Deux ans de vacances
Le début des années 70 aura été pour tous les amateurs d'aventures exotiques et marins en herbe une époque fertile en feuilletons de ce genre. C'est ainsi que Louis Stevenson et Jules Verne vont se voir adaptés au petit écran pour la plus grande joie des téléspectateurs qui avaient déjà pu apprécier dès la fin des années 60 des séries telles que Corsaires et flibustiers et L'ile au trésor toutes deux réalisées en 1966. Après L'ile mystérieuse avec Omar Sharif en 1972 et avant Michel Strogoff incarné par l'imposant Raimund Harmstorff en 1976, le fabuleux roman de Jules Verne, Deux ans de vacances, va même si elle n'est pas la plus connue de ses oeuvres, émerveiller le public français en 1974 sur la première chaine de la mythique ORTF. Il est grand temps de redécouvrir ce feuilleton légendaire et d'embarquer pour une croisière inoubliable, poussé par les vents du souvenir.
Ce dossier rédigé jadis par mes soins fut publié la première fois en 2003 dans la défunte revue FlashbackTV. A l'heure du numérique il aurait été sacrilège de la laisser seulement sur papier quelque part au fond d'un tiroir sans en faire profiter la toile d'autant plus que cette série a largement mérité sa place dans cette rubrique. En voici donc sa version numérisée largement revue et corrigée, également améliorée, que je vous propose ici pour le bonheur de tous les admirateurs de cette fabuleuse série passée depuis longtemps à la postérité. Elle sera illustrée de nombreuses photos tirées pour la plupart de la superbe édition DVD allemande remastérisée qui laisse loin très loin derrière la très médiocre édition française sortie au début des années 2000 chez LCJ, visuellement hideuse. Ont été également
incluses quelques photographies inédites issues de ma collection parues dans la presse télévisée d'époque, des photographies de promotion rares et même une photographie de tournage prises sur le Sloughi. Elles sont facilement reconnaissables puisque pour la majorité d'entre elles elles sont en noir et blanc.
En guise de bonus ce dossier sera accompagné de l'excellente interview d'un de ses principaux acteurs, Marc Di Napoli, concoctée jadis avec l'aide précieuse de Ms C. Willaert et J. Ulvoas, elle aussi illustrée de nombreuses photos, un bel hommage à cet acteur qui a bercé notre enfance à travers quelques inoubliables séries télévisées.
A l'occasion de ce dossier le Maniaco en profite pour faire remonter la bio d'un des jeunes acteurs de la série, l'inoubliable Cristian Sofron, un bel ensemble pour tous les amoureux du feuilleton.
Bon voyage à tous.
Deux ans de vacances: les origines d'une belle odyssée:
Jules Verne. Voilà bien un nom qui chante aux oreilles des aventuriers en herbe et doux rêveurs. Ce nom sera à jamais associé à une pléiade de romans qui donnent vie à des personnages le plus souvent pittoresques vivant de folles épopées, à un univers où n'ont de place que les maitres mots d'aventures, d'exotisme et de grands espaces qu'ils soient
aériens, sous terrains ou marins. L'oeuvre de l'écrivain est remplie de voiliers en perdition traversant des océans lointains, de marins héroïques, d'iles mystérieuses à la faune exubérante où s'égarent de sympathiques Robinsons. Ecrit en 1888 Deux ans de vacances, un des romans parmi les moins connus de son auteur, ne faillit pas à la règle. Le cinéma comme la télévision ne pouvaient mieux trouver comme source d'inspiration.
Si Deux ans de vacances avait déjà connu une adaptation pour le cinéma en 1962 avec le
film de l'espagnol Emilio Gomez le très rare Dos anos de vacaciones, si le tchèque Karel Zeman en fit une libre adaptation en 1967 également cinématographique avec Le dirigeable volé / Ukradena vzuducholod, si le Japon en tira deux dessins animés de moyenne qualité (Juggo shonen hyoryuki en 1982 et Mujin wakusei survive en 1990) c'est sans aucun doute la version télévisée réalisée à quatre mains par Gilles Grangier et Sergiu Nicolaescu qui est restée et restera à jamais gravée dans nos mémoires, une véritable réussite à la hauteur des ambitions initiales de l'écrivain.
Résumé d'une grande et belle aventure:
1882 - Nouvelle Zélande. Pour les vacances scolaires le richissime Lord Buchanan a entrepris d'offrir à son neveu Doniphan une magnifique croisière sur le Pacifique à bord de son voilier Le Sloughi. Le jeune garçon au fort tempérament obtient de sa mère l'autorisation de partir en emmenant avec lui sept de ses camarades d'école. C'est ainsi que Gordon, Briant, Service et son fidèle chien blanc Phann, Baxter, Iverson, Wilcox et Garnett se retrouvent embarqués sous la houlette du capitaine Hull pour de merveilleuses vacances sur les flots bleus de l'océan. Une bouteille à la mer va changer le cours de cette aventure. Recueillis à
bord du Sloughi deux naufragés, Forbes et Pike, vont s'emparer du voilier. Débarquant le capitaine et son équipage en pleine mer ils gardent les huit garçons et le jeune mousse Dick Sand en otages espérant ainsi obtenir de leurs parents une forte rançon qui les aiderait à mener à bien leur projet: rechercher une ile où un fabuleux trésor serait caché. Lors d'une escale à terre les impétueux garçons faussent compagnie aux pirates et à leurs hommes et parviennent à s'échapper à bord du Sloughi. Désormais seuls à bord avec le mousse ils vont devoir lutter contre une mer déchainée. Incapables de diriger le voilier ils s'échouent sur une ile aussi mystérieuse que déserte, Du moins en apparence. La petite troupe aura ainsi le
temps de s'organiser et créer une micro société. Durant les deux années où elle va y rester elle aura le temps de la découvrir allant d'aventures en aventures jusqu'au jour inattendu où les terribles Forbes et Pike accompagnés d'une bande de pirates féroces y débarquent également. La vie des jeunes aventuriers va être bouleversée mais leur arrivée va leur permettre de découvrir enfin le secret que l'ile cachait mais surtout de pouvoir enfin rentrer chez eux prêts à repartir pour de nouvelles aventures en véritables marins qu'ils sont désormais devenus.
Carnet de bord d'un grand feuilleton:
Il faut remonter quelque peu dans le temps pour trouver la première genèse de Deux ans de vacances, Zwei jahre ferien en allemand. C'est en effet en 1969 que germa l'idée d'adapter le roman de Jules Verne pour la télévision. Bon nombre de désaccords entre les sociétés de productions vont avoir pour conséquence l'abandon du projet. L'idée ressurgit en 1970 et les contrats sont signés entre la ZDF et Tele-München (dont le PDG n'est autre que Walter Ulbricht). De son coté la France reste en dehors des décisions et ne manifeste pas son désir de collaboration. C'est seulement en 1971 qu'elle se décide enfin à entrer dans l'élaboration du projet ainsi que la Roumanie où seront tournés les épisodes.
Quand le réalisateur Gilles Grangier fut contacté pour mettre en scène le feuilleton il y était peu favorable. Il ne croyait guère au projet. Pourtant si ce n'est pas le roman le plus populaire de l'écrivain la possibilité de réaliser une grande fresque d'aventures pouvant atteindre un large public est tout à fait envisageable. Le genre est en effet très en vogue en ce début de décennie. La télévision avait déjà porté à l'écran L'ile mystérieuse, Mathias Sandorf ou encore Le loup des mers (d'après Jack London). Le loup des mers programmé en 1971 sur la première chaine de l'ORTF fut un précurseur, son succès ayant beaucoup aidé à l'élaboration de Deux ans de vacances. Le pari n'était cependant pas facile à relever. Il était impossible de retranscrire sur le petit écran toute la densité de l'oeuvre du célèbre romancier.
