Electric shades of grey
Autres titres: The electric priest / The psychedelic priest
Real: Terry Merrill / William Greffe
Année: 1971
Origine: USA
Genre: Drame / Psychédélique
Durée: 80mn
Acteurs: John Darrell, James Coleman, Susan Hayes, Joe Crane, Carolyn Hall, Chubby Jackson, Ken Keckler, Abe Newman, Larry Wright, Lowell Merrill...
Résumé: Un groupe de hippies offre au jeune père John un coca dans elquel ils ont mis du LSD. L'ecclésiastique commence à délirer et parle à Dieu, lui confessant qu'il a perdu la foi. Il quitte sa soutane, devient hippie et commence un voyage en voiture. Il prend à son bord une autostoppeuse désespérée avec laquelle il va vivre toute une série d'aventures dramatiques qui vont lui faire toucher le fond...
Dieu seul sait si la production de films psychédéliques fut importante entre la fin des années 60 et le début des années 70. Un nombre incalculable de petits films furent tournés, plus anodins les uns que les autres, certains plus énigmatiques que d'autres également, des bandes parfois sorties de nulle part qui un jour ressurgissent des abimes dans lesquelles elles étaient tombées. C'est le cas de Electric shades of grey connu aussi sous les titres The electric priest et The psychedelic priest. Réalisé par un mystérieux Terry Merril sous le pseudonyme Stuart Merrill, obscur metteur en scène dont ce fut l'unique pellicule si on
excepte un tout aussi obscur Beach boys rebels, Electric shades of grey est une sorte d'incroyable road movie, le voyage initiatique d'un jeune prêtre qui a perdu la foi après avoir absorbé bien malgré lui du LSD., une histoire sans queue ni tête mais remplie de cheveux longs comme le prouve ce résumé sommaire.
Le père John, un jeune ecclésiastique, discute avec un groupe de hippies qui lui offre un coca. Ignorant qu'il contient du LSD il le boit. La tête commence à lui tourner, il se rend à l'église et entame un long délire dans lequel il parle avec Dieu. Le prêtre remet sa foi en question. Ellipse. On retrouve le Père John les cheveux un peu plus longs, il a troqué la
soutane contre un jean bien plus confortable. Il est devenu hippie. Au volant de sa voiture il entame un voyage pour Los Angeles le long des routes ensoleillées . Il prend à son bord Sally, une jeune autostoppeuse désespérée accessoirement junkie qui se rend aussi à Los Angeles. Ils ne se quitteront plus. Ils fument de la marijuana avec des hippies puis ils trouvent une femme entrain d'accoucher au bord d'une route. Ils l'emmènent avec eux, demandent de l'aide à trois nouveaux hippies qui habitent un camionnette. L'un d'entre eux, un noir, a des connaissance en médecine. Il met au monde l'enfant. John et sa compagne d'infortune reprennent leur trip désormais accompagné du jeune homme de couleur. Lors
d'une escale ce dernier est malmené par deux policiers racistes qui l'embarquent. John et la jeune fille le retrouvent mort abattu par les deux flics qui ricanent. L'ex-prêtre et Sally reprennent leur chemin. Ils dorment près d'une rivière. Sally veut l'embrasser mais il la repousse encore incertain sur les choix qu'il doit faire. Au petit matin elle a disparu. Désespéré John se met à sa recherche. Il paie même un détective qui l'escroque. John erre dans un parc où joue un groupe de rock devant un parterre de hippies qui s'aiment, s'embrassent tout en fumant des joints. Lui est seul. C'est alors qu'il apprend de la bouche d'un beatnick que Sally est morte dans un accident de voiture, un drame que lui confirme une
infirmière obèse à l'hôpital où elle est décédée. Effondré John devient alcoolique, se bat dans un bar contre un vieil autochtone qui profère des insultes envers la jeunesse chevelue puis se fait voler sa voiture. Hagard il erre dans la nature, accepte des acides que lui offrent trois hippies rencontrés dans une prairie. Dans une décharge il se fait son premier shoot, revoit sa vie avant de s'écrouler. Il entre dans une église où on chante à la gloire de Jésus. N'ayant apparemment pas trouvé ce qu'il cherchait il décide de redevenir prêtre pour apporter la bonne parole aux jeunes. Ellipse. John, la coupe soignée, vêtu d'une splendide soutane neuve, s'approche d'une bande de jeunes bikers, une bible en main. Fin!
