Una donna di notte
Autres titres: Une fille de nuit / A woman in the night / Sexaphobia / I pornogiochi di una donna di notte
Real: Nello Rossati
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Comédie érotique
Durée: 94mn
Acteurs: Lorraine De Selle, Otello Belardi, Ajita Wilson, Gino Cassani, Daniele Vargas, Angela Belluzzi, Salvatore Furnari, Sandro Ghiani, Fabio Marasetti, Giovanni Materassi...
Résumé: Aldo Murati est un écrivain en panne d'imagination qui doit rendre à son éditeur son nouveau roman. Il prend alors comme héroine sa voisine, la douce Laure, qu'il transforme en une sorte de vamp assoiffée de sexe...
Una donna di notte n'est jamais qu'une féroce satyre d'Emanuelle que Nello Rossati se fait un plaisir de salir et d'avilir en quatre sketches corrosifs qu'il bâtit autour de son personnage, Bianca Maria, jeune femme frustrée en proie à ses immondes pulsions sexuelles, rongée de l'intérieur par le démon du sexe.
Ecrivain en panne d'imagination, Aldo Murati doit rendre un nouveau roman à son éditeur. Il s'inspire alors de sa jeune voisine, Laure, dont il est secretement amoureux et la transforme en une mane qui chaque nuit se mue en vampiresse sexuelle.
De là nait une série d'histoires qui s'emboitent les unes aux autres dans un climat érotique assez intense que Rossato s'amuse à briser à chaque fois de superbe façon ramenant ce qui lorgne vers l'euro-trash à une comédie érotique particulièrement acerbe.
Ainsi, Bianca Maria, pauvre provinciale travestie en femme fatale débarquant à la ville avec sa valise en carton, tue le mythe d'Emanuelle en levant dans les toilettes nauséeuses d'un cinéma porno un bidasse débile. Acculé sur la lunette des WC il éjaculera au moment même où il tire la chasse, les pieds dans l'urine alors que Bianca Maria se rhabille, dépitée, avant de s'évanouir dans la nuit.
Bianca Maria assassine le cinéma de Jaeckin en s'adonnant à une longue partie de saphisme tribale au son des tam tam vaudous. L'acte se concluera par l'apparition d'un nain difforme particulièrement laid au sexe démesuré qui se joindra à elle.
Toute l'esthétique de ce cinéma érotique classieux est massacré quand le prude docteur amoureux de Bianca Maria part à la recherche de sa dulcinée, courant à perdre haleine dans les dunes balayées par le vent avant de déraper sur une merde alors que Bianca Maria se fait sodomiser dans un filet de pêche par un marin rustre, celui là même qui venait de defequer derrière la dune.
Toujours plus loin dans sa destruction du mythe, Bianca Maria assassine l'érotisme des oeuvres de D'Amato et pulvérise le mythe Laura Gemser lorsqu'elle se livre enfin à l'écrivain, caressant son corps nu avant d'atteindre ses pieds habillés de vieilles chaussettes trouées de célibataire.
Le mythe ainsi roulé dans l'excrémentiel et le scabreux, l'érotisme classe sali et avili, il ne restait à Rossati qu'à trucider le spectateur lors de la séquence finale où la fantasmatique Bianca Maria redevient la tendre Laure qu'il transforme alors en incube qui castre l'écrivain à l'aide d'un rasoir à main avant de se badigeonner le corps de son sang.
Véritable comédie décapante, destructrice, magnifiée par une somptueuse photographie et une mise en scène à l'avenant, Una donna di notte, réalisé par un Rossati plus frondeur que jamais, est une représentation voire l'archétype même de ce cinéma italien transgressif qui sous couvert d'humour noir brise les mythes et les valeurs morales établies.
Outre ses qualités visuelles voire parfois oniriques, la scène de la plage ou celle des toilettes, ses trés beaux costumes et décors, ses dialogues aussi acérés que le rasoir de Bianca Maria, Una donna di notte bénéficie d'une interprétation des plus correctes d'Otello Belardi et Lorraine De Selle dans le double rôle de Bianca Maria / Laure qui n'a jamais été aussi belle et enivrante. A leurs cotés, on remarquera Ajita Wilson qui nous offre une trés belle scène de saphisme avec Lorraine au son des tam tams vaudous.