La furia del hombre lobo
Autres titres: La fureur du loup garou / Wolfman never sleeps
Real: José Maria Zabalda
Année: 1972
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 84mn
Acteurs: Paul Naschy, Perla Cristal, Veronika Lujan, Michael Rivers, Mark Stevens, Francisco Amoros, Diana Montes, Jose Marco, Miguel De La Riva, Fabian Conde, Pilar Zorrilla, Ramon Lillo, Victoria Hernandes...
Résumé: Après avoir été attaqué par le Yéti lors d'une expédition au Tibet le professeur Waldemar Daninsky est atteint d'une étrange malédiction. Les nuits de pleine lune il se transforme en loup garou sadique et cruel. Electrocuté par la chute d'un pylône Waldemar est ramené à la vie par son assistante qui a bien l'intention de contrôler son esprit et se servir de lui comme cobaye pour ses expériences sur le cerveau...
Cinquième film de la série des films mettant en scène le personnage de Waldemar Daninsky joué par Jacinto Molina alias Paul Naschy La furia del hombre lobo est longtemps resté une énigme aux yeux de l'amateur non seulement pour sa quasi invisibilité mais également pour la difficulté à comprendre les différents montages et versions qui en existent. Avant de tenter de démêler l'écheveau un petit résumé de cette histoire abracadabrante est nécessaire.
Spécialiste des influx nerveux, le professeur Waldemar Daninsky est le seul rescapé d'une expédition dans l'Himalaya décimée par ce qui semblerait être le Yéti. Désormais frappé par une étrange malédiction qui le fait se transformer en loup garou les nuits de pleine lune, Waldemar s'est vu remettre des mains du moine tibétain qui l'a soigné une boite amulette à n'ouvrir qu'en cas d'extrême nécessité. De retour en Allemagne il découvre que sa femme lui est infidèle. Celle ci déçue qu'il ne soit pas mort sur l'Himalaya prépare avec son amant son assassinat. Elle sabote les freins de sa voiture afin qu'il se tue dans un accident. Le plan échoue. Après s'être muté en lycanthrope Waldemar les massacre mais il est électrocuté par
la chute d'un pylône alors qu'il s'enfuit sous la pluie. Ilona, son assistante spécialisée dans les expérimentations sur le contrôle du cerveau, le ramène à la vie et l'emmène dans un château où elle le retient prisonnier avec d'énigmatiques créatures qui seraient le fruit de ses expériences interdites. Elle pense ainsi pouvoir le contrôler et, amoureuse de lui depuis longtemps, l'avoir à elle pour toujours, une idée qui n'est pas réellement du gout de Karen sa jeune assistante qui éprouve pour elle des sentiments bien plus qu'amicaux. En constatant l'horreur des expérimentations de son amoureuse Karen va tenter de faire s'évader Waldemar.
Ce petit synopsis pourrait faire croire que La furia del hombre lobo est assez simple à suivre. Que nenni! Le scénario en fait est un véritable chantier d'où fusent des tas de thèmes, d'idées, une suite de séquences qui parfois n'ont aucun lien véritable. Difficile donc de comprendre cette histoire qui part tout azimut qui accumule invraisemblances et incohérences avec une aisance fabuleuse. Certaines scènes semblent avoir été incrustées, d'autres paraissent provenir d'autres films de Naschy notamment La marca del hombre lobo / Les vampires du Dr Dracula et Dans les griffes du loup garou. Pour éclaircir l'esprit du spectateur qui sera encore plus égaré face aux diverses versions qu'il pourra visionner, aucune n'étant réellement identiques, il faut revenir sur la genèse du film lui même.