On fit appel au scénariste Claude Dessailly pour en faire une parfaite adaptation sans pour autant trahir sans son fond le roman d'origine. Les connaissances du réalisateur sur le milieu marin étaient aussi un bel atout. Réduisant au nombre d'enfants (au lieu de quinze) et en y ajoutant le personnage du mousse Dick Sand (crée à l'origine pour le roman Un capitaine de 15 ans à l'instar du capitaine Hull) Claude Dessailly mit l'accent sur le coté aventure en y ajoutant bon nombre d'épisodes inédits. Parmi ceux ci la fameuse chasse au trésor faisant de cette robinsonnade adolescente une nouvelle "ile au trésor". Le public ne s'y trompe pas. Diffusé pour la première fois du 1er juin au 15 juillet 1974 à 20h30 sur la première chaine de l'ORTF Deux ans de vacances remporte un succès considérable.
Naissance d'une belle aventure:
Découpée chez nous en six épisodes de 55 minutes, les trois premiers retracent l'embarquement des collégiens sur le Sloughi, leur capture par les pirates et leur évasion, les trois derniers narrent le naufrage, l'installation sur l'ile, leurs aventures, l'arrivée des pirates jusqu'à leur retour chez eux, la série battit des records d'audience. Juste récompense pour ce feuilleton qui était alors la plus grosse production télé jamais tournée pour l'ORTF. Gilles Grangier déclara lors d'une interview que jamais il ne sut réellement d'où provenaient les capitaux, plusieurs pays dont l'Autriche, l'Allemagne, la Suisse et la France ayant apporté
leur aide financière après d'interminables et insondables palabres dans les hautes sphères des sociétés de production auxquelles Grangier ne participa jamais. En France c'est la défunte société Technisonor qui produisit la série. Elle avait déjà à son actif nombre d'autres fictions dont Le loup des mers. De son coté la ZDF versa 2 millions de DM.
Le feuilleton fut entièrement tourné en Roumanie un pays où avait déjà été réalisé bien des séries dont Les aventures de Tom Sawyer avec Marc Di Napoli en 1969. Les caméras s'installèrent à Brassov, à Mamaia et Bucarest. La mer noire comme souvent fit office de Pacifique et le delta du Danube prêta ses paysages pour les séquences d'hiver tandis que la
goélette à hunier La speranja aujourd'hui démembrée devint à cette occasion Le Sloughi. Les premières prises de vue débutèrent fin 1971. Suivirent les scènes hivernales qui clôturent le cinquième et sixième épisode réalisées quant à elle durant l'hiver 1972. Si moult problèmes liés à la production avaient déjà retardé le tournage c'est un autre imprévu qui vint entraver le déroulement normal des opérations. En effet le jeune Cristian Sofron qui interprétait Service attrapa la rougeole et contamina Marc Di Napoli. Tout deux furent hospitalisés. Privé de deux de ses principaux interprètes le tournage dut être interrompu et ne reprit qu'au printemps 1973 d'où quelques transformations physiques et capillaires bien
visibles plus particulièrement dans la version allemande au fil des aventures de nos neuf garçons à un âge où le corps se transforme vite. Il s'étala alors sur six mois d'avril à septembre.
Il apporta beaucoup de satisfaction au réalisateur tant par la facilité de tourner en Roumanie que pour la parfaite entente avec la deuxième équipe roumaine menée par Sergiu Nicolaescu malgré les conditions précaires de vie de l'équipe et des acteurs hébergés soit à bord d'un navire ou dans les meilleurs hôtels que pouvait alors offrir le pays. La vie en Roumanie à cette époque était ce qu'on peut imaginer, un pays démuni de tout. C'est peut être cela qui donnait au peuple roumain sa générosité. Tout comme l'armée il ne refusait jamais d'apporter son aide, sa participation et toujours à moindre coût voire parfois
gracieusement. Hormis cette générosité il existait également une sorte de fièvre, d'effervescence dans les studios roumains qui grâce à Gilles Grangier découvraient de nouvelles techniques dont celle de la fameuse "transparence sur fond bleu" utilisée pour les scènes de tempête qui les rendent parfaitement réalistes, un des gros atouts de la série. Il existait donc un réel échange tant humain que technologique. Hormis la beauté des décors naturels, le jeu parfait des jeunes comédiens, la splendide musique signée Alain Le Meur c'est cette humanité, cette convivialité qui fit et fait encore aujourd'hui la magie de la série.
Si les puristes de Jules Verne n'auront peut être pas reconnu le roman d'origine personne pas même eux ne pourra nier que l'adaptation de Claude Dessailly égale à sa manière l'oeuvre de l'écrivain.
Deux épopées pour une même croisière:
Ce que beaucoup ne savent pas c'est qu'il existe deux versions du feuilleton, la version française en six épisodes que nous connaissons tous et l'allemande découpée en quatre épisodes d'environ 95 minutes chacun quasi similaire à la version roumaine intitulée Doi ani de vacanţă, (Pirati din Pacific pour la version cinéma, un condensé de 2h25 des épisodes). Claude Dessailly trouvait la mouture germanique de Walter Ulbricht trop violente, pas assez familiale pour le public français, Ulbricht trouvait celle de Dessailly trop puérile, trop mièvre et romantique et contesta longtemps le travail effectué par son confrère français. Dessailly
souhaitait une série tout public exempte de sang et de brutalités. Il édulcora donc bon nombre de séquences et en supprima d'autres dont l'évasion de prison sanglante de Forbes et Pike, le massacre du village péruvien qui ouvre le premier épisode, les plans d'animaux sauvages (otaries, lynx...) dont l'agonie d'un petit sanglier et bon nombre de périls en tout genre. La fin est également entièrement différente. Ainsi le dernier épisode de la version française détaille soigneusement l'arrivée des pirates sur l'ile, la capture des adolescents dans la caverne et surtout la découverte du trésor et de son gardien, l'énigmatique naufragé, une partie inexistante dans la version de Ulbricht. Quant à la conclusion aussi joyeuse et
optimiste est le final français aussi sombre est la conclusion allemande, une fin ouverte (les enfants sont semble t-il recueillis par un énigmatique yacht qui disparait à l'horizon mais rien n'est montré, une scène commentée en voix off par Dick Sand sur un ton monocorde).
Certaines scènes absentes de la version française sont par contre très intéressantes notamment celle du premier hiver des adolescents sur l'ile. Réduite à quelques cinq rapides minutes en fin du cinquième épisode en France elles durent plus longtemps chez Ulbricht qui détaille un peu leur vie sur cette ile plongée dans la grisaille des mauvais jours et filme notamment une jolie partie de chasse automnale. Ces différences sont elles la raison pour laquelle la série ne rencontra pas un succès phénoménal en Allemagne mais devint par
contre culte en France, en Italie, au Canada et en Belgique dans sa version française? Deux ans de vacances ne fut réhabilité en Allemagne que bien des années plus tard et la série trouva enfin son public.
Voici quelques points de repère pour découvrir le travail de Ulbricht. Le premier épisode (Die flaschenpost) s'ouvre sur l'attaque du village et le meurtre du détenteur de la carte du trésor. Suit l'évasion de prison haletante de Forbes et Pike qui récupèrent la carte et prennent la mer. En Nouvelle Zélande l'oncle de Doniphan propose à ce dernier une croisière. Le tirage au sort des camarades de Doniphan est de suite organisé et les adolescents embarquent dans
la foulée. Lors d'une partie de pêche les enfants découvrent la bouteille à la mer, débarquent sur l'ile où ses ont échoués les deux pirates qu'ils recueillent à bord. L'épisode se clôt sur le meurtre de Tom.
Le second épisode (Die meuterei) ne comporte quasiment aucune scène absente de la version française. Il retrace la prise du Sloughi par les pirates, la capture des adolescents retenus prisonniers à terre et leur évasion à bord du yacht.
