Non aprite quella porta 3
Autres titres: Night killer
Real: Claudio Fragasso
Année: 1990
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 88mn
Acteurs: Tara Buckman, Peter Hooten, Richard Foster, Mel Davis, Lee Lively, Tova Sardot, Gaby Ford...
Résumé: Un tueur dissimulé sous un horrible masque et portant un gant aux ongles acérés tue deux danseuses dans un théâtre avant de s'attaquer à Melanie Buckman, une jeune femme fragilisée par son divorce. Elle parvient à échapper au monstre après avoir vu son visage. Traumatisée, elle est hospitalisée mais a enfoui au plus profond d'elle même son agression et oublié le visage du l'assassin. A sa sortie, elle déclenche une forte tendance suicidaire. C'est alors qu'un maniaque la kidnappe et fait d'elle l'instrument de ses fantasmes sadomasochistes auxquels elle prend lentement gout. Pendant ce temps le tueur masqué continue son hécatombe en ville...
Après le catastrophique Troll 2 fait à partir de scènes repiquées au film déjà bien faible de Charles Band, Claudio Fragasso, l'insatiable comparse de Bruno Mattei s'attèle à la réalisation d'un nouveau film d'horreur intitulé Non aprite quella porta 3, un titre italien qui pour certains évoque peut être quelque chose. Non aprite quella porta est en effet le titre italien de Massacre à la tronçonneuse, le 3 indique ici que le film suit en fait le Massacre à la tronçonneuse 2 sorti en 1986. Fragasso aurait il donc eu envie de donner sa vision du Leatherface de Hooper? C'est bien entendu ce qu'on est en droit de penser et même
d'attendre. La déception est de mise puisque Non aprite quella porta 3 n'a strictement aucun rapport avec les célèbres films dont il reprend juste le titre à des fins publicitaires comme la série des Casa l'avait déjà fait pour Evil dead.
C'est plutôt du coté de Freddy Krueger qu'il faut ici aller chercher puisque le tueur dissimule son visage derrière un horrible masque à mi-chemin entre Freddy et un troll et porte un gant muni de puissantes griffes avec lequel il éventre ses victimes. Non aprite quella porta 3 est donc un banal slasher à l'américaine produit par Franco Gaudenzi tourné en Floride et sur Virginia beach. L'ouverture semblait prometteuse, calquée sur celle de Bloody bird de
Michele Soavi. Une troupe de danseurs répète une chorégraphie dans un théâtre lorsqu'une des danseuses arrivée en retard à la séance se fait massacrée par l'assassin dans sa loge. Puis c'est au tour de leur professeur d'être attaquée par le monstre griffu qui après l'avoir grièvement blessée à la gorge la poursuit dans le théâtre. Elle finira par tomber du balcon et s'écrasera sur la scène devant ses élèves. Si dans Bloody bird il s'agissait d'un film dans le film, c'est bel et bien la réalité cette fois. Joliment mis en scène, ce prologue donne le ton, le film s'annonce plutôt intéressant. Malheureusement les choses vont vite se gâter lorsqu'on fait connaissance dés le générique avec la principale protagoniste, Melanie Beck, une
femme apparemment déjà névrosée au départ pour quelques mystérieuses raisons qui va se faire agresser chez elle par notre Freddy italien. Fragasso accumule les invraisemblances et les ellipses. Mélanie parvient à éviter la mort et se retrouve à l'hôpital après avoir réussi à retirer le masque du tueur et voir son visage, un fait qu'elle a vite oublié et enfoui au plus profond de son subconscient. A partir de ce moment le film part tout azimut et devient même par instant risible. Melanie souffre désormais de graves tendances suicidaires. A sa sortie de l'hôpital, elle s'enfuit de chez elle et croise la route d'Axel, un violeur psychopathe adepte des plaisirs sadomasochistes. Il la séquestre, en fait le jouet de ses fantasmes pervers
auxquels Melanie, totalement désorientée semble progressivement prendre gout. Pendant ce temps, le tueur masqué continue de sévir.
Même si Fragasso tente de brouiller les pistes en essayant de créer la confusion dans l'esprit du spectateur, Axel et le tueur ne font ils qu'un?, l'ensemble est si maladroitement mis en scène que rien ne fonctionne vraiment. On se demande même où il veut réellement en venir. Il développe deux histoires parallèles, celle du violeur prend d'ailleurs assez vite le dessus, mais privé de toute psychologie, ses personnages ne sont que de simples esquisses sans grand intérêt jamais très crédibles. Le film lui même semble être un
brouillon qui va à l'encontre bien souvent de toute logique à l'image des victimes de l'assassin, un homme doté du don d'ubiquité apparemment, qui se jettent dans ses bras chaque fois qu'elles le fuient. Ce ne sont que de simples fantômes que le scénariste a jeté dans l'intrigue afin de respecter l'art du slasher et d'égayer le film de quelques meurtres gore plutôt réussis mais répétitifs. On ne saura rien des motivations du tueur et ce n'est pas la découverte de son identité, guère surprenante, lors d'un final ridicule franchement incohérent qui apportera les réponses. Si les raisons qui l'ont poussé à persécuter cette pauvre Melanie sont encore acceptables même si énormes, pourquoi tuait il d'autres femmes? La question
reste posée. Quant au rebondissement final, s'il est inutile il ne fait que respecter les règles du genre et n'étonnera donc pas. Si Melanie roucoule désormais dans les bras d'Axel, ne cherchons ni le comment ni le pourquoi, le cadeau qu'a apporté le Père Noël à la fille de la jeune femme renferme le masque du meurtrier que la fillette s'empresse de mettre.
Coréalisé avec Bruno Mattei, Non aprite quella porta 3 est certes un film raté, convenu, souvent ridicule, à l'instar des dialogues puérils mais il reste une toute petite distraction horrifique pour soirées pluvieuses d'où surnagent quelques meurtres caoutchouteux sympathiques, un tueur au look agréable, une once d'érotisme morbide à travers les
fantasmes sadomaso d'Axel qui malheureusement échouent à créer une vraie atmosphère sulfureuse et quelques idées disséminées ça et là. On appréciera également de revoir Peter Hooten (Blood commando, Soldat maudit, Tempo di guerra...) qui n'a jamais autant ressemblé à Henry Silva dans la peau du violeur surtout qu'il nous gratifie d'une inoubliable scène en slip franchement drôle. Tara Buckman s'en tire assez bien dans le rôle de Melanie ce qui est loin d'être le cas de Richard Foster, lourd et peu convaincant.
Tout cela est suffisant pour retenir l'attention d'un spectateur peu exigeant mais certainement
pas assez pour en faire un bon film. Hybride entre l'horreur et le thriller psychologique, Non aprite quella porta 3 illustre la fameuse phrase: Aussi vite vu qu'oublié!
Ce sera l'ultime collaboration du duo Fragasso-Mattei qui se séparera par la suite pour divergences d'opinions dit-on, Mattei n'ayant plus les mêmes conceptions que son compère sur le cinéma notamment d'horreur.