Furia nera
Autres titres: Black fury
Real: Demofilo Fidani
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Andrea Balestri, Luigi Pezzotti, Susanna Melandri, Ettore Manni, Paul Muller, Erna Schurer, Nino Vingelli, Dino Emanuelli, Dada Gallotti, Lino Coletta, Franco Mazzieri, Gabriella D'Amico, Attilio Dottesio, Tonino Federici, Angelo Federici...
Résumé: Trois ravisseurs nigauds prévoient d'enlever Ricky un petit américain installé en Italie. Le soir du rapt ils se trompent d'enfants et kidnappent son meilleur ami Franco. Ricky aidé de son fidèle berger allemand Blacky décide de partir à sa recherche...
Les aventures du célèbre Croc-blanc ont régulièrement inspiré les réalisateurs pour créer de nouvelles intrigues avec au coeur de l'histoire un brave chien dont le but était de toucher tant la corde sensible d'un public familial que de le faire rire, un exercice apparemment difficile tant on a parfois atteint le comble du ridicule. Un des meilleurs exemples fut l'inénarrable I figli di Zanna bianca de Maurice Pradeaux, une sorte d'hybride barbe à papa entre Saturnin le canard et Lassie. Après les deux volets canins de Lucio Fulci puis l'essai de Tonino Ricci (Buck le loup) c'est Demofilo Fidani, grand spécialiste du western bas de gamme et de la
série Z rigolote (Karzan maitre de la jungle), qui nous livre une petite bande canine en mettant en scène les péripéties d'un cousin de notre cher Croc-blanc nommé Blacky, un berger allemand. Reste à savoir si c'est un bel os à moelle ou un os bien sec.
Ricky, un jeune texan d'une douzaine d'années, s'est installé quelques temps en Italie avec ses parents. Ses origines américaines sont sujet à moqueries de la part de ses camarades. Franco, le fils de l'employé du père de Ricky, se prend d'amitié pour lui. Les deux enfants deviennent amis. Un soir trois hommes kidnappent Ricky et demandent à ses parents une jolie rançon de huit milliards de lires. Malheureusement les trois nigauds se sont trompés
d'enfant, ils ont enlevés Franco qui dormait dans la chambre de Ricky. Se sentant coupable de son enlèvement Ricky part avec son fidèle berger allemand Blacky afin de retrouver Franco. Après quelques péripéties et l'aide inattendue d'un voleur en cavale, Cesare, il retrouve Franco. Les kidnappeurs sont arrêtés par la police. Heureux de revoir leur fils et son chien les parents de Ricky organisent une grande fête en son honneur.
Le film familial ou le film pour enfants est un exercice souvent difficile tant il est difficile de ne pas tomber dans la niaiserie ou le mielleux dégoulinant. C'est donc avec quelques craintes qu'on peut aborder Furia nera réalisé fin 1974 par un metteur en scène certes besogneux
mais dont le niveau des films n'a jamais volé très haut, plus proche de la série B voire Z que de l'oeuvre de qualité. Furia nera est plutôt une assez bonne surprise sans pour autant être une bande inoubliable. Reconnaissons que le genre a connu bien pire.