Le troisième volet (Eine küste ohne namen) est entièrement consacré à la tempête qu'essuie le Sloughi, le naufrage du bateau sur l'ile que les adolescents vont visiter dés le lendemain. Il se termine sur leur installation dans la grotte. Peu de choses diffère de la version française
si ce n'est les nombreux plans d'animaux sauvages qui parsèment la visite de l'ile.
Le dernier épisode (Die vergenesse insel) comporte non nombre de scènes absentes de la version française comme l'arrivée de l'automne, les parties de chasse qu'organisent les garçons pour se monter un solide garde-manger pour l'hiver. On compte aussi de nombreux plans d'animaux sauvages en tout genre, parmi elles celle où Service s'amuse avec un jeune lynx. La promenade de Service dans la neige est elle aussi bien plus longue et détaillée. Il retourne sur la plage où ils ont échoué bien des mois plus tôt, s'extasie devant des otaries qui s'ébattent sur la glace avant d'apercevoir le fameux "fantôme" et sa chute de la falaise. Le final est totalement chamboulé. Si les pirates débarquent bel et bien sur l'ile ils ne sauront
jamais que les adolescents s'y trouvent également. Point de face à face donc, le vieux naufragé dont on ne saura rien (c'est son unique apparition dans cette version) fera s'ébouler la grotte sur eux bien avant qu'ils ne les découvrent. L'épisode se conclut sur une fin ouverte assez énigmatique, la vision d'un yacht qui recueillent les adolescents.
Les quatre épisodes sont sans cesse commentés en voix off par un narrateur, un procédé qui gâche quelque peu le plaisir pris à la vision de la série mais il semblerait que ce procédé fut habituel en Allemagne à cette époque. On le retrouve en effet dans Le loup des mers et Tom Sawyer.
Deux ans de vacances ou les secrets d'un triomphe:
Retranscrire l'univers de Jules Verne sans en perdre ni l'essence ni la magie, surtout à la télévision, savoir captiver l'attention du téléspectateur, le faire entrer dans cet univers en lui faisant partager les émotions et les peurs des protagonistes n'est certes pas chose facile. Les inconditionnels de l'auteur ne devaient pas se sentir trahis. L'adaptation télévisée de ce roman était donc une gageure même si au départ il y avait tous les ingrédients pour créer une belle et grande saga océane cathodique. Claude Dessailly réussit là où deux auparavant
avait échoué L'ile mystérieuse. En ajoutant nombre de segments absents du roman ont été ajoutés tous s'intégrant parfaitement à l'histoire d'origine Dessailly a fait du feuilleton un subtil mélange de Verne et Stevenson. Il a su jouer sur chacun des éléments, dosant à merveille humour, aventure, mystère et émotions aidé par la beauté des décors naturels et la mise en scène efficace et sans faille de Gilles Grangier, une réalisation sans temps mort ni longueur. Action et aventure vont crescendo dés le premier épisode, l'ensemble sublimé par le jeu excellent d'une distribution internationale dominée par ce groupe de jeunes comédiens qui à l'époque reçurent les félicitations du public.
Deux ans de vacances ou la force de ses jeunes marins en herbe:
La force d'une série réside en grande partie dans ses personnages. Ceux ci sont un des atouts majeurs de Deux ans de vacances. Outre une brochette de jeunes comédiens judicieusement choisis dont la justesse d'interprétation est simplement étonnante les scénaristes ont su faire évoluer, progresser chacun d'entre eux au fil des épisodes mettant en exergue chaque facette de leur personnalité tout en évitant du mieux possible les stéréotypes. Joliment définis, très bien dessinés le téléspectateur peut ainsi parfaitement
s'identifier à eux, se reconnaitre en certains, les aimer ou même les détester. Plus que de simples personnages de fiction, ces huit aventuriers en herbe ont su franchir la barrière de l'écran pour définitivement s'installer dans la vie du téléspectateur qui pour beaucoup rêvèrent d'être à leur place, s'offrir deux ans de vacances, d'amitié et de palpitantes aventures sur une ile lointaine, entre amis et marins en herbe, oubliant école et quotidien... et peut-être, surement même, beaucoup en rêvent encore aujourd'hui en revisionnant la série qui n'a pas pris une seule ride. C'est peut être ça, c'est sans nul doute ça la magie Deux ans de vacances.
Dick Sand: la magie d'une transposition:
Absent de l'oeuvre originale le jeune mousse Dick Sand est en fait un transfuge d'un autre roman de Jules Verne, Un capitaine de 15 ans. L'idée se révèle vite excellente. Dans l'oeuvre de Verne le mousse s'appelle Moko. C'est un jeune garçon de couleur qui a de nombreux points communs avec le Dick Sand de Dessailly qui a su respecter les grands traits du personnage originel. De par ses origines Moko n'est ni plus ni moins qu'un petit esclave noir dont la famille était dévouée depuis des décennies à un riche colon. Moko a toujours servi ses maitres et obéi aux ordres du capitaine Garnett. Dick Sand est quant à lui orphelin et n'a
toujours connu qu'une vie de simple domestique à bord du Sloughi. Il est aux ordres du capitaine Hull puis par les forces des choses il doit se plier aux exigences de Doniphan, un garçon de son âge, au détriment des autres garçons. Dick accepte cependant avec humilité cette vie à laquelle il ne cherche pas vraiment à échapper. Quelques soient les circonstances, les évènements il est et reste un domestique même si parfois cela lui pose un cas de conscience, déchiré entre sa propre condition et ce qu'il souhaiterait faire ou dire.
Eminemment sympathique, docile, toujours positif et bienveillant, débrouillard et surtout loyal Dick Sand apparait rapidement comme un personnage clé de la série, particulièrement
attachant, un élément moteur de cette aventure. Si pour lui cette croisière n'était qu'un simple voyage de plus c'est entre ses mains que le destin des huit naufragés se tiendra finalement. C'est notamment grâce à Dick qu'ils s'échapperont du village des pirates, c'est lui qui dirigera la troupe une fois seule sur le bateau et le manoeuvrera au coeur de la tempête comme c'est parfois grâce à ses connaissances que les garçons pourront établir un semblant de vie sur l'ile.
Si avec Baxter, Briant, Gordon et Doniphan Dick forme le pentagone des ainés ce sont surtout ses prises de bec avec Doniphan, lui même très souvent en conflit avec Briant, et ses points
communs avec Gordon, qui donnent à la série une partie de son âme, de son humanité. La psychologie de ces cinq personnages est en effet particulièrement bien étudiée jouant sur une palette d'émotions diverses tout en mettant en avant des oppositions de caractères parfois fortes, en tête le personnage de Doniphan souvent au centre de bien des tensions et d'antagonismes. En leur apportant cette dimension psychologique Dessailly a su rendre ses jeunes héros réellement attachants, humains, jonglant à la perfection avec les sentiments du spectateur conquis par ces adolescents dans lesquels chacun saura, pourra s'identifier, autre clé de la réussite d'un feuilleton. Doniphan, Gordon, Dick, Briant, Baxter tous sont
devenus en l'espace de six épisodes des amis, des proches, des compagnons de rêve et d'aventures, des modèles, pour certains peut être même leur propre image.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Dessailly les a tout aussi bien dessiné plus spécialement celui de Service, un des plus adorables et attachants de la troupe. Flanqué de son beau chien blanc Service incarne l'ami idéal, dévoué, serviable, toujours optimiste et enthousiaste, prêt à redonner le sourire lorsqu'un malheur frappe un de ses camarades. Son ouverture d'esprit, sa sociabilité en font un élément fondamental de la communauté, un catalyseur. Bouffée d'air pur au sein du groupe Service doit beaucoup à son
jeune interprète, le si séduisant Cristian Sofron, qui possède les qualités et la spontanéité, la fraicheur de son rôle. Cristian ne joue pas, il EST Service, une qualité qui rend son personnage encore plus authentique, un trait de caractère qui se confirme lorsqu'on lit aujourd'hui les interviews de l'acteur. Cristian avoue que l'amitié, les relations humaines ont toujours été très importantes à ses yeux. L'amitié a toujours tenu une place prépondérante dans sa vie, un sentiment parfois plus profond que l'amour lui même.
