Io zombo tu zombi lei zomba
Autres titres: Io zombo tu zombi egli zomba
Real: Nello Rossati
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 93mn
Acteurs: Renzo Montagnani, Duilio Del Prete, Daniele Vargas, Cochi Ponzoni, Ghigo Masino, Nadia Cassini, Gianfranco D'Angelo, Anna Mazzamauro, Tullio Solenghi, Fabrizio Vidale, Giancarlo Sisti, Gino Serra, Vittorio Marsiglia, Vera Drudi, Francesco Parisi...
Résumé: Suite à une incantation magique un fossoyeur fait revivre trois cadavres récemment décédés. Il meurt de peur en les voyant bien vivants. Les trois zombis le ramènent à la vie grâce à la formule. Les quatre morts-vivants se mettent à parcourir la campagne en quête de viande humaine mais leurs recherches restent vaines. Lorsqu'ils tombent sur un motel abandonné ils décident de le réouvrir et d'accueillir des clients afin de les manger...
Le succès de Zombie de George Romero allait dés 1979 engendrer toute une vague de films de morts-vivants qui allait submerger l'Italie jusqu'à créer un véritable sous filon du cinéma horrifique. De Lucio Fulci à Umberto Lenzi en passant par Andrea Bianchi ou Joe D'Amato tous y allèrent de bon coeur dans une surenchère de gore. C'est un autre chemin que choisit de suivre Nello Rossati plus connu pour ses drames érotiques morbides et quelques sympathiques friponneries, celui de la parodie. Le cinéaste signe donc une comédie parodique loufoque qui plagie sans honte le film de Romero.
Un fossoyeur vient juste d'enterrer trois corps fraichement tués dans un accident de la route. Il se met à lire un livre sur le vaudou et entonne une incantation magique qui leur rend la vie. Terrifié il meurt de peur. Les trois zombis lui lisent donc l'incantation et le fossoyeur revient lui aussi à la vie. Après avoir réellement réalisé qu'ils étaient de vrais zombis tout quatre décident de vivre tel quel et se mettent en quête de viande humaine en parcourant la campagne. Mais la vie de zombi est dure et ils ne parviennent pas à trouver de quoi manger. Ils trouvent alors un motel abandonné. Ils décident de l'ouvrir et d'accueillir des clients qu'ils pourront dévorer. Mais rien ne se passe comme ils veulent. Arrivent les premiers clients dont
une jeune femme, son amant mafioso et son mari tué par ce dernier que nos zombis ressuscitent. Mais le fils d'un couple venu au motel, un petit garçon odieux amateur d'histoires d'horreur, s'aperçoit que les quatre hommes sont des zombis. Ses parents finissent par prévenir l'armée qui prend d'assaut le motel. Nos zombis se réfugient dans un supermarché lui aussi vite assiégé par d'horribles zombis affamés. Nos pauvres zombis attaqués par des zombis le tout attaqué par l'armée. C'est alors que le fossoyeur se réveille. Tout n'était qu'un rêve mais... en était-ce vraiment un?
La démarche de Rossati est sympathique. En pleine période gore il choisit plutôt l'humour et
traite le sujet de manière parodique en plagiant Zombie dont il emprunte bien des scènes que l'amateur reconnaitra mais en les adaptant à son scénario tout en gardant le schéma traditionnel du genre. Cela fonctionne plutôt bien surtout lors de la première partie. Rien n'est sérieux, tout est très bête mais le film fonctionne et les répliquent fusent, drôles, parfois cocasses, comme les situations et les quelques gags qui les agrémentent. Après leur résurrection nos quatre zombis partent à travers la campagne en quête de chair humaine car d'après ce qu'ils ont lu de leur vivant tel est le repas type d'un mort-vivant comme ils doivent marcher de manière robotique. Mais leur chasse reste vaine malgré leurs tentatives de
capturer quelques humains dont un chasseur et un automobiliste jusqu'au moment où ils tombent sur un motel abandonné dont ils prennent possession, une brillante idée pour recevoir des clients et pouvoir enfin manger. Commence ainsi la seconde partie du film qui malheureusement va assez rapidement tourner en rond et s'essouffler.
