La pelle sotto gli artigli
Autres titres: The skin under the claws
Real: Alessandro Santini
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 83mn
Acteurs: Gordon Mitchell, Geneviève Audry, Tino Boriani, Ettore Ribotta, Renzo Borelli, Agostino De Simone, Mirella Rossi, Franco Rossi, Ada Pometti...
Résumé: Une série de meurtres intrigue la police. Les victimes, la plupart des prostituées, ont toutes sous les ongles et sur le corps des fragments de chair humaine putréfiée comme si leur attaquant était un zombi. Le Dr Dani et sa fiancée, le Dr Sivia Pieri, collaborent avec le commissaire Rinaldi chargé de l'enquête. Tout deux assistent le Professeur Helmut dont les recherches ont pour but de prolonger la vie mais surtout de la redonner aux morts. C'est alors que le corps d'Helmut est retrouvé sans vie. Silvia est kidnappée et se retrouve enchainée dans une lugubre salle d'expériences, l'antre du tueur où il garde ses victimes sur lesquelles il pratique d('horribles expériences...
Obscur réalisateur à qui on doit un amusant western, Au delà de haine, et quelques comédies érotiques oubliées, Alessandro Santini est à l'origine d'un inénarrable giallo malheureusement méconnu, un fleuron de l'absurde dont le ridicule atteint par moment des dimensions stratosphériques.
Un mystérieux assassin de tout noir vêtu, le visage recouvert d'un bas noir, tue des prostituées lorsqu'il ne déterre pas des cadavres dans les cimetières. Les victimes ont toutes une particularité. Elles ont sous les ongles et sur certaines parties de leur corps des morceaux de chair humaine putride comme si leur meurtrier était un zombi. Le commissaire Rinaldi mène l'enquête. Ses investigations le conduisent au docteur Dani, le fiancé de la jolie docteur Silvia Pieri. Tout deux travaillent sur les mystères de la vie et de la mort. Ils aimeraient en effet pouvoir redonner vie aux morts grâce à de nouvelles expérimentations sur lesquelles ils travaillent en collaboration avec l'étrange professeur Helmut. C'est alors que Silvia disparait, enlevée par l'énigmatique assassin. Elle découvre vite qu'il s'agit du professeur Helmut qui dans sa folie a décidé de prolonger la vie et de ressusciter les morts en pratiquant d'horribles expériences sur les victimes qu'ils enlèvent. Le Dr Dani et l'inspecteur n'ont que peu de temps pour retrouver Silvia.
La séquence d'ouverture était fort prometteuse. Une silhouette chapeautée toute de noir habillée, un bas sur le visage, glisse dans un cimetière à la tombée de la nuit en quête d'une tombe à profaner. Elle se met alors à déterrer un cadavre avant de s'enfuir avec le corps. De quoi rappeler au spectateur bon nombre de films d'épouvante de la grande époque et lui laisser espérer un thriller angoissant comme le laissait également supposer son titre. Le plaisir sera de courte durée puisque très vite le rire l'emporte sur la peur et les frissons. La pelle sotto gli artigli fait partie de ces films à la limite du pastiche dont on se demande s'il faut les prendre au sérieux ou en rire. Santini reprend les éléments des gialli à la Argento et Bava avec notamment le personnage du tueur sanguinaire vêtu de noir, implacable ombre qui tue à l'arme blanche généralement des femmes de petite vertu, et la traditionnelle enquête policière. Il y ajoute d'autres composantes à connotations plus fantastiques, celle du docteur fou à la recherche de l'éternité, un savant d'origine allemande qui jadis connut les expérimentations nazies et pratique aujourd'hui d'horribles expériences, dans une atmosphère décontractée et peu sérieuse très années 60 qui rappelle très souvent celle des fumetti arrosée d'une bonne dose d'érotisme voyeur purement gratuit. L'idée d"intégrer le thème du médecin fou à l'intérieur d'un giallo n'est pas nouvelle, on se souvient notamment de Klaus Kinski dans La mano che nutre la morte, elle peut même apporter un peu de sang neuf au thriller à l'italienne, mais elle est ici traitée de manière si stupide qu'elle en devient risible. De quoi rire à gorge déployée durant quasiment 90 minutes. Rien ne parvient vraiment à sauver le film de l'hilarité générale surtout pas des dialogues médico-scientifico-philosophiques souvent surréalistes qu'on peine à prendre au sérieux mais nous réservent quelques inoubliables perles de nacre dont voici quelques extraits: Je ne peux pas croire qu'on recherche un cadavre putréfié qui va aux putes pour les tuer. La vie est un miracle, la mort aussi. Fais moi voir la couleur de tes yeux je te ferais voir la couleur de ma culotte. Le montage approximatif et le ridicule (involontaire?) de certaines scènes n'arrangent guère les choses, l'apothéose, le bouquet final revenant à la scène où trois jeunes femmes jouent à cache-cache dans un terrain vague (!) comme de vraies petites filles lorsque le tueur apparait et attaque l'une d'entre elles. Son père, un paysan bourru surgi de nulle part, débarque, une faux à la main, et poursuit de façon pataude le meurtrier qui s'enfuit. On croit rêver, on se frotte les yeux mais la scène est bien réelle.