On n'oubliera pas de citer la bonne bouille de Wilcox, un garçon jovial et plein d'entrain dont les connaissances scientifiques seront fort utiles aux naufragés, ni Iverson et Garnett, les deux plus jeunes dont la fraicheur et l'innocence, quelque part entre enfance et adolescence, apporte un vent de candeur et de fragilité à la communauté.
La musique: une véritable invitation au voyage:
En rendant ses jeunes protagonistes si humains par conséquent aussi charismatiques et attachants Dessailly a su en grande partie conquérir le public tout autant séduit par l'atmosphère générale de la série synonyme de dépaysement, de rêve grâce à une ambiance océane extraordinaire. Comment ne pas succomber au charme d'une ile lointaine exotique à la faune et à la flore colorées, de paysages baignés de soleil et de terres enneigées fleurant bon le danger et le mystère, d'une quête au trésor? Impossible de ne pas se prendre pour de jeunes et intrépides moussaillons partis à bord d'une goélette, pour de jeunes marins en quête d'aventures unis par la force de l'amitié encore plus lorsque la
musique invite au voyage, à l'aventure, attisant notre imagination.
La musique de la série! Voila bel et bien le deuxième plus gros atout de Deux ans de vacances. Aujourd'hui encore résonnent dans nos têtes non seulement son générique mais également les quelques chansons qui accompagnent certains épisodes notamment la chanson finale qui clôt le 6ème épisode, une véritable ode à l'amitié dont les paroles résument parfaitement bien l'univers particulier des matelots. Son compositeur, le regretté Alain Le Meur, a su reprendre à merveille les principaux codes musicaux des chants de marins dont les voix masculines graves, des parties sifflées, les tonalités celtiques et des paroles prenantes qui dépeignent avec une certaine mélancolie le milieu marin. Est ce
étonnant si aujourd'hui encore les thèmes principaux de la série sont toujours autant joués ou repris lors de festivals celtiques et fêtes bretonnes, devenus au fil du temps de véritables classiques qui n'ont rien perdu ni de leur force ni de leur magie. Sans les compositions de Alain Le Meur Deux ans de vacances n'aurait très certainement pas eu le même impact. C'est là encore toute la grande différence entre la version française de la série et la version allemande et roumaine dont la musique signée Hans Possegga est bien trop fade, bien trop anonyme, aux antipodes de celle que nous connaissons. Quant aux hymnes chantés ils sont tout simplement absents, crées uniquement pour la version française.
La musique de la version roumaine est quant à elle signée Temistocle Popa, agréable mais oubliable, loin d'égaler l'oeuvre de Alain Lemeur. Il faut néanmoins émettre un bémol en signalant que le thème musical (et chanté) de la version tchèque est lui aussi de toute beauté, particulièrement mélancolique et sombre. Autrefois disponible sur le net il est fort malheureusement introuvable aujourd'hui. Un Graal pour tous les amoureux de la série. Si un jour quelqu'un le retrouvait...
Un hymne à la vie et à l'amitié:
Sous la dextre plume de Claude Dessailly le roman originel de Jules Verne a connu bien des modifications qui ont su mettre en avant l'aspect aventure de l'histoire afin de réveiller chez le spectateur le gout du rêve, son envie d'évasion. Elles ont su le transporter sur cette ile lointaine sans qu'il ne bouge de son fauteuil en compagnie d'un groupe de jeunes apprentis marins aussi séduisants que sympathiques. Mais au delà de ce désir d'aventures la série véhicule un message bien plus beau et puissant. Deux ans de avances est un superbe
hymne à l'amitié, à la fraternité, une ode au monde marin où solidarité est le maitre mot. La série nous offre une jolie leçon de cohabitation entre neuf adolescents au caractère très différent venus d'horizons tout aussi divers (Doniphan le lord anglais prétentieux et arrogant, Briant le jeune français un brin rustre et fort en gueule, Gordon l'orphelin élevé par un révérend, Dick qui toute sa vie a obéi à ceux qu'il a servi...) que les aventures et mésaventures vont rapprocher et souder. Deux ans de vacances regorge d'humanité, véritable ciment de cette histoire somme toute universelle dont les dernières images
illustrent parfaitement ce message. Deux ans de vacances ne pouvait mieux se terminer qu'autour de cette table où enlacés, un verre à la main, nos jeunes héros entonnent cet inoubliable refrain au son joyeux de l'accordéon. En quelques plans Dessailly a trouvé la fin idéale et nous offre ce qu'on attendait tous d'une telle aventure: voir notre petite troupe, désormais inséparable, à jamais unie par les liens du coeur et de la mer, repartir vers de nouvelles aventures portée par le souffle océan. Les voir reprendre leur vie d'avant, retrouver la routine de la pension et de ses codes, aurait été non seulement une franche déception
mais surtout quelque chose d'impensable. Ce qu'ils ont vécu durant ces deux longues années aucune école n'aurait pu leur enseigner si ce n'est l'école de la vie. Alors que défile le générique on hisse fougueusement les voiles, cheveux au vent, prêts à voguer vers de nouvelles et folles aventures... le spectateur avec! S'il n'y avait qu'une seule image à garder de la série ce serait indubitablement celle ci, celle d'une véritable amitié virile indéfectible. Elle résume à elle seule ces six magnifiques épisodes formant la version française.
"Vogue la vie vogue l'aventure, nous les marins nous ne faisons qu'un. Amis buvons à nos joies futures chantons en choeur à nos lendemains. Nous avions dans le coeur une ile, des pays sauvages..."
Une joyeuse petite troupe de marins:
Longtemps les neuf jeunes acteurs de la série restèrent des énigmes. Bien difficile pour les inconditionnels de la série dans les années 70 de trouver des informations sur ces comédiens venus d'horizons différents. Tous ont grandi avec eux moult interrogations en tête quant à savoir qui ils étaient et ce qu'ils étaient devenus par la suite notamment pour la partie roumaine de la distribution. C'est donc le fruit de longues recherches étalées sur bien deux décennies que le Maniaco va résumer ici au mieux, recherches internet bien évidemment, base de toute quête aujourd'hui, mais aussi dans la presse d'époque tant française que roumaine voire allemande. Soyons certains que beaucoup seront ravis de voir revivre leurs compagnons d'enfance, connaitre leur parcours et surtout savoir ce qu'ils sont devenus aujourd'hui du moins certains d'entre eux.
- LES PROTAGONISTES: les neuf naufragés, les pirates et personnages secondaires:
1/ Les jeunes naufragés:
MARC DI NAPOLI (Doniphan):
Issu d'une famille d'artistes, son père était ténor à l'opéra, son oncle Roland Berger le cofondateur de l'école de chant de l'Olympia de paris, Marc Di Napoli nait le 28 mai 1953 à Paris. Le jeune Marc fait ses premiers pas sur scène en 1962 en enchainant les petits rôles au théâtre. De fil en aiguille il se fait assez rapidement remarqué et se retrouve à tout juste 10 ans dans MacBeth de Claude Chabrol puis embrasse la Comédie Française avec La reine morte. Marc va alors jongler entre le théâtre et la télévision et devient à la fin des années 60
un jeune acteur très prisé des feuilletons télévisés dont le plus connu reste Les aventures de Tom Sawyer diffusé dés février 1969 sur la première chaine de l'ORTF. Il y interprète Huckleberry Finn aux cotés de Marc Demongeot qui prend de son coté les traits de Tom Sawyer. Les aventures de Tom Sawyer reste pour Marc sa série préférée, celle qui lui tient le plus à coeur. La même année on le voit dans Les Galapiats, une série adolescente tournée en Belgique, en 1970 dans Mauregard, en 1971 il fait une apparition dans une dramatique intitulé Menace puis il est au générique de Les gens de Mogador en 1972. Claude Chabrol lui donne sa chance au cinéma en lui offrant le rôle du fils de Jean Yanne dans le superbe
Que la bête meure dans lequel joue également son petit frère Stéphane Di Napoli qui lui aussi embrassera un temps une carrière de comédien. Après Deux ans de vacances on a pu revoir Marc une dernière fois à la télévision en 1976 dans la série familiale La famille Cigale aux cotés d'une Carole Bouquet débutante. Pour l'anecdote Marc sortit un 45t passé inaperçu en France intitulé "Mon coeur", un slow sirupeux chanté en allemand. Il a également fait pas mal de doublage. Il fut notamment la voix de Sean Penn dans Racines et doubla quelques films de Pasolini.
