on une seule seconde imaginer qu'en pleine prise d'otages pendant que des femmes se font violer Sybille fasse l'amour à son beau-père comme si de rien n'était? On nage par moment en plein irréalisme. Quant à la dernière partie il semblerait que Loubeau et Balcazar aient été à cours d'imagination. Tout s'enchaine très vite, trop vite. En trois coups de cuiller à pot la bonne s'évade, l'épouse découvre l'inceste de sa fille, Boris est tué et on laisse tout ce gentil petit monde en plan avec Stef dont on ignore ce qu'il adviendra de lui. Le film s'achève sur Modélia à l'aérodrome
géré par un vieillard à qui elle vole un biplace rejointe par la bonne surgie de nulle part. Ensemble elle s'envole dans ce biplace pour... Rio! C'est plus drôle que crédible. Il est aussi fort regrettable que les scénaristes n'aient pas donné une once d'épaisseur psychologique aux personnages. Ce ne sont que des esquisses alors qu'ils auraient mérité d'être plus développés au vu des thèmes soulevés et des relations malsaines qu'ils entretiennent entre eux: inceste, frustration, syndrome de Stockholm etc... . Voilà qui aurait apporté au film un peu plus de densité et aidé à nous intéresser un peu plus au sort des divers protagonistes.
L'intérêt du film qui n'est finalement qu'un petit sex and violence de plus se situe en fait
ailleurs, sur ses qualités techniques et visuelles, celles qu'on avait déjà découvert dans Secrets d'adolescentes. On saluera la remarquable photographie de Loubeau qui met en valeur les décors naturels (la grotte, les extérieurs) et les luxueux décors intérieurs. De suite cela donne à l'ensemble un coté classieux très agréable. On retiendra également certains effets visuels (les ralentis dans la grotte lors du viol de Maya), la beauté des scènes érotiques toutes filmées avec soin, avec art par moment, leur donnant un coté qu'on pourrait qualifier d'onirique, de fantastique même, un aspect renforcé par une musique lancinante et une caméra qui sait jouer avec les corps, les positions, en fait de véritables sculptures
artistiques. La violence nourrit chaque minute de la pellicule et les séquences de viol souvent brutales, violentes, feront sauter de joie les amateurs d'abus contre-nature (n'est-ce pas le but du film) comme l'acharnement de la mère qui à bout de nerf finit par tuer son violeur juste après avoir découvert l'inceste de sa fille.
La distribution n'est pas anodine non plus et attirera forcément l'attention de l'érotophile / pornophile puisqu'on retrouve deux des dieux de la pornographie française, Piotr Stanislas (Boris le truand déchainé qui ne pense qu'à violer) et Alban Ceray (le beau-père) mais qu'on ne s'attende pas à les voir en action. Aucun d'eux n'apparait nu même lors des scènes de
sexe toutes simulées puisqu'ils gardent leur pantalon. Pas même l'ombre d'un morceau de fesse de Piotr! C'est peut-être là une erreur du film, ne jamais réellement savoir quel chemin prendre, oscillant sans cesse entre softcore et porno. A leur cotés on retrouve l'ex-modèle star du cinéma quinqui devenu aujourd'hui herboriste, spécialisé en médecine douce, Bernard Seray, dans le rôle de stef qui lui aussi ne se déshabille à aucun moment. L'affiche féminine comporte quelques unes des stars et starlettes de l'érotisme ibérique d'alors dont l'une de ses reines-mères, Raquel Evans entourées de Eva Lyberten (Maya) et Berta Cabré (Sybille), toutes trois par contre nous offrant des scènes de nu et de sexe cette fois sans
aucune équivoque. Les actrices de couleur Angela La Vorgna (Ton vice est une chambre dont moi seule ait la clé, Emmanuelle et Johanna, Nella misura in cui) et Isa Kara complètent le casting.
Furtivement sorti dans les salles françaises en janvier 81 agrémenté d'inserts porno et dans un montage légèrement différent du montage espagnol Jarretelles roses sur bas noirs (simple rapport à la tenue que porte Maya au tout début du film) est un sex and violence à l'écriture malheureusement maladroite, trop peu fouillée mais qui se rattrape amplement sur le plan de la mise en scène et de l'esthétisme. Une réussite à ce niveau assaisonnée d'une bonne dose de violence pour les amateurs d'exploitation.