Débarque une série de clients pas vraiment drôles mais très agités à l'exception du personnage de la pétulante épouse, de Buoanima interprété par Gianfranco D'Angelo qui porte en lui toutes les maladies du monde et les peurs qui les accompagnent et celui enfin incarné par Ghigo Masino. On sent que Rossati commence à être à cours d'imagination
mais qu'il doit tout faire pour que son film atteigne les 90 minutes syndicales. Le film garde un niveau certes acceptable mais on rit moins souvent, l'ensemble ronronne, on sent par moment le remplissage pur et simple mais il faut faire en sorte que le spectateur reste devant son écran. C'est semble t-il le rôle de Nadia Cassini, future starlette de la sexy comédie des années 80, dont le personnage de nunuche ne sert à rien si ce n'est d'apporter cette touche sexy qui va justement retenir le spectateur dans son canapé. Purement décorative, elle est d'ailleurs à l'origine d'une scène culte, celui de son strip-tease sur la table de l'hôtel, une séquence inutile mais accrocheuse. Devenue zombi à son tour Nadia, toute
déboitée dirait-on, mime très mal la morte-vivante, un rôle qu'elle a du confondre avec celui de Nuit d'ivresse!
Si cette deuxième partie parvenait à conserver un degré d'humour encore correct sans toutefois être très imaginative l'ultime bobine sombre quant à elle dans le grand n'importe quoi. Rossati se contente de refaire Zombie avec sa séquence dans le supermarché, une grande cour de récréation où tout le monde semble être en roue libre. On ne rit plus du tout ou si peu, il n'y a plus ni queue ni tête à cet immense bordel qui se termine sur une révélation sidérante, un zombi peut manger et même se gaver de pâtes, puis sur un retournement de
situation aujourd'hui bien connu: tout n'était qu'un rêve. Le fossoyeur se réveille, retourne au travail mais le rêve n'est-il pas entrain de se réaliser?
On devine l'évident manque de moyens dont a disposé Rossati ne serait-ce que par l'unique décor du film: un motel fermé au public qu'a investi le cinéaste, et les maquillages sommaires, un bubon (puis deux) mal collé sur le front de Vargas (qu'il perd selon les plans d'ailleurs ou dissimule sous un casque allemand) et un peu de fond de teint blanchâtre pour le coté blafard de nos morts. Pour le reste quelques lires ont du suffire. Fort heureusement la distribution s'en donne à coeur joie en tête Renzo Montagnani que ses fans seront ravis de
retrouver, Daniele Vargas, impeccable comme d'habitude, Gianfranco D'Angelo est excellent en hypocondriaque et un coup de chapeau à Ghigo Masino qui de loin tient la meilleure prestation du film aux cotés de la truculente Anna Mazzamauro, haute en verve.
Au final que penser de Io zombo tu zombi lei zomba? Cette comédie parodique de Nello Rossati est une gentille curiosité, une petite bande humoristique insolite dont la première partie est une jolie réussite. Malheureusement le metteur en scène n'a pas réussi à maintenir le rythme et le film finit par se casser la gueule sans pour autant sombrer dans la nullité. Sa seconde moitié mais surtout son final sont sa véritable faiblesse. Dommage car le
sujet avait beaucoup de potentiel que Rossati n'a pas su réellement utiliser. Reste donc une agréable pellicule, atypique, un des rares films italiens de cette époque si ce n'est le seul à avoir pris le thème du zombie comme sujet de moquerie. Et les supporters de Montagnani, Vargas, Masino et D'Angelo seront aux anges.
Même si le résultat est mitigé Io zombo tu zombi lei zomba est cependant devenu une comédie culte en Italie pour ses répliques et son sujet alors qu'en France le film est resté totalement inédit.