Malgré son désir de devenir sociétaire de l'Académie française, à l'étonnement général, Marc mit fin prématurément à une carrière prometteuse pour préparer les Beaux Arts et vivre de sa passion: la peinture. Il s'est ensuite retiré du monde du show-bizz pour s'installer au début des années 80 en Bretagne, une région qu'il n'a plus quitté. Il est aujourd'hui un artiste peintre sculpteur costumier de renom gérant son propre atelier "Bleu de Naples" situé à Concarneau, un label qu'il abandonnera définitivement en 2004 entrainant la fermeture de son site. Il continue de travailler et d'exposer à Concarneau également à Pont-Aven mais
aime aussi peindre place du tertre à Montmartre. Depuis de longues années déjà Marc a également renoué avec le théâtre et monte régulièrement sur les planches tant à Paris qu'en province.
En octobre 2019 il a fait un retour devant les caméras en apparaissant dans le court-métrage de science-fiction de Donovan Potin Raquel, un western souterrain tourné en Bretagne.
L'interview de Marc est disponible ICI.
DIDIER GAUDRON (Briant):
Tout comme Marc Di Napoli Didier Gaudron fit ses premières armes sur scène. Après moult petits spectacles il débute sur scène en 1971 dans la pièce de Raymond Gérome Jeux d'enfant. Didier fait ses premiers pas au grand écran en 1972 dans le film de Jean-Luc Godard, Tout va bien, dans lequel il donne la réplique à Yves Montand et Jane fonda. Il est
Germain, un des jeunes ouvriers de l'usine en grève dans lequel se déroule l'action. Il fait ensuite une toute petite apparition dans Il n'y a pas de fumée sans feu de André Cayatte avec entre autres Annie Girardot et Mireille Darc puis Didier tourne un téléfilm pour Maurice Cazeneuve intitulé Entre toutes les femmes qu'il enchaine avec Deux ans de vacances.
Après cette série on pourra revoir Didier en 1974 dans le téléfilm Frontières dans lequel il interprète un jeune voyou. C'est surtout au théâtre que Didier se consacrera par la suite. Il sera notamment en 1974 Mozart dans Mozart ou le requiem inachevé de Catherine Brieux. Être sur scène ne l'empêche pas de temps à autres de faire quelques rapides apparitions à
la télévision et au cinéma. On peut ainsi le remarquer en 1977 dans la comédie franchouillarde de Jean Girault Le mille-pattes fait des claquettes où il joue un soldat allemand qui finit en slip / Tee-shirt sur la route, en 1978, le cheveu court, il décroche un petit rôle dans la série en six épisodes de Marcel Moissy La corde au cou d'après le roman
éponyme de Emile Gaboriau et en 1980 il apparait brièvement dans la série française de science-fiction Les visiteurs, une courte prestation dans le premier épisode, celle d'un présentateur à la télévision allemande.
Deux ans de vacances restera à ce jour son rôle le plus étoffé.
FRANZ SEIDENSCHWAN (Dick Sand):
Ne le 27 avril 1954 à Munich Franz a débuté sa carrière de comédien très jeune à la télévision allemande grâce à une femme qui vivait dans la rue où il habitait alors. Son travail consistait à rechercher des enfants pour le cinéma et la télévision afin de leur faire passer des casting. Les jolies tâches de rousseur, la blondeur de Franz ne passent pas inaperçus aux yeux de cette femme qui un jour emmène l'enfant aux studios. A peine est-il entré qu'il est choisi pour être un des protagonistes de la série en 13 épisodes Der vater und sein sohn
diffusée dés l'automne 1967 dans son pays d'origine. Franz n'a que 13 ans. Sa carrière de jeune comédien vient de débuter. Il apparait ensuite le temps d'un épisode seulement dans la série Merkwürdige Geschichten.
C'est en 1971 que Franz gagne ses lettres de noblesse et devient célèbre en France puisqu'il est un des principaux personnages de la série Der seawolf / Le loup des mers, diffusée alors sur la 1ère chaine de l'ORTF. Elle met en scène les aventures du terrible capitaine Wolf Larsen interprété par Raimund Harmstorff, un rôle qui apportera au robuste comédien
allemand sa notoriété. Juste avant d'entamer le tournage de Deux ans de vacances Franz apparait au générique de trois films érotiques allemands, le troisième volet de la fameuse saga des Hausfrauen-report dans lequel il est un lycéen voyeur qui regarde un de ses camarades faire l'amour à sa prof, Lehrmädchen-report où il aide un de ses amis étudiants à abuser d'une de ses camarades après avoir pris soin de lui baisser sa culotte et enfin le septième volet de la longue série des Schulmadchen report où, non crédité au générique cette fois, il est un lycéen habillé en tyrolien qui avec ses camarades effraie son puceau de professeur en lui montrant une femme nue.
Après Deux ans de vacances Franz part faire son service militaire. Par la suite il continuera d'apparaitre au générique de nombreuses séries et téléfilms allemands dont Tatort la seule diffusée en France et quelques films tous inédits sous nos cieux. Parmi eux on citera avant
tout l'intéressant Tod Oder freiheit de Wolf Gremm en 1977. C'est en 1983 à presque trente ans que Franz tournera l'ultime rôle de sa carrière d'acteur pour les besoins d'un épisode de la série policière Polizeiinspektion 1.
Franz avoue qu'être comédien n'a jamais été son ambition première, juste une très belle opportunité qu'il a su saisir. Il ne regrette absolument pas toute cette période. Ce sont de magnifiques souvenirs de jeunesse et un grand plaisir de se revoir lors des rediffusions des films et séries auxquels il a participé. Mais il avoue que Deux ans de vacances restera son plus beau souvenir de comédien, une série qui tient une place spéciale dans son coeur. Dans une interview donnée dans son pays d'origine dans les années 90 Franz confirme les propos de Marc Di Napoli. Lui non plus n'a revu aucun de ses partenaires une fois le clap de fin donné si ce n'est Marc qu'il a croisé quelques mois plus tard juste avant de partir dit-il faire son service militaire. Ils eurent juste le temps de se saluer. Toujours concernant Deux ans de vacances Franz avoue lors de cette interview avoir eu très peur lors de la scène où il tente de s'échapper du Sloughi et plonge dans la mer du haut du mât. La hauteur était impressionnante, la scène difficile à tourner d'autant moins évidente que le pauvre Franz n'est pas très à l'aise dans l'eau. Rainer Basedow son partenaire pour cette scène était un très bon nageur. Il l'a beaucoup aidé à la tourner. L'ex-Dick Sand fera sa réapparition en 2007 pour une interview donnée à l'occasion de la sortie du DVD allemand de la série où il revient sur ses souvenirs notamment la pauvreté de la Roumanie, la famine qui régnait alors. Ce
sont des choses qui l'ont marqué. Il avoue même avoir donné ses vêtements aux plus démunis.Un regret? Peut être de ne pas avoir eu beaucoup de contact avec Gilles Grangier essentiellement du au fait qu'il ne parlait pas français, contrairement au réalisateur allemand qui fut presque un père pour lui.
