Jane mi pequena salvaje
Autres titres:
Real: Eligio Herrero
Année: 1982
Origine: Espagne
Genre: Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Juan Carlos Naya, Alvaro de Luna, Fabian Condé, Luis Varela, Monserrat Merino, Marta Valverde, Carole Kirkham, Geir Indvard, Gustavo Munoz, Dyrma Delgado...
Résumé: Un couple et le pilote alcoolique de leur petit avion s'écrasent sur une ile déserte quelque part au beau milieu de l'océan. Ils organisent doucement leur nouvelle vie parfois chamboulée quelques indiens belliqueux mais idiots. Ils ignorent que sur l'ile vivent deux adolescents, un frère une soeur prénommés Bob et Jane. Enfants leur avion s'est lui aussi écrasé. Ils ont grandi seuls en ces lieux en compagnie d'un chimpanzé. L'arrivée des trois naufragés va bouleverser leur quotidien et stimuler les hormones de Jane qui découvre sa féminité...
Scénariste de Une ingénue libertine et Bacanal en directo deux des plus fameux classificada S, une catégorie de films érotiques particulièrement osé qui déferla sur l'Espagne à la fin du régime franquiste alors que la pornographie est toujours interdite, Eligio Herrero fit un très bref passage derrière la caméra en réalisant un incroyable post nuke biblique zoophile, Animales racionales, et cette bêtifiante petite parodie de films d'aventures Jane mi pequena salvaje.
Jane et son frère Bob ont été enlevés alors qu'ils n'étaient que des enfants. L'avion des
ravisseurs s'est écrasé sur une île déserte paradisiaque quelque part au milieu de l'océan. Seuls, ils ont grandi en compagnie d'un chimpanzé nommé Coco, entourés d'animaux. Ils sont aujourd'hui des adolescents. Un jour un petit avion de tourisme s'écrase sur l'île avec son bord un couple, Carl et Elsa et le pilote Tom. Carl est d'abord fait prisonnier par une tribu d'indiens cannibales tireurs de langue avant de retrouver Elsa et Tom qui entre temps se sont sexuellement rapprochés. Ils organisent tranquillement leur nouvelle vie sur l'ile. Jane et Bob découvrent leur présence. Jane, troublée par la féminité d'Elsa, intriguée par la virilité des deux hommes notamment quand ils urinent, tente de savoir qui ils sont à la grande
colère de son frère, jaloux, protecteur mais surtout secrètement attiré par sa soeur. Ils finiront par faire l'amour. Les trois Robinson vont surprendre Jane puis la capturer pour en prendre soin et l'habituer à la civilisation. Bob essaie de la délivrer mais sa tentative échoue. Hostile dans un premier temps l'adolescent va finalement devenir ami avec les naufragés et partager leur vie avec sa soeur jusqu'au jour où les indiens les attaquent. Ils parviennent à leur échapper. Un avion apparait dans le ciel. Ils sont sauvés. Tous vont devoir prendre une décision. Jane et Bob sont ils prêt à affronter la civilisation ou préféreront ils rester sur l'ile? Elsa et Carl vont ils abandonner le confort moderne et refuser de rentrer chez eux? Que
choisira Tom entre ses bouteilles de whisky qui l'attendent et les joies d'une vie sauvage?
Le succès du Lagon bleu allait bien entendu engendrer en Italie quelques remakes souvent assez fades mais joliment érotiques qui possédaient cet irrésistible charme océan. On pourrait citer entre autre Due gocce d'acqua salata avec la blonde Sabrina Siani et l'angélique Fabio Meyer. Que dire de cette version ibérique du film de Randall Kleiser? Nous voilà face à une sorte d'OVNI, une farce de potache inénarrable aux dialogues incroyablement idiots qu'il est difficile de raconter tant ce film est d'une incommensurable bêtise. L'ouverture donne le ton. Un couple d'opérette prend son pied en plain vol dans un minuscule avion
biplace tandis que le pilote ivre cuve son whisky. L'appareil s'écrase, la femme perd sa perruque, l'amant se fait capturer par quatre indiens cannibales qui lui tirent la langue, lui font des grimaces et des chatouilles tout en essayant vainement d'allumer un feu de brindilles pour le rôtir. Le reste du métrage est à l'avenant, un festival de n'importe quoi qui semble parfois improvisé, un enchainement de gags d'une lénifiante puérilité qui tourne autour d'un scénario totalement inexistant et parfaitement débile. A croire qu'il fut écrit par une bande de gamins en bas âge pour leurs petits camarades. Difficile de rire donc si on a plus de 10 ans. Inutile de réfléchir ou de se poser des questions, rien n'est ici logique ou cohérent et rien
n'est de toutes façon expliqué. Quant à la mise en scène elle est tout aussi inexistante contrairement aux faux raccords et erreurs de montage dont une des plus drôles est sans nulle doute celle où les indiens s'emparent de Carl et s'enfuient dans la prairie en courant. Arrivés à la ligne où le réalisateur leur avait très surement dit de s'arrêter, ils stoppent net, la scène est finie mais la caméra a continué de tourner quelques secondes!