Ce qui sauve en fait La pelle sotto gli artigli c'est son érotisme osé, totalement gratuit, dont use et abuse Santini dés que la situation le permet. Il déshabille dés que possible ses actrices et détaille avec une précision presque anatomique à grands renforts de zooms déformants les corps nus de ses victimes, s'attardant plus spécialement sur leur intimité qui n'aura plus vraiment de secret pour le spectateur voyeur, transi de plaisir. Au crédit du film également l'antre du docteur fou, une sorte de crypte où sont enchainées ses victimes lorsqu'elles ne sont pas allongées sur une table d'opération, véritable antichambre de l'enfer, une salle de tortures digne d'un donjon pour plaisirs sadomasochistes.
L'attraction du film est bien entendu son principal interprète, l'ineffable Gordon Mitchell dans la peau du professeur Helmut. Si sérieux et crédibilité ne sont pas forcément des mots qui qualifient les oeuvres dans lesquelles l'acteur s'est commis. Aucun suspens autour de son personnage puisque le moins futé des spectateurs l'aura reconnu sous son bas noir sous lequel se dessine son visage. Il faut dire que le suspens n'est pas vraiment le terme qui définirait le mieux ce giallo puisqu'il en est quasiment dépourvu. Les cartes sont presque toutes jetées au bout d'une vingtaine de minutes. Autour de Gordon Mitchell dont on se souviendra du cri explosif au moment où il se démasque juste avant qu'il ne raconte à Silvia les expériences nazies auxquelles il participa on reconnaitra la polsinienne Mirella Rossi, Ada Pometti encadrées d'obscurs comédiens dont Renzo Borelli, Tino Boriani, l'ingrate Geneviève Audry et Agostino De Simone tout deux vus auparavant dans le Zenabel de Ruggero Deodato.
Giallo inconsistant de classe Z La pelle sotto gli artigli devrait plaire aux amateurs des films de Jess Franco (il en existe malheureusement) et de Renato polselli desquels il se rapproche de par sa stupidité d'une part, son amateurisme et son coté faussement psycho-philosophique d'autre part. Ceux qui ont une petite tendresse pour l'univers des sexy fumetti pourraient également apprécier cette pellicule d'un autre temps. Les autres n'y verront qu'un thriller miséreux, hasardeux, une médiocre mais hilarante petite production pour soirée entre amis ou pour collectionneurs férus de raretés simili-trash, le film de Santini ayant au fil du temps lentement disparu.
Visionner aujourd'hui La pelle sotto gli artigli dans de bonnes conditions n'est pas toujours chose simple. Ses quelques passages télévisés sur les chaines italiennes sont pour la plupart tous amputés des plans sanglants, des scènes érotiques et de nu. On trouvera également selon les versions des montages et des durées différentes. La version intégrale du film fait 83 petites minutes, une précision que l'intéressé devrait apprécier.