S'il a quitté depuis bien longtemps le monde artistique Franz vit aujourd'hui toujours à Munich où il a depuis multiplié les boulots. Il a notamment été facteur.
CONSTANTIN NEDELCU (Baxter):
Le rôle de Baxter fut la seule et unique prestation de Constantin Nedelcu, jeune roumain né à Bucarest, qui dés la fin du tournage du feuilleton s'en retourna à ses études. Il fallut attendre bien des décennies pour que son nom refasse surface grâce à un petit groupe d'inconditionnels de la série qui réussirent à retrouver Constantin grâce aux réseaux sociaux.
Avec beaucoup de sympathie l'ex-Baxter de Deux ans de vacances accepta de répondre à quelques brèves questions. Après la parenthèse Deux ans de vacances Constantin s'est tourné vers le sport. Il est devenu pilote de rallye. Il vit depuis de longues années déjà au Canada. Marié à une ex-championne olympique de natation canadienne, père de deux
enfants, Constantin était loin d'imaginer que le feuilleton déchainait encore aujourd'hui un tel engouement. Pour lui il appartenait à un lointain passé qu'il avait presque oublié mais dont il gardait cependant un souvenir certes flou mais agréable. Il avouait avoir visionné la série en compagnie de ses enfants très étonnés d'y voir leur père habillé ainsi. Constantin trouvait très amusant, très drôle de se revoir vêtu à la mode 19ème siècle.
CRISTIAN SOFRON (Service):
Né le 9 mai 1958 à Bucarest Cristian Sofron, frère ainé de l'acteur Cosmin Sofron, n'en était pas à son coup d'essai. Très jeune il est attiré par le théâtre. C'est à l'âge de huit ans seulement qu'il fait ses débuts sur les planches du célèbre théâtre Nottara de Bucarest dans deux pièces, Se eu am fost in Arcadia et O lume la tarà. Il y fait la connaissance de comédiens de renom dont George Constantin qui le prennent vite sous leur aile.
En 1971, le
réalisateur Sergiu Nicolaescu lui offre une participation dans son film Cu mîinile curate. Cette même année il lui offre un rôle dans Atunci i-am condamnat po te toti la moarte, un classique du cinéma roumain qui bouleverse le public. Cristian et Serge vont devenir amis. Une profonde amitié, indéfectible, presque inexplicable aux yeux de Cristian, les unit. Le réalisateur devient son pygmalion et c'est tout naturellement qu'il l'invite à incarner Service
dans Deux ans de vacances. A 15 ans Cristian sait qu'il veut faire de sa passion, le cinéma et la scène, son métier. Il entre dans une école de théâtre dont il sortira diplômé et enchaine les rôles tant sur les planches qu'au petit et grand écran. En 1975 il émeut le public roumain dans l'excellent feuilleton Toate pinzele sus / Full sail, un des travaux dont il est le plus fier confesse t-il aujourd'hui, dans lequel il incarne Mihu le jeune mousse du Speranta, un navire parti faire le tour du monde qui s'apprête à vivre de palpitantes aventures océanes. Cristian
ne cessera plus de tourner. Il devient rapidement un des comédiens les plus populaires de Roumanie mais également un des plus influents notamment connu et reconnu pour son combat pour la reconnaissance du métier de comédien en Roumanie. Dés les années 80 il prend possession du prestigieux théâtre Nottara à Bucarest qu'il ne quittera pratiquement plus puisqu'il y jouera les plus grandes pièces. En 2004 il est nommé directeur adjoint du
théâtre Constata de Bucarest. Parallèlement il est élu directeur général du centre culturel de l'Unesco. Ultime honneur, en 2017 il devient directeur par intérim du théâtre Odeon. Cristian est marié à l’actrice Andrea Măcelaru et père de deux enfants Sara et Luca. Un parcours sans faute pour l'ex-Service notre ami à tous pour l'éternité.
La biographie détaillée de Cristian est disponible ICI.
BOGDAN UNTARU (Iverson):
Bogdan Untaru était loin d'être un inconnu en Roumanie, son pays d'origine. Né le 13 juillet 1959 à Bucarest Bogdan a commencé sa carrière de comédien très jeune. A tout juste quatre ans il séduit le public roumain en incarnant le petit Naica dans une série de quatre volets qui s'étendra de 1963 à 1970. Fort célèbre en Roumanie ces quatre courts-métrages d'environ 30 minutes chacun racontent la vie d'un petit paysan roumain, Naica, dont les principaux
amis sont des animaux de la ferme et un écureuil. Il fallut attendre plus de trente ans pour que les trois premiers films sortent en France réunis sous le titre Les aventures de Naica. Au cinéma on a pu voir Bogdan en 1968 dans le film historique Columna, une coproduction germano-roumaine de Mircea Dragan. En 1969 il est au générique de Silent friends de Paul Fritz Nemeth et Georghe Turcu qui lui offrent l'année suivante le rôle d'un des trois enfants de Babysitters. En 1972 Bogdan participe à l'aventure Deux ans de vacances dans lequel il
interprète Iverson, le plus jeune des naufragés et le plus gourmand également. Bogdan mettra un terme à sa carrière d'enfant acteur après le tournage du feuilleton pour poursuivre ses études. Il ne réapparaitra que 16 ans plus tard, en 1988, pour les besoins du film de la réalisatrice-scénariste roumaine créatrice du personnage de Naica Elisabeta Bostan Unde esti, copilarie? / Où êtes vous les enfants?. Avec ce film Elisabeta a voulu faire revivre ses deux jeunes héros en imaginant ce qu'ils étaient devenus vingt ans plus tard. Naica/Bogdan,
31 ans, est père de deux enfants, et sa petite copine d'alors est étudiante en cinéma. Elle cherche un jeune acteur pour interpréter le rôle principal du film qu'elle doit présenter afin d'obtenir son diplôme. Ce sont les propres enfants de Bogdan qu'elle choisira. Après cet hommage truffé d'extraits de Naica que Bogdan regarde avec ses enfants, véritable clin d'oeil plein de tendresse à son passé de comédien, Bogdan disparaitra de nouveau et s'en retourna à l'anonymat. Il vit toujours à Bucarest.
HORIA PAVEL (Wilcox):
Agé de 15 ans lors du tournage du feuilleton le jeune roumain Horia Pavel n'en était pas à son coup d'essai. Avant Deux ans de vacances il avait déjà derrière lui un petit passé
d'enfant comédien. Horia fit en effet ses débuts devant la caméra en 1969 en apparaissant non crédité dans le premier épisode de la célèbre série Les aventures de Tom Sawyer de Wolfgang Liebener aux cotés de son futur partenaire Marc di Napoli et Roland Demongeot. Il est le petit garçon qui offre un couteau et une pomme à Tom pour qu'il le laisse repeindre le portail de tante Polly. On le voit ensuite au cinéma en 1970 dans le film historique de Sergiu Nicolaescu Mihai Viteazul, un incontournable classique du cinéma roumain. Horia est
l'enfant qui au début du film doit se battre sur la plage avec un des siens avant d'être contraint de le poignarder, une séquence particulièrement dure où le jeune acteur fait étal d'un réel talent pour la comédie. L'année suivante il apparait brièvement dans Le loup des mers en enfant sauvage. Deux ans plus tard Sergiu Nicolaescu fait de nouveau appel aux services
d'Horia en lui offrant le rôle de Wilcox, le sympathique petit scientifique de la troupe de Deux ans de vacances. Ce sera l'ultime rôle de Horia Pavel qui par la suite disparaitra des écrans et du monde public. Il semblerait que le jeune comédien ne souhaita pas poursuivre sur sa lancée et coupa définitivement les ponts avec le monde artistique, introuvable depuis des décennies.