Ecrit par Naschy lui même, un scénario dont au départ il était fier, le film souffrit particulièrement de la constante ébriété du réalisateur José Maria Zabalza qui se permit même de réécrire certains points du script original tant et si bien que le film fut massacré au grand dam de Naschy qui avoua avoir pour la première fois pleuré en voyant non seulement le résultat mais en constatant également que Zabalda avait utilisé en grand secret une doublure pour intégrer de nouvelles scènes avec le lycanthrope. Le film n'étant pas assez long le piètre metteur en scène y inséra alors des séquences provenant de La marca del hombre lobo bien reconnaissables aux yeux de l'inconditionnel. Ceci explique le fouillis, le
brouillon qu'est à l'écran cette bande qui de surcroit fut distribuée sous quatre principales versions, un élément qui rend quasi impossible le fait de savoir quelle est la plus complète mais surtout la plus proche du script de départ.
Il y a tout d'abord la version espagnole censurée sortie jadis en vidéo qui accentue par contre le coté saphique entre Ilona et Karen par le biais de dialogues tout à fait explicites. Les dialogues de manière générale sont bien plus clairs que dans les versions anglaises qui les ont édulcoré, transformé ou qui en ont tout bonnement supprimé une partie.
Il existe ensuite une version télévisée dite soft puisque exempte de toute scène de nu mais similaire à la version anglaise mentionnée ci dessus.
On trouve ensuite la version souvent dite uncut autrefois sortie aux Etats-Unis intitulée The wolfman never sleeps puisqu'elle présente quelques plans de nu cette fois.
Enfin la plus complète à ce jour semble être la copie en langue anglaise de l'édition suédoise du film qui contient encore plus de scènes de nu mais cependant une minute plus courte que l'édition américaine. Le métrage le plus long connu à ce jour est de 84 minutes.
Toutes ces versions présentent des montages différents. Cela va à des plans de décor qui disparaissent aux scènes d'ouverture qui changent en passant par l'absence de transition entre certaines scènes.
Un seul point relie cependant toutes ces éditions, l'ennui. Difficile en effet de ne pas être tenté de regarder sa montre tant le film de Zabalza que Naschy qualifia de "Ed Wood" manque d'énergie. La mise en scène pataude, mollassonne, donne la fâcheuse impression que le film tourne au ralenti tandis que le grotesque prend rapidement le dessus sur l'histoire elle même, peu aidé par le jeu de Naschy qui malgré quelques efforts ne parvient pas à sauver l'ensemble du désastre. Il erre à travers cet océan de confusion comme une âme en peine jouant sans conviction et de manière cette fois bien ridicule son rôle habituel de lycanthrope. L'absence d'érotisme malgré quelques plans de nu selon le montage choisi et surtout d'effets sanglants si ce n'est quelques rapides plans sanguinolents affadit encore
plus un film sans relief qui ne brille que pour son esthétisme et la beauté de ses décors mis en valeur par une photographie d'où prédominent les tons rouges et bleus. Mais le plus décevant est certainement l'incapacité du réalisateur à créer la moindre atmosphère, un comble pour un film d'horreur qui prend tout de même comme sujet principal la lycanthropie. Et ce ne sont pas les musiques souvent incongrues et franchement laides aux tonalités très jazzy qui changeront d'un iota cette triste constatation. Aux recyclages de certaines plages de La marca del hombre lobo s'ajoutent aussi des choix plutôt déplacés comme ce morceau de Bach qui accompagne l'accident de voiture de Waldemar!
L'interprétation est quelconque, ni bonne ni mauvaise, juste anodine. Chacun donne le
minimum syndical requis. On retiendra tout de même la prestation tout à fait acceptable de Perla Cristal, la méchante de service, dans le rôle de Ilona.
Malgré sa totale incohérence, son ridicule et l'ennui qu'il distille La furia del hombre lobo, sorte de comète dans la filmographie de Paul Naschy dont l'intrigue se situe ici en, Allemagne, mérite cependant l'attention des admirateurs de l'acteur espagnol ne serait ce que pour sa rareté, le film ayant longtemps été quasiment invisible. Cette rareté hasardeuse sans véritable queue encore moins de tête et le flou qui longtemps l'enveloppa suffiront pour leur donner une bonne raison de la regarder. Les autres préféreront se tourner vers d'autres pellicules lycanthropes de Naschy pour apprécier ou découvrir l'oeuvre de l'artiste disparu.