Fou. Insensé. Voilà quelques adjectifs qui peuvent parfaitement qualifier ce film qui brille par l'absence de véritable scénario et le ridicule de son point de départ, un coca contenant de l'acide gentiment offert par de jeunes chevelus assis dans l'herbe qui va remettre en question la foi d'un prêtre. Difficile de croire à cette base farfelue encore plus aux aventures que va vivre l'ex-prêtre qui n'ont aucun lien entre elles. Ce pourraient être des vignettes mais ces aventures sont si peu crédibles qu'elles n'ont aucun impact. Une femme qui accouche au milieu de nulle part, des personnages surgis du néant qui disparaissent presque aussitôt, un noir tué par deux flics gironds racistes sans aucune raison, un meurtre que
l'histoire ne justifie en rien et qui n'a aucune utilité, des ellipses bien drôles qui montrent l'absence de tout budget, une spirale infernale digne d'un soap opera qui aboutit à la déchéance du prêtre devenu alcoolique par dépit jusqu'à sa résurrection très rigolote. Rien ne se tient dans cet acid trip qui tient presque du film amateur. On entrevoit ça et là quelques éléments de réflexion (la naissance, la vie, la mort, trois étapes d'une vie que va rencontrer le prêtre lors de son voyage) mais si mal utilisés, restés tellement à l'état embryonnaire qu'ils s'effondrent immédiatement et disparaissent dans une intrigue déjà bien inexistante. Incapable de créer une quelconque atmosphère encore moins d'interpeller son spectateur
totalement passif Merrill signe un film creux où il est impossible de s'attacher aux personnages, à leurs malheurs, leurs interrogations., leur destinée. Ils suscitent surtout et avant tout le rire. L'interprétation anodine ne fait qu'aggraver ce sentiment d'absolue passivité. Le rôle du prêtre est tenu par le poupon mais ingrat John Darell, revu ça et là par la suite dans quelques séries télévisées, entouré d'une poignée d'acteurs anonymes.
Malgré ça Electric shades of grey (titre qui tire son origine d'une des chansons de Stone fence, le groupe rock qui joue dans le parc) se laisse voir sans réel déplaisir si toutefois on est un tant soit peu passionné par cette période multicolore senteur patchouli. Le film réserve
quelques scènes pleines de charme, celui typique de ces merveilleuses années flower power, comme le concert en plein air des Stone fence et leurs mélodies rock psyché, la vision toujours aussi fascinante de ces fabuleux rassemblements hippies dans les parcs et lieux de plein air, cette ambiance peace and love noyée dans des nuages de fumée dans lesquels tournent joints et calumets, cette mer de splendides cheveux longs tombant en saccade sur des chemises à fleurs ouvertes sur de gros médaillons hindous, une magie à jamais révolue qui jusqu'à la fin des temps exercera un charme imparable sur tous les amoureux de la plus belle ère qu'ait connu notre planète. C'est bel et bien la seule véritable
raison de visionner le film de Merrill qui visuellement satisfera pleinement ces amoureux.
S'il fut réalisé en 1971 le film ne fut cependant jamais distribué en salles, ne connut aucune édition vidéo et il tomba très vite aux oubliettes. On en perdit toute trace jusqu'à sa réapparition inespérée quarante ans plus tard, en 2002, année où il parut en DVD en double programme avec une autre curiosité du film psychédélique mise en scène par William Greffe The hooked generation. C'est à ce jour l'unique copie qui existe de ce Prêtre électrique, c'est pour dire comme cette édition peut être précieuse. Si on pouvait espérer quelques détails et informations sur le film lors du commentaire audio de William Greffe qui seconda Terry Merrill sur le tournage il n'en est malheureusement rien, Greffe n'en ayant strictement aucun souvenir.