DOMINIQUE PLANCHOT (Gordon):
Dominique Planchot! Voilà bien le gros mystère français de la série depuis des décennies! Seule et unique apparition de Dominique à l'écran qui était donc ce jeune homme? Bien des sites et autres forums où on traite de cette fabuleuse série affirment maintenant depuis bon nombre d'années que Dominique Planchot n'est autre que le célèbre pâtissier chocolatier installé en Vendée dont la réputation aujourd'hui n'est plus à faire. Le Gordon de Deux ans de vacances et le fameux pâtissier sont ils la même et unique personne à moins qu'il ne soit
apparenté à cette famille dont l'art de la pâte se transmet de père en fils depuis des générations? Malgré une légère ressemblance physique en y regardant de plus près certaines choses ne collaient. Le doute subsistait donc. Il fallait en avoir le coeur net. Le Maniaco a donc contacté Dominique Planchot pâtissier qui très surpris par cette requête a malheureusement confirmé nos doutes. Il n'est pas LE Dominique Planchot de Deux ans de vacances une série qu'il ne connaissait pas et qu'il a donc découvert de cette bien étrange
manière comme il a appris qu'il avait un homonyme qui le temps d'un feuilleton est devenu très populaire. Inutile de préciser qu'il n'y a aucun Planchot dans sa famille qui un jour fut comédien. Le rêve pour beaucoup doit s'écrouler. Gordon garde donc quarante ans plus tard tout son mystère. Rien n'aura jamais filtré sur cet énigmatique comédien d'un jour dont on gardera en tête le charme mais également la douceur, la bienveillance et le coté apaisant de son personnage.
STEFAN CRISTEA (Garnett):
Voilà bien une énigme qui risque d'attrister les fans de Garnett s'il y en a. Le jeune Stefan Cristea n'aura guère eu de chance. Son rôle dans la série est quasiment inexistant. Le jeune comédien roumain n'a en effet quasiment aucune scène à lui et doit se contenter de faire acte de présence durant les six épisodes. Fort heureusement il est un peu plus présent dans
la version allemande même si son rôle n'est guère étoffé. On peut donc se demander l'utilité de ce personnage oublié des scénaristes mais également du générique français où son nom n'apparait même pas contrairement au générique roumain où il est fort heureusement crédité. Son interprète n'aura donc laissé derrière lui aucune trace et s'est semble t-il volatilisé de la surface de la planète dés la fin du tournage. Stefan Cristea aussi peu intéressant que soit son rôle restera à jamais un mystère: l'oublié de la série.
2/ Les pirates:
WERNER POCHATH (Forbes):
Né en 1939 à Vienne en Autriche Werner débute sa carrière théâtrale en 1959 dans son pays natal après avoir étudié l'art dramatique dans une des plus prestigieuses écoles autrichiennes. Il s'installe à Rome dés 1968 afin d'entamer cette fois une carrière au cinéma. C'est le début pour Werner d'une longue série de films avant tout d'exploitation, du western
au polar en passant par le giallo et le film de guerre et d'aventures dans lesquels il interpréta la plupart du temps des rôles de vilains. Son regard intense, son visage émacié se prétaient tout à fait à ce type de personnages. Pas étonnant de le retrouver dans la peau du pirate Forbes dans Deux ans de vacances. Parallèlement à sa carrière cinématographique Werner Pochath apparut dans de nombreux shows télévisés tant en Allemagne qu'en Autriche, et de
feuilletons tout en continuant à monter sur les planches. Werner cacha très longtemps son homosexualité par peur de briser sa carrière. Il fut le compagnon durant de longues années du danseur John Neumeier. Werner est mort en Bavière du sida le 18 avril 1993. Il avait 53 ans. Malgré la maladie ce passionné continua à tourner et monter sur les planches jusqu'à ses derniers jours.
La biographie intégrale de Werner est disponible ICI.
RAINER BASEDOW (Pike):
Né en 1938 à Mulhausen/Thuringen en Allemagne Rainer Basedow débute sa carrière d'acteur à la télévision en 1963. C'est le début pour ce solide amateur de plongée d'une très longue série de feuilletons et téléfilms la plupart tournée pour la télévision allemande. Rainer est en effet un des acteurs les plus populaires du petit écran dans son pays natal. Chez nous
en France hormis Deux ans de vacances dans lequel il incarne le pirate Pike on a pu le voir dans les incontournables classiques Derrick et Tatort. Parmi les quelques films qu'il tourna pour le cinéma un seul est tardivement sorti chez nous en salles Lina Braake / Lina Braake fait sauter la banque en 1979. Rainer fuit également actif dans le domaine du doublage. Il fut notamment la voix allemande du Roi lion. Après 50 ans de bons et loyaux service Rainer s'est retiré du monde du spectacle en 2014.
3/ Les personnages secondaires:
AUREL GIURUMIA (Mr Winterspoon):
Né en 1931 à Bucarest Aurel débuta sa carrière au cinéma en 1958. Très actif au grand écran avec plus de trente films à son actif Aurel fut également un comédien de théâtre réputé
en Roumanie. Il mit un terme à sa longue carrière en 1990. Il décède en 2004 des suites d'une insuffisance respiratoire. A la télévision hormis Deux ans de vacances dans lequel il interprète le très sympathique cuistot à la pipe du Sloughi on put voir Aurel Giurumia dans une autre série roumaine à succès Toate pinzele sus dans lequel jouait également Cristian Sofron.
Doublé par Francis Lax dans la version française la voix du célèbre comédien apporte une touche de sympathie en plus au truculent cuistot jamais en mal d'un jeu de mot savoureux ou d'une réflexion philosophique.
CONSTANTIN BALTERATU (O'Brian):
Né le 16 avril 1938 à Bucarest Constantin s'est très jeune tourné vers le théâtre, sa grande passion. Une fois ses études d'arts dramatiques terminées dans une des plus prestigieuse école de Bucarest Constantin fonde à tout juste 20 ans sa propre petite compagnie de théâtre. Jusqu'à sa mort prématurée il ne cessera de monter sur les planches. Peu actif au
cinéma (une petite dizaine de films en Roumanie) on le retrouve par contre au générique de quelques séries télévisées. Hormis Deux ans de vacances dans lequel il joue le valeureux O'Brian qui au péril de sa vie sauvera les adolescents des porates on put le voir dans quelques coproductions d'alors dont Burning daylight. Hormis ses activités artistiques Constantin était également connu en Roumanie pour régulièrement écrire dans divers journaux et avoir fait de la radio. Constantin est mort le 9 mars 1985 à tout juste 47 ans.
CONSTANTIN DIPLAN: (Tom):
Né le 10 mai 1937 lui aussi à Bucarest Constantin Diplan débute sa carrière d'acteur en 1973. Il apparaitra au générique d'une quarantaine de films roumains entre 1973 et 1991.
Outre Deux ans de vacances où il interprète Tom, le marin poignardé par Forbes, Constantin fut également à l'affiche en 1994 d'une autre série télévisée roumaine intitulée Calatorie de neuitat. Il mettra par la suite un terme à sa carrière d'acteur après quelques vingt ans passées devant la caméra.
MIHAI BERECHET (Capitaine Hull):
Mihai Berechet de son vrai nom Mihai Ionescu est né le 7 novembre 1927 à Braila en Roumanie. Il fait ses débuts au cinéma en 1957 et apparaitra dans une dizaine de films
roumains entre 1957 et 1983, année où il disparaitra des écrans. Dans Deux ans de vacances, sa seule apparition au petit écran, Mihai Berechet parfois crédité sous le nom Michael Berechet incarnait le sympathique capitaine Hull. Mihai est décédé en France où il s'était retiré à 64 ans le 16 décembre 1991.
CONSTANTIN BARBULESCU (L'oncle de Doniphan):
Né le 17 avril 1917 à Bucarest Constantin Barbulescu souvent crédité sous le nom de Costica Barbulescu est trop souvent confondu avec d'autres comédiens roumains homonymes dont on attribue la filmographie à notre Constantin, celui de Deux ans de vacances. Il ne faut donc pas se fier à l'Imdb et à d'autres sources wiki qui le font encore activement travailler tant au cinéma que dans des productions vidéo à l'âge canonique de 103 ans! Soyons un brin lucide. Rétablissons donc la vérité et rendons à César ce qui est à César. Constantin Barbulescu qui interprétait Lord Buchanan, l'oncle de Doniphan dans la série, est avant tout un comédien de théâtre au physique de crooner qui en Roumanie eut son heure de gloire dans les années 50 et 60. Constantin fut aussi en ces années là un homme de radio dont la voix charmait les auditeurs. Egalement chansonnier il mit ses
talents de comédien en jouant des pièces de théâtre à la radio notamment Don Juan. Il sortit quelques disques de récitation, de contes mais aussi de chansons jusqu'au milieu des années 80, époque où on perd trace de Constantin, notre Constantin, qui fit également quelques apparitions au cinéma dans les années 60.
ANGELA CHIUARU (La mère de Doniphan):
Née le 6 juillet 1928 à Bucarest Angela Chiuaru s'est essentiellement produite au théâtre. Sa carrière au grand écran fut quant à elle plutôt brève. Elle fut à l'affiche d'une poignée de films
roumains dans les années 50 et 60, tous inédits en France. Deux ans de vacances dans lequel elle jouait la mère de Doniphan signa son retour devant la caméra. Elle tourna par la suite un autre film en Roumanie puis s'en retourna au théâtre. Son ultime prestation date de 1980. Angela est décédée le 5 mars 2012 à Bucarest à l'âge de 83 ans.
DAN NASTA: Le naufragé:
Né le 6 janvier 1919 à Bucarest Dan Nasta de son véritable nom Dan Constantin Ioan Popescu-Nasta est issu d'une famille ennoblie par l'empereur de Halsbourg. Dés l'adolescence Dan s'intéresse aux arts et se passionne pour les collections notamment de livres, de timbres et d'oeuvres d'art. Après des études de lettres et de philosophie il entre au conservatoire d'arts dramatiques. Il débute sa carrière d'acteur durant la seconde guerre mondiale puis en 1947 il fait ses premiers pas sur les planches. Dan côtoie les grands
noms de la noblesse roumaine tant politique que sociale, très connu pour son amour de l'art. Dés lors le succès de Dan ne va cesser de croitre en Roumanie dont il est encore aujourd'hui une incontournable figure. Sa notoriété sera tout aussi grande au théâtre où il interprète les plus grands classiques qu'au cinéma. Deux ans de vacances fut sa première apparition à l'écran. En France on a pu le voir en 1980 dans La vraie vie de Dracula / Vlad Tepes. Il sera également reconnu dans l'univers musical. Il recevra de nombreux prix et récompenses tout au long de sa vie notamment pour avoir promu la culture artistique à travers son pays mais également à l'étranger. Dan décède à Bucarest le 15 septembre 2015 à l'âge canonique de 96 ans.
NUCU PAUNESCU: (Walston):
Né à Bucarest le 14 octobre 1912 Nucu est issu d'une famille d'artistes. Son père Gheorge et sa mère Eliza furent dans leur pays de fameux comédiens dans les années 30 notamment au théâtre. Nucu tout comme ses frères et soeurs suivra tout naturellement les traces de ses
parents. Après avoir été diplomé au conservatoire d'arts dramatiques de Bucarest en 1930 il fait ses premiers pas de comédien au théâtre dont il devient une valeur sûre. Il débute au cinéma en 1951 et tournera jusqu'en 1980 une petite trentaine de films et séries télévisées tous inédits chez nous (hormis Deux ans de vacances dans lequel il interprète le capitaine Walston, l'acolyte des deux pirates. Il meurt à Bucarest à 68 ans le 2 octobre 1980.
Egalement présents dans la série une pléthore d'acteurs roumains et allemands non crédités au générique dont voici une liste non exhaustive: Marius Pepino (Foster), Jan Lorin (Père de Baxter), Nicolae Radulescu (père de Garnett), Ion Manolescu (père d'Iverson), Hans Kraus (Capitaine Ackerby), Ion Pascu, Ion Polizache, Corneliu Girbea, Alexandru Manea, Liviu Craciun, Alexandru Matei, Iulian Necsulescu, Pierre Gherase, Dumitru Ghiuselea, Nicolae Curta, Petrut Caian, Oca Popescu, Jana Gorea...
Les réalisateurs:
GILLES GRANGIER:
Bien connu des cinéphiles Gilles Grangier fait partie du patrimoine cinématographique français. Né à Paris le 5 mai 1911 il débute sa carrière en 1943. Il tourna régulièrement avec Jean Gabin (Le gentleman d'Epsom, Le cave se rebiffe, Les vieux de la vieille) mais aussi Fernandel et Bourvil (La cuisine au beurre). C'est au début des années 70 qu'il délaisse le grand écran et fait ses premiers pas à la télévision. On doit à Gilles plusieurs feuilletons à succès. Hormis Deux ans de vacances, un projet auquel il ne croyait pas beaucoup au départ, et ses collaborations avec Sergiu Nicolaescu (Guillaume le conquérant en 1981) il réalisa Les mohicans de Paris, L'aéropostale et Quentin Durward. Il met également en scène quelques télèfilms qui firent les beaux jours du petit écran dont Banlieue sud-est et Jean sans terre. Gilles Grangier met un terme à sa longue carrière en 1985. Il décède le 27 avril 1996.
SERGIU NICOLAESCU:
Né le 13 avril 1930 à Targu Jiu en Roumanie Sergiu Nicolaescu sort diplômé de l'université Politehnica avec un diplôme d'ingénieur. Il débute comme cadreur et fait ses premiers de metteur en scène dans le domaine du documentaire. C'est à la télévision qu'il se fait réellement connaitre dés le milieu des années 60 en réalisant quelques téléfilms et sa première série en 1971 Le loup des mers. Après un coup d'essai triomphal au cinéma en 1966 (Dacii) il signe son second film en 1970, Mihai Viteazul (Michel le Brave), un énorme succès devenu depuis un incontournable du cinéma roumain maintes fois récompensé. Dés lors Nicolaescu fait avec succès des films artistiques, des films d'aventure, des épopées historiques à dimensions épiques, des films de guerre (le poignant Atunci i-am condamnat pe toti la moarte / Ils m'ont tous condamné à mort) et des films policiers. Il est proposé trois
fois au Festival international du film de Moscou pour le Gold Award, en 1970 pour Mihai Viteazul, en 1976 pour Osânda et en 1985 pour Ringul. Parallèlement à sa carrière cinématographique il continue d'enchanter le petit écran avec outre Deux ans de vacances, La légende de Bas de cuir et Der lockruf des golde / L'appel de l'or. Egalement acteur Sergiu fut au générique d'une trentaine de films.
Après la révolution de 1989 à laquelle il participe, Nicolaescu très engagé politiquement, communiste convaincu, appuie le parti du Front de salut national dont il est son représentant au sein de divers comités. Il rejoindra aussi le Parti social-démocrate quelques temps plus tard dont il démissionnera en 2011. Sur son initiative une commission d'enquête sur les événements de décembre 1989 a été créée. En 2004 Nicolaescu a été nommé par Ion Iliescu au Conseil national de l'Institut de la révolution roumaine.
Jusqu'à sa mort survenue le 3 janvier 2013 Sergiu n'a jamais cessé de tourner. Il est un des plus célèbre réalisateurs roumains à ce jour, un des plus réputés, une figure incontournable du 7ème art dans son pays que du monde politique connu pour ses fervents engagements.