Disons le de suite. Le titre est un tantinet mensonger. Point de furie noire donc point de chien enragé toujours prêt à montrer les crocs, juste un gentil berger allemand, un adorable toutou nommé simplement Blacky (même s'il n'est pas noir) qui de surcroit ne tient pas une place prépondérante dans l'intrigue. Blacky fait plus acte de présence qu'il nous éblouit par ses prouesses. L'intrigue est quant à elle aussi mince qu'une feuille de parchemin. Un petit
américain résidant un temps en Italie se fait kidnapper par trois nigauds, du moins, son meilleur ami se fait enlevé puisqu'il y a eu erreur sur la personne. Pourquoi est-il kidnappé? On ne le saura jamais. On suppose simplement que ses parents sont riches. Qui sont les trois bêtas? Là encore mystère. Le chef est un ancien jardinier, ses acolytes deux sourds muets complètement idiots, une sorte de croisée entre Paul Préboist, Michel Galabru et Marcel Bidochon. Et voilà son copain qui en deux minutes pétantes décide de partir à sa recherche avec son chien. Reste maintenant à combler une heure de bande. Pendant que le petit garçon joue aux cartes avec ses ravisseurs ou leur apprend à faire des bêtises Ricky
croise sur sa route un cirque itinérant, deux voyous qui commettent un hold-up, un voleur en cavale qui devient un allié lorsqu'il ne flâne pas le long de la plage pour jouer avec Blacky ou ne passe pas du bon temps dans une fête foraine, autant d'éléments qui n'ont guère de rapport avec l'intrigue mais il faut bien l'étirer jusqu'à atteindre les 90 minutes syndicales. On sent le remplissage mais avouons que Fidani le fait avec une certaine fraicheur. C'est léger, sympathique jamais vraiment niais. Certaines séquences sont même par moment attendrissantes notamment le passage où Ricky visite le camp forain nomade et assiste à quelques numéros. L'aspect réaliste de la séquence apporte une touche d'émotion plutôt
agréable qu'on retrouve de temps à autre disséminée ça et là. Etonnante est cette pincée de violence qui vient par deux fois pimenter l'histoire: la première lors d'un combat féroce entre Blacky et un des chiens du cirque qui ne devrait guère faire plaisir aux défenseurs des animaux d'autant plus qu'elle est gratuite, la seconde elle aussi gratuite lorsque Blacky s'en prend aux deux délinquants rossés de coups de pieds et de coups de poings par les témoins du hold-up. De quoi en tout cas nous réjouir, nous bissophiles, amoureux de gratuité incongrue, qui ne manqueront pas de remarquer les clins d'oeil au western, premières amours du cinéaste, à travers le décor de la cabane et du village abandonné qui
sert de repère aux ravisseurs, la bagarre entre Ricky et son ennemi juré et la fête que donnent les parents de Ricky en fin de bobine.
Le défaut majeur du film est l'imbécilité des trois ravisseurs, insupportables d'un bout à l'autre du métrage, deux nigauds, deux idiots, deux arriérés tête à claques qui transforment le film en cour de récréation pour débiles et gâchent ainsi toutes les séquences où ils apparaissent, détruisent de manière flamboyante les gags qui leur sont réservés. Passés la barrière des quatre ou cinq ans il sera très difficile de rire et même sourire face à cet éventail de grimaces et autres pitreries. Mauvaise idée également d'avoir affublé le chien d'une voix
off afin de retranscrire ses pensées. Ce n'est pas vraiment amusant juste stupide et surtout inutile ici.
L'interprétation évite fort heureusement toute mièvrerie. Sans être un grand acteur le rouquin Luigi Pezzotti (aperçu dans Quelli che contano) donne une certaine consistance à son personnage. On sera ravi de retrouver le petit Andrea Balestri qui restera à jamais l'incarnation parfaite de Pinocchio à l'écran, toujours aussi spontané et enjoué. Erna Schurer fait une trop rapide apparition dans le rôle de la mère à l'instar de Attilio Dottesio et Ettore Manni. Oublions la prestation de Dino Emanuelli, un des deux ravisseurs sourds muets.
Mené par une partition signée Stelvio Cipriani Furia nera ne marquera certes pas les annales du cinéma pour enfant comme Blacky n'a aucun risque de concurrencer Rintintin, Buck, Croc blanc et autre Lassie. Dispensable, il n'en reste pas pour autant une sympathique petite bande familiale sans aucune autre prétention que de distraire et faire passer un tout petit moment de doux plaisir devant un chocolat chaud et trois madeleines de Proust. Cette petite bouffée d'air frais de Demofilo Fidani aura d'autant plus d'intérêt aux yeux de l'amateur de Bis transalpin qu'il est resté à ce jour totalement inédit en vidéo (tout comme en DVD). Ne reste pour le visionner que ses quelques passages télévisés sur les chaines italiennes.