En fait hormis cette succession de gags foireux enfantins il ne se passe strictement rien durant quasiment 80 minutes. Voilà qui aggrave encore plus le sentiment d'assister à une cour de récréation qu'à un vrai film. Et ce n'est certainement pas sur l'érotisme sur lequel on
aurait pu compter pour pimenter l'ensemble et lui donner un semblant d'intérêt puisqu'il en est dépourvu. Pas l'ombre d'un derrière ni même d'un sein si ce n'est lors de quelques plans trop furtifs. Le film est d'une pudeur inattendue, un comble pour ce type de pellicule maritime propice à quelques coquineries salées. La salacité en fait se trouve bizarrement ailleurs puisqu'elle est ici animale. Herrero nous avait offert quelques années auparavant avec Animales racionales une vision zoophile d'Adam et Eve où une jeune femme nouait une relation amoureuse quasi obsessionnelle avec un chien. C'est cette fois le chimpanzé qui parait souffrir de déviance sexuelle puisque le singe est visiblement attiré par les culs
notamment celui de Tina la chèvre qu'il sodomisera derrière un cactus raquette, de manière suggérée malheureusement. Herrero, fasciné par l'arrière-train du primate, nous offre également le plus beau gros plan du derrière d'un singe jamais filmé depuis la naissance du cinéma, un plan quasi anatomique éblouissant de cette partie très intime de l'animal que l'âne aura lui aussi remarqué, une séquence inoubliable qui s'avère être la plus réussie mais surtout la plus drôle du film. Dans le style calins animaliers on mentionnera aussi ce fougueux baiser donnée avec la langue entre notre jeune Tarzan et le chimpanzé.
Hormis ses tendances sodomites le chimpanzé a également le sens du travestissement,
tout excité et très fier de porter un soutien-gorge et une perruque volés à la naufragée. On aurait apprécié retrouver ce sens de l'osé, de l'audace, de la gentille déviance tout au long du métrage ce n'est malheureusement pas le cas. Tout juste aura t-on un petit inceste qu'on devine assez vite puisqu'il est clair que l'adolescent est amoureux de sa soeur et souhaite découvrir les joies du sexe avec elle, une certitude dont on aura confirmation lorsque sur le radeau Jane dont les hormones commencent à travailler succombera au charme de son frère et le laissera lui voler sa virginité au clair de lune.
Entre Tarzan et Le lagon bleu cette potacherie exotique tournée aux iles Canaries, rythmée
par une bande originale très télé novelas, tente vainement de délivrer le sempiternel message propre à ces films. De la vie sauvage ou de la civilisation où se trouvent les vraies valeurs de la vie? On l'entrevoit bien sûr au fil du métrage, fantomatique, jamais réellement développé. En ce sens le final soit les deux dernières minutes est la partie la plus intéressante. C'est bien évidemment la vie sauvage que choisiront le couple et les deux adolescents, heureux entourés d'animaux, libérés des carcans de notre société.
Si on ne souviendra guère de la prestation du grassouillet Luis Verela, de la pataude Marta Valverde et du vétéran Alvaro de Luna il n'en a va pas de même pour ses deux jeunes
interprètes qui donnent au film tout son intérêt. Sûrement choisi pour sa ressemblance avec Christopher Atkins, Juan Carlos Naya était loin d'être un inconnu. Lancé à tout juste 18 ans par la série télévisée La baracca il fut par la suite à l'affiche de ces quelques sulfureuses pellicules ibériques aujourd'hui cultes pour les amoureux de nu adolescent que sont Los claros motivos del deseo, Adios querida mama et surtout l'incandescente ode au naturisme de Marcello Aliprandi Senza Buccia où Juan jouait dans le plus simple appareil nous offrant d'étourdissantes visions de la plus intime partie de son corps. En jeune Tarzan Juan sublime cette bande d'aventures tropicales illuminant l'écran de son insolente beauté même si cette
fois il ne quitte jamais son petit slip en peau joliment garni. Quant à Jane c'est la ravissante Montserrat Merino qui pour sa première apparition au cinéma endosse le rôle du personnage. Devenue à l'instar de Juan une des plus grandes comédiennes de théâtre espagnole, également danseuse et professeur, il serait intéressant de savoir quelle vision garde Montserrat de ses débuts à l'écran.
Curiosité d'une imparable idiotie Jane mi pequena salvaje est sans nul doute un des rip-off du Lagon bleu les plus faibles. Néanmois le film se laisse sagement visionner non pas pour sa succession de gags ridicules et son humour ras les pâquerettes mais pour les décors enchanteurs des Canaries, ses quelques séquences d'audace, Coco le chimpanzé très bon acteur et la beauté de son couple vedette, Juan en tête. De quoi faire oublier la vacuité de cet OVNI exotique et passer un moment de détente dans l'univers du